Chapitre 8

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  Elle se sentait complètement vide. Ses oreilles bourdonnaient, elle avait arrêté de se débattre. À quoi cela servait? Elle était comme une puce entre les mains de deux géants. Vulnérable. Elle espérait au fond qu'il arrive. Comme à chaque fois, qu'il la sorte de son cauchemar et la sauve. Mais la vie est injuste. Elle se laissait faire, traînant des pieds. Son corps pesait une tonne, elle n'avait pas la force, elle n'avait plus la force. Ils l'embarquèrent à l'arrière d'une voiture. Elle sentait les regards de pitié et de détresse des passants. Les femmes qui cachaient les yeux de leurs enfants devant ce fantôme tiré de sa vie.

  Les hommes avaient frappé à la porte. Mathilde retenait son souffle tant elle voulait passer inaperçu. Une deuxième fois, une troisième et cette fois un des homme parla. Il demanda si quelqu'un était là. Évidemment elle ne répondit rien. L'homme continua:
- Si vous n'ouvrez pas nous devrons enfoncer la porte madame, à vous de décider.
Mathilde alla se cacher à pas de loup sous son lit. Elle entendit l'homme compter de trois à un en chuchotant. Il donna trois bon gros coups d'épaules avant de réussir à faire voler la porte en éclats. Mathilde entendit les hommes parcourir son appartement, chacun d'un côté. Un finit par rentrer dans sa chambre, évidemment. Son coeur battait aussi fort, elle croyait que l'homme pouvait l'entendre lui aussi. L'homme fit le tour de la chambre, ouvrit les armoires et alors qu'il allait quitter la chambre il s'arrêta. Il regarda le lit s'accroupi. Il vit alors une jeune femme couchée à plat ventre sous le lit, tremblant de la tête au pied. Il ne voyait pas son visage qui était enfoui dans la moquette, mais il l'imaginait. Doux, jeune mais triste, apeuré. Il se releva sans un bruit et décida d'alerter son patron sans faire un bruit. Mathilde, elle, croyait avoir gagné. Elle souffla, soulagée. A peine elle eu le temps de soufflé qu'elle sentit qu'on lui attrapa le poignet. On la tira de sous le lit d'un coup sec et violent. Elle criait, pleurait, donnait des coups dans le vide, battait des pieds. Les hommes lui tenait les bras, un de chaque côté. Ils l'insultaient, lui criait d'arrêter de gigoter. Elle se demandait si ces hommes était réellement bête ou si il le faisait exprès. Ils descendirent les étages de l'immeuble et c'est une fois arrivé au pied de celui ci que Mathilde s'avoua vaincu.
  Une fois attaché dans la voiture, les hommes démarrèrent. Ils parlaient, rigolaient. Mathilde avait tant de haine en elle. Elle se concentra un peu plus sur l'endroit dans lequel elle se trouvait. Elle entendait des respirations courtes, des présences. Elle n'était pas la seule dans ce pétrin. Personne ne parlait, complètement sous le choc. Elle laissa tomber son corps contre la voiture et essaya de se calmer. Ça ne servait plus à rien de pleurer. Elle s'en voulait, en voulait à John de l'avoir arreter dans sa fuite d'il y a deux jours. A cet instant elle serait déjà loin de ce cauchemar.

  Le trajet fut assez long, Mathilde en déduit une trentaine de minute. La voiture s'arrêta et les trois hommes la firent sortir, elle et les trois autres personnes qui l'accompagnaient.
  - En rang! Ordonna un homme d'une voie grave.
Mathilde entendit les autres courir pour se ranger mais elle, elle ne voyait rien. Elle resta plantée là, la tête baissée attendant déjà à sa mort. Elle sentit l'homme se rapprocher d'elle et se pencher à quelques centimètres de sa tête.
  - J'ai dit, en rang. Dit calmement l'homme.
  - Je suis aveugle monsieur.
Il se releva, regardant ses camarades aussi surpris que lui. Apparemment ils n'en savaient rien. Mathilde aimait bien les ridiculiser, les rendre bêtes. Ils peuvent savoir votre religion mais même pas votre handicap qui est pourtant, assez flagrant pour son cas. L'homme attrapa le bras de la jeune pianiste et l'emmena vers une destination inconnue tandis que les autres hommes se chargeaient du reste de l'équipage. Après s'être éloigné de quelques mètres l'homme s'arrêta et se tourna vers Mathilde.
  - Comment t'appeles-tu? Demanda-t-il en sortant un calepin de sa veste. Il feuilltait les pages, traversait les noms.
  - Mathilde Line.
L'homme s'arrêta sur son nom, rien n'était stipulé sur son handicap. Il referma le calepin en soufflant bruyamment.
  - Qu'est ce qu'on va faire de toi. Ici, c'est un camp de travail forcé pas un hôpital psychiatrique!
Mathilde ne savait quoi dire. Elle hallucinait. D'une on allait forcer les juifs à travailler, ils étaient donc esclave, mais non seulement il venait de comparé son handicap à une maladie mentale. Elle sentait sa colère grimper mais elle ne voulait rien laisser paraître. Elle n'était pas folle, elle ne voulait pas mourir. Elle se rassura en se disant que ces hommes étaient déjà bien bêtes pour travailler dans ce genre d'endroit donc il ne fallait pas espérer une parole intelligente de leur part.
  Il fallait agir. Si elle était bonne à rien, elle finira par rejoindre sa grand-mère, là haut, et elle se l'interdisait. Soudain elle eu une idée, au point où elle en était autant tenté le coup.
  - Je suis pianiste. Je joue pour l'orchestre de Paris. Je pourrais jouer pour vous.

Le Chef d'Orchestre Où les histoires vivent. Découvrez maintenant