Chapitre 4 (Partie 3)

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Mathieu

Je lutte du mieux que je peux pour ne rien laisser paraître. Elle me déstabilise trop putain ! Mais elle ne doit pas le savoir. Je pense que je peux me féliciter d'avoir fait preuve d'un self control aussi puissant quand elle a embrassé Karl. Je continue de la fixer. Elle veut jouer, très bien, j'adore jouer.

C'est vrai que je pensais que ça allait être une soirée tranquille pépère. Mais quand elle a fait son entrée, la voir se trémousser dans cette petite robe moulante... Putain Mathieu t'es irrécupérable mec. Les nanas c'est des connasses qui jouent avec les émotions et tu le sais. Lucie te l'a bien fait comprendre par le passé.

Alors pourquoi je n'arrête pas de supplier dans ma tête cette satanée bouteille pour qu'elle nous désigne tous les deux. Je veux juste qu'elle comprenne qu'elle sera perdante à ce petit jeu.

Bon, le plan pour l'instant c'est juste de la déstabiliser, ok ? Après ce qu'elle a fait devant moi avec Karl, j'ai le droit non ? Je crois même qu'elle aimait la situation en plus. Tu vas voir, je vais te donner autre chose à aimer moi, ne t'inquiète pas. Je continue de la fixer. Elle rougit de plus belle. Ça fonctionne bien.

Karl fait tourner la bouteille. Je discuterai avec lui aussi de ce qu'il s'est passé. Certes, je ne compte pas sortir avec elle, mais elle est à moi et à personne d'autre. Je veux juste m'amuser c'est tout. Après tout, c'est elle qui a commencé, quand elle s'est pointée devant les vestiaires. Karl comprendra.

La bouteille se pointe droit sur moi. Bien, première étape réussie. Petite bouteille, c'est pas le moment de me lâcher, désigne Kaya maintenant, je dois finir ce qu'elle a commencé. Tom relance la bouteille.

Oh merde, elle se fige entre Kaya et Jade. Tom en profite pour balancer une vanne, mais je ne perds pas de temps :

- Je choisis Kaya.

Elle me regarde avec surprise, mais j'aperçois un certain soulagement dans ses yeux. Ne t'inquiète pas, je n'allais pas choisir ta copine, c'est avec toi que je veux jouer.

On se lève et je me dirige vers elle. Ni une, ni deux, je l'attrape par la nuque et l'embrasse ardemment. Ce contact me fait l'effet d'une décharge dans tout mon corps. Je l'entends pousser un petit gémissement qui me provoque une certaine excitation. C'est si bon. Je connais les sensations que procurent un baiser mais là c'est différent. Elle me donne envie de la prendre sur le champ. Je prends mon temps pour goûter ses lèvres qui se révèlent être encore plus délicieuses que je ne l'imaginais. Je laisse aller ma langue à la rencontre de la sienne. Elle montre une demi-seconde d'hésitation puis, vient passer sa main dans mes cheveux pour me rendre mon baiser. Elle gémit de plus belle mais assez doucement pour que moi seul l'entende. Je commence à redescendre sur terre quand je sens qu'une érection commence à pointer le bout de son nez. Doucement ma belle, si tu veux que je m'occupe de toi ce sera dans un endroit plus intime. Je calme mes ardeurs et me dégage lentement. J'aurai aimé continuer mais, pas entouré de cette bande de sauvage qui hurlent comme si c'était la première fois qu'ils voyaient deux personnes s'embrasser de leur vie. On recule d'un pas, ma main toujours posée sur sa nuque, j'affiche un sourire satisfait. Elle en veut plus, je le vois dans ces yeux. On en veut plus... Mathieu fais attention, à force de jouer avec le feu tu risques de te brûler. Elle me regarde avec ses yeux bleus magnifiques, je pourrais presque oublier le plan initial : la déstabiliser et non me déstabiliser.

Contre toute attente, j'aperçois un léger sourire en réponse du mien se dessiner sur ses lèvres. Je décide de le prendre comme son approbation pour ce qui va suivre. On retourne s'assoir et je reçois une petite tape sur l'épaule de Karl qui me lance :

- Eh mec, je savais que tu ne résisterais pas longtemps.

Je hausse les épaules en signe de réponse et l'observe faire tourner la bouteille. Je connais Karl depuis six ans. On se connait grâce à nos parents. Ma mère est très proche de la sienne, elle invitait sa famille chaque été dans notre maison de vacances à Capri. C'est comme s'il faisait partie de la famille. On s'est tout de suite bien entendu. On se raconte tout, on s'appelle souvent et quand on se voit, on kiffe les courts moments passés ensemble. Quand j'ai su que j'emménageais à côté de chez lui et que j'allais dans le même lycée j'étais tellement content.

La partie continue sans que moi ou Kaya ne soyons désignés. Ce n'est pas plus mal, encore une fois et je ne sais pas si j'aurais pu me contrôler.

Une fois le jeu terminé, je la vois se diriger vers le bar avec Jade. Elles s'enfilent trois shots chacune à la suite. Puis elle s'en va seule dans le jardin. Je décide de me servir un verre avant de la rejoindre.

Un whisky coca à la main, je m'avance vers le jardin. Je l'aperçois en train de parler avec un type que je ne connais pas et entends un bout de leur conversation :

- Lâche-moi Théodore j'attends Jade, elle est partie aux toilettes et elle ne va pas tarder à revenir.

- Tu sais pas ce que tu veux Kaya, t'as beaucoup bu, et je sais que tu veux que je reste avec toi. Je t'ai vu embrasser Karl et ce type. À quoi tu joues ? T'es à moi bébé.

Je vois ce mec attraper Kaya par la taille. Elle essaye de dégager sa main, en vain. Je ne prends même pas le temps de réfléchir que je pose mon verre sur une table et choppe son bras pour le dégager.

- Hé, mais qu'est-ce que tu fous, lâche-moi ! S'exclame-t-il dans un mélange de colère et de surprise.

- Barre-toi.

- Ou sinon quoi ? Maman va me gronder ?

- Ou sinon je t'explose la gueule.

Karl et d'autres arrivent par la suite.

- Qu'est-ce qu'il se passe ici ? Lance-t-il, pertinemment conscient de la situation.

- Rien. Ce mec était en train de partir, répondé-je d'un ton ferme.

Karl et les autres se positionnent autour du mec en question pour le dévisager. Celui-ci n'attend pas plus longtemps et s'en va vers la sortie en lâchant :

- C'est pas terminé Kaya...

- Moi je crois que si, affirmé-je du tac au tac tandis qu'il s'éloigne le pas lourd de colère et les poings serrés.

Une fois ce merdeux parti, Karl s'adresse à moi avec une tape sur l'épaule :

- J'te laisse gérer mec.

Je me rapproche de Kaya qui s'était figée.

- Kaya ça va ?

Une expression de soulagement traverse ses iris bleues.

- Oui... Merci ça va.

- C'était qui ce mec ?

- Personne t'inquiètes.

Elle vide la fin de son verre d'une traite et s'en va sans rien ajouter.

Je décide de la laisser tranquille même si mon instinct me crie de la retenir. Mais qu'est-ce qu'il vient de se passer ? Putain j'avais envie de fracasser ce mec. Pourquoi est-ce que dès qu'il s'agit d'elle je suis incontrôlable ? Et qu'est-ce que ce mec lui voulait bordel ? Tout s'embrouille dans ma tête et je me dis qu'il vaudrait mieux que je rentre.

Je rejoins Karl rapidement pour le rassurer et lui dire au revoir, salue les autres et me mets en route.

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