Chapitre 1

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     Un silence régnait dans la salle. Seul le chef d'orchestre était illuminé d'une lumière blanche. Il leva sa baguette et les violons commencèrent à jouer une musique douce et lente qui avait déjà toute l'attention du public. Elle, attendait, écoutait. Elle savait quand partir, elle savait à la seconde près quand elle allait commencer. La musique résonnait dans sa tête. Son coeur battait au rythme de la musique tel un métronome. Les violons ralentirent. Une seconde suspendue dans le silence et c'était son tour. Un halo lumineux la recouvrit. Ses doigts se balladèrent sur les touches noires et blanches. Ses mains flottaient de droite à gauche du clavier de plus en plus rapidement. Petit à petit, violons, trombones et autres instruments la suivirent  dans une harmonie parfaite. Le piano dominait la pièce embarquant les spectateurs dans un feux d'artifice de note. Tous partaient dans un monde, leur monde. Ils se perdaient au son de cette merveille. Qui pouvait croire que la seul chose que voyait cette pianiste était un marron opaque? Non elle ne voyait pas les robes colorés des grandes dames du public. Non elle ne voyait pas où ses mains se baladaient. Ni les touches, ni le chef d'orchestre ni rien. La musique résonnait en elle et elle savait exactement ce qu'elle faisait. La musique la berçait, même si elle était plus concentrée que jamais: le poids dans sa poitrine était parti loin, dans un autre pays. Ses mains ralentirent petit à petit. La musique se fit plus calme encore et la pièce se termina sur un duo de violon et piano à vous en laissé les poils hérissés. Elle laissa résonner la dernière note laissant place à un torrent d'applaudissements. Pas une faute, pas une. Tous se levaient tandis que l'orchestre saluait, un sourire dessiné sur chacun des visages. Mathilde aussi souriait. Si seulement elle pouvait voir tous ces gens qui l'acclamait. Mais elle ne voyait qu'un brun opaque, encore et toujours. Le bruit des mains qui s'entrechoquaient résonnait dans la salle et elle s'imaginait la grandeur de cet instant, cela lui suffisait emplement.

  Mathilde rangeait ses affaires et s'apprêtait à partir quand elle fut stoppé par quelqu'un. Elle l'avait entendu courir dans sa direction. Il lui attrapa le bras. Elle se retourna et pouvait sentir le parfum de cet inconnu. Un parfum frais mais puissant: un parfum d'homme.
  - Excusez-moi, Mathilde Line je me trompe?
La voix de l'inconnu confirma sa pensée: elle avait bien affaire à un homme.
  - oui oui c'est bien moi, bafouilla Mathilde, à qui ai-je l'honneur?
  - John Cobb, enchanté.
Le fameux John amena la main de la jeune fille vers ses lèvres et l'embrassa. Mathilde sourit et sentit une chaleur imminente lui montée aux joues. Elle s'imaginait déjà rouge comme une pivoine. Elle était de nature timide même si les hommes pouvaient lui courir après. Elle était jeune et belle.
  - Je suis venue vous écouter et je suis resté sans voie. Votre façon de jouer... c'était tout simplement incroyable.
  - Je vous remercie monsieur Cobb.
  - À vraie dire...Je dois vous avouez que je suis venue pour vous voir. Je sais qui vous êtes mademoiselle Line.
L'homme avait un voie assuré, charismatique. Mathilde se trouva vraiment troublée.
  - Je sais que vous venez de sortir du concervatoir de Paris, et je sais surtout que vous êtes un génie qui mérite d'être entendu par tous. John prit une grande inspiration avant de déclarer, écoutez, je suis chef d'orchestre dans l'orchestre de Paris et je vous pense excellente pour la pièce que je vais réaliser pour une grande soirée organisé dans un an. Vous maîtrisez les pièces de Chopin comme personne je...j'ai besoin de vous.
  - Attendez une seconde...Vous me proposez de jouez pour l'orchestre de Paris? Je suis confuse, je suis jeune pianiste, je connais des personnes bien plus compétantes que moi avec plus d'expérience! S'exclama Mathilde complètement déboussolée. Elle venait de rencontrer cet homme, peut être était-il un psychopathe qui lui tendait un piège. Elle restait méfiante même si au fond d'elle, elle faisait déjà entièrement confiance à cet homme qui venait de réaliser son rêve. Elle ne savait pas bien pourquoi, peut être une intuition.
  - Ne soyez pas si modeste mademoiselle Line. Je vous ai entendu, plus d'une fois. Vous êtes la seul à vivre autant la musique que vous jouez et c'est ce qui fait tout votre talent.
  - Monsieur Cobb...Vous savez pour mon handicap?
  - Évidemment, Mathilde sentit l'homme se rapprocher d'elle, je vous trouve encore plus intriguante. Ce que vous faites est juste incroyable.
L'homme s'écarta et sortit son agenda de sa poche. Il feuillta les pages tandis que Mathilde restait complètement immobile, comme paralysėe. Déjà que dans sa tête les idées et les émotions se chamboulaient sans cesse mais là, elle se sentait infiniment chanceuse.
  - Rejoignez moi mardi au café des délices à dix heures. Il se trouve au coin de la rue. Nous pourrons discuter calmement de votre carrière. Sur ce mademoiselle, je suis attendu.
Il réembrassa délicatement le dos de la main de Mathilde avant de disparaître. Mathilde carressa sa main un sourire au coin des lèvres. Sa carrière? L'orchestre de Paris? Elle ne savait pas si elle rêvait, si elle était tombé sur Dieu mais ces mots résonnaient en elle. Elle voulut crier, chanter mais elle s'abstenut. Ce n'était pas l'endroit pour faire cela.

Elle monta dans son taxi se remémorant les moindre détails de cette discussion. Le conducteur essayait, maladroitement, de discuter avec sa passagère, en vain. Ses réponses étaient sèches. Elle aimait bien discuter même aux inconnus, mais ce soir elle voulait juste écouter le bruit du silence, bercé par les doux mots de John Cobb. Le taxi s'arrêta et elle descendut de la voiture. Habituellement, monter les quatres étages de son immeuble à minuit était une véritable épreuve. Mais ce soir, son corps flottait, elle se sentait tellement légère. Elle tâtat sa porte d'entrée afin de trouver la serrure. Elle referma la porte derrière elle et se laissa tomber comme une pierre dans son lit. Son appartement était assez petit mais cela lui suffisait emplement pour elle seule. Avec son handicap, il était idéal. Elle en connaissait chaque recoin à présent. Elle s'endormit le sourir aux lèvres en un rien de temps guidée par ses pensées et ses rêves.

Le Chef d'Orchestre Où les histoires vivent. Découvrez maintenant