Chapitre 9

3 2 0
                                    

  Le lendemain, John s'ėtait rendu chez Mathilde, la valise prête. Il avait découvert l'appartement vide, porte ouverte et en pagaille. Le stresse montait en lui et en parlant aux habitants de l'immeuble il avait appris la nouvelle. Mathilde était parti. Embarquée et emmenée loin d'ici. On racontait qu'on l'avait emmené dans un camp de travail, d'autre directement dans un camp d'extermination. John voulait rester optimiste, mais il imaginait les pires scénarios. Il passa la nuit à pleurer, complètement saoul essayant d'oublier toute cette histoire. Il s'en voulait tant. Il n'avait pas été là, il l'avait retenu de partir. Il allait la retrouver, il devait le faire.

   C'était bientôt noël, le propriétaire du camp de travail avait donc prévu un dîner avec tous le personnel et d'autres grandes personnes du domaine pour trinquer. La soirée avait commencé depuis une heure environ, les invités venaient, parlaient, mangeaient, toute sorte de mets chic et délicieux. Sur scène, une pianiste jouait les plus beaux morceaux de musique classique. Malgré toute la distraction du public qui pouvait la regarder, elle restait impassible, concentrée sur sa musique. Dès qu'elle eu finit, le directeur fit un discours, souhaitant la bienvenue à tous et toutes. Il descendit de l'estrade sous l'applaudissement des invités et la pianiste reprit son travail. Le directeur prit une coupe de champagne et se fit alors interpelé par homme, grand, jeune, en costard noir.
  - C'est une bien belle soirée que vous avez organisé là.
Le directeur se tourna vers cet homme. Il ne le connaissait pas mais rigola grassement.
  - Oh ce n'est rien. Il faut bien se détendre un peu!
  - C'est vrai! Je me présente, John Cobb. Dit l'homme offrant une poignée de main amicale.
  - Enchanté monsieur Cobb. Que faites vous dans la vie? Demanda le directeur en sirotant sa coupe de champagne moussant.
  - Et bien, j'étais chef d'orchestre, il y a longtemps. J'ai décidé de me diriger dans une autre voix. Alors j'ai repris l'usine à mon père, une usine à munition. Et comme le commerce fonctionne mieux ainsi, j'ai employé des juifs.
  - Mais c'est que vous êtes stratège mon jeune ami.
Le directeur regarda John d'un regard curieux et plein de défi. Ils trinquèrent ensemble, à eux et leurs affaires.
  - Vous étiez chef d'orchestre vous dites? Que dites vous de la préstation de notre cher pianiste.
  - Eh bien j'écoute attentivement depuis mon arrivé et je dois dire que la réalisation est parfaite. Pas une erreur, pas d'accélération ni de décélération...non c'est parfait. Ou l'avez-vous dégoté?
  - Oh mon pauvre, c'est une juive! Vous serez surpris d'apprendre qu'elle est aveugle!
John esquissa un "mais non" hypocrite, faussement surpris. Il contempla la jeune pianiste, émerveillé.
  - Mathilde Line...Un joli spécimen bien au niveau du talent que physique si vous voyez ce que je veux dire!
Le directeur rigola d'un rire gras, écoeurant. John s'efforça à rire, gardant sa colère pour lui.
  Ils continuèrent de parler ensemble, enchaînant les verres, les sujets et les blagues. D'autres hommes les rejoignirent.
  - Je reviens de ce pas, c'est ma tournée! S'exclama John accompagné des rires et des cris de ces compagnons.
Il s'éclipsa et s'avança vers la piles de verres rempli aux trois quart. Il regarda autour de lui, et sortit de sa poche une dizaine de petite pastilles blanches qu'il déposa rapidement dans chaque verre avant de les disposer sur un plateau. Il retourna retrouver ses camarades qui se jetèrent sur la livraison d'alcool qui arrivait. John, lui, pris un verre de whisky au bar et trinqua avec ses amis Un sourire en coin, guettant chaque faits et gestes.
  Les minutes passaient et certains hommes étaient complètement saoul. Ça marchait de travers, rigolait fort et parlait de sujet incongrue en bafouillant. Les femmes riaient de bon coeur et la pauvre Mathilde continuait, depuis maintenant plus de trois heures, a jouer, morceau sur morceau, les doigts tremblants et les poignets brûlants de douleur. John lui, jouait son rôle à la perfection, mais n'arrêtait pas de jeter quelques coups d'oeil à Mathilde. Il se retrouva alors avec le directeur, saoul, et un riche homme d'affaire, lui aussi complètement ivre. Ils parlaient de femmes, de façon macho et lourde. John s'efforçait de rester. L'homme d'affaire ne tarda pas à avouer son coup de coeur pour la jeune pianiste, disant haut et fort sans gêne qu'il en ferait bien quatre heure. Le directeur, qui même ivre pensait affaire, s'approcha de l'homme et lui chuchota non discrètement à l'oreille:
  - Il y a une chambre à l'arrière de la scène, si vous voulez vous amuser un peu, je peux arranger ça.
Les hommes se regardèrent un sourire malsain au coin de lèvres. L'homme aquiessa de la tête, montrant son engouement et le directeur amena ce dernier sur la scène, chuchotant quelque chose à Mathilde. John regardait la scène impuissant. Quand l'homme et Mathilde partirent bras dessus bras dessous, John s'en alla se cacher dans un coin de la pièce en attendant de passer à l'attaque.

Le Chef d'Orchestre Où les histoires vivent. Découvrez maintenant