Spring will be reborn

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Après toutes les émotions de ces deux derniers jours, je n'ai qu'une envie : me changer l'esprit. Je marche en direction de la plage. Je les vois debout, tous les trois, leurs planches sous le bras et leurs combinaisons enfilées. Je cours me changer et je les rejoins. Grégoire se retourne. Son sourire m'éblouit, une mèche de cheveux lui tombe devant le visage. Il est adorable. 

Ruan et Lou partent au large sur leurs planches tandis que nous restons sur le sable à contempler les vagues. Une brise légère se lève et les vagues se font de plus en plus grosses. Il entoure délicatement mes épaules avec son bras. Je me blottis contre lui. Je me sens rassurée.

- Viens, les vagues sont idéales, me dit Grégoire en me tendant la main. 

Nous nous élançons. L'eau gelée traverse ma combinaison. Les vagues s'écrasent au contact de la planche. Nous nous regardons et rions. Une fois au large, nous rejoignons Ruan et Lou qui discutent allongés sur leurs planches. Ils ont l'air heureux. Nous nous joignons à la conversation qui dure une bonne demie heure. Le soleil se couche progressivement dévoilant un magnifique paysage. Nous continuons de surfer jusqu'à la tomber de la nuit.

Il doit être 20h quand nous nous arrêtons. Ruan et Grégoire décident de faire un feu pour qu'on puisse se réchauffer. 

- Alors....comment s'est passé ton après-midi avec Ruan ?

- Chuuut...Parle moins fort ! A vrai dire plutôt pas mal.

- Pas mal ? C'est tout !?

- Carrément bien en faite... On s'est embrassé avant que vous n'arriviez !

- Ah oui, pas mal effectivement, répondis-je en souriant malicieusement. Et comment c'était ?

- Trop bien ! On était seul au milieu de l'océan...C'était magique ! Nos lèvres se sont rencontrées et un flot immense de sensations m'a envahit ...Il sentait super bon la pêche en plus !!

J'éclate de rire : Lou a le sens du détail.

Les garçons se rapprochent et allument le feu. Quelques minutes plus tard, Lou reçoit un message de sa mère lui disant de rentrer immédiatement. Elle part suivi de Ruan qui prétexte une excuse. Je me retrouve donc, seule, avec Grégoire sans savoir trop quoi dire. Le vent souffle de plus en plus fort. Par chance le feu ne s'éteint pas mais je commence à grelotter.

- Tu trembles...Tiens ça te réchauffera, dit Grégoire en me tendant son sweet. Laisse-moi t'aider à enlever ta combi...

Je le fixe perplexe. Comme si j'allais le laisser faire une chose comme ça ! Je tire donc sur la fermeture qui est dans mon dos mais impossible de la descendre complètement. J'essaie en vain. Je sens son regard amusé. Il prend délicatement la fermeture et la descend. 

- Retourne toi maintenant, gros malin !

- Tu sais, il fait nuit...Mais si ça te fait plaisir...Au cas où un éclair illuminerait le ciel pile à ce moment là...

Il se retourne. J'enlève mon haut et enfile son sweet. Il est tellement grand qu'il me fait une robe. Je décide donc d'enlever la combinaison intégralement et de rester en maillot sous le pull. Je lui dit qu'il peut se retourner. A la vue de son visage, je comprends que quelque chose ne va pas. Je l'interroge :

- Que se passe t-il...Tu boudes parce qu'il n'y a pas eu d'éclair ? Pauvre p'tit chou !!!

Il ne répond pas. Il avance vers moi et me prend par la taille en me regardant tristement.

- Judith, si quelque chose ne va pas, tu me le dirais ?

- Euhhh...Oui évidemment, dis-je prise au dépourvu.

- Alors...commence t-il gêné. Quand j'ai descendu ta fermeture, j'ai vu de grosses marques dans ton dos...Pourquoi ?

Oh non...C'est bien la dernière chose dont j'ai envie de parler. Je réponds brièvement :

-Ça, c'est quand je suis tombée en glissant dans l'escalier hier. Ne t'inquiètes surtout pas, c'est très superficiel. Dans deux jours y'aura plus rien.

Il semble rassuré et me serre contre sa poitrine. Il me chuchote à l'oreille : 

- Mon scoot serait enchanté de pouvoir te ramener...

- Désolée mais mon vélo  va être jaloux...

Nous rigolons en nous faisant la bise. 

- Bonne nuit, Greg.

- Fais de beaux rêves, Ju. 

Je monte sur mon vélo en le regardant partir. Au loin, son scooter résonne dans la ville. Je pédale jusqu'à chez moi et range mon vélo. Mince, les lumières sont encore allumées dans le salon. Je prends donc le chemin le plus sûr pour ne pas être repérée : l'érable. Je grimpe dans l'arbre et lance une pierre à la fenêtre de mon frère. Il l'ouvre :

- Ju mais qu'est-ce que tu fais là ? Il est 21h30 !

- Va donc ouvrir ma fenêtre. Il caille ici.

Je rentre dans ma chambre sous le regard interrogateur de mon frère.

- J'ai été surfer avec Lou et j'ai pas vu l'heure. Les parents ont rien remarqué ? 

- Nop on te croyait dans ta chambre. Bonne nuit, dit-il en fermant la porte. 

Je crois que mon explication ne lui a pas suffi. Tant pis. De toutes façons, mes parents sont tellement occupés avec leur travail qu'ils ne s'aperçoivent même pas de notre présence. 

Je prends une douche rapide et file me coucher. Je jette un coup d'œil à mon portable : un message de Lou me remerciant de l'avoir invitée et un autre de Greg me demandant si le trajet sur mon vélo n'a pas été trop ennuyant. Je lui réponds "en tout cas, moins dangereux que sur un scoot." Je m'endors avec son pull pour oreiller.