Chapitre 4

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Il ne retourna pas tout de suite dans la petite librairie. Il hésita même à lui préférer Fleury et Bott mais quand il y mit un pied pour essayer, il se sentit submergé par le bruit, la foule qui le bousculait et l'odeur du livre trop neuf. Il en ressortit rapidement et rentra chez lui sans acheter de livre. Il en avait quelques uns d'avance et il relut même celui qu'il avait acheté en double. Il se dit qu'il pourrait très bien l'offrir à sa mère mais qu'elle l'avait peut-être déjà lu. Il ne prit pas le risque.

Bill lui reprocha d'être parti si vite l'autre fois mais il n'insista pas. Percy n'arrivait pas à savoir s'ils avaient parlé de lui avec la libraire. Il ne pouvait pas poser la question directement, ça aurait été suspect. Alors il n'était pas retourné à la librairie et Bill était finalement parti en France, avec son pull bleu et son nouveau pantalon qui lui allaient si bien, comme la plupart des choses qu'il possédait. Percy n'avait pas retouché non plus à sa nouvelle veste. Elle était bien posée sur un cintre dans son armoire et moins il la voyait, mieux il se portait. Elle lui rappelait l'énième désastre de sa vie.

« Persévérez ! »

Parfois, il entendait la vieille lectrice de la librairie lui répéter ces mots dans sa tête mais il ne s'en sentait pas le courage.

Les jours passaient et il sentait comme un trou se former dans sa poitrine. Il avait l'impression d'être en manque. Comment faisait-il avant ? Il ne se souvenait plus très bien, il avait tout fait pour oublier l'avant.

Il retourna finalement à la petite librairie, il ne résista plus, la curiosité était trop forte. Mais il y alla un peu à reculons, il avait une peur infinie de voir que l'étudiant était toujours là, tout près de la libraire, trop près d'elle. Mais quand il passa la porte, un peu timidement et déjà rouge, il ne le vit pas. Audrey était assise derrière la caisse et devait faire des comptes. Elle releva la tête en entendant la cloche tinter et son sourire était toujours aussi beau. Percy esquissa un sourire, en entendant la voix de son frère dans sa tête qui lui disait que « avec un sourire, ce serait mieux. » 

Il fila directement vers ses rayons préférés et prit quelques livres. Il monta les petits escaliers, surtout pour vérifier que l'étudiant n'était pas encore assis à la table, avec un thé, comme si c'était chez lui. Il descendit rapidement et hésita un instant avant de foncer tête baissée vers la caisse. Il posa sa petite pile de livre et n'osa pas regarder la jeune femme qui s'était redressée pour les prendre un à un. Elle souriait toujours doucement mais ne fit aucun commentaire sur son absence inhabituelle. Avait-elle seulement remarqué cela ? Elle lui tendit sa pile de livre et il posa l'argent sur le comptoir.

« Merci. »

Il marmonna et se précipita dehors. Sur le chemin, il regarda de plus près les livres qu'il venait d'acheter et refit le calcul dans sa tête du prix. Elle s'était trompée. Il s'arrêta en fronçant les sourcils et refit la somme de tous les prix. Il avait payé beaucoup moins cher que ce qu'il n'aurait dû. Puis il fronça encore plus fort les sourcils, ce qui fit descendre ses lunettes sur son nez. Il y avait un livre en trop. Un livre qu'il n'avait pas payé. Il fit demi-tour. Arrivé à nouveau dans la petite librairie, il posa les livres sur le comptoir et releva d'un geste nerveux ses lunettes sur son nez. Il toussota. Elle était encore en train de faire ses comptes mais n'avait pas remarqué qu'il était de retour. Quand elle le vit, elle sourit.

« Vous avez fait une erreur, je n'ai pas acheté ce livre. »

Il enleva le premier livre de la pile et lui tendit, essayant autant que possible de ne pas détourner le regard, ni trembler. Elle souriait toujours autant et secoua la tête.

« Ce n'est pas une erreur, c'est un cadeau de la maison. »

Sa voix était trop douce, il avait peur de ne pas avoir compris. Elle se leva, prit le livre qu'il lui tendait et le replaça sur la pile. Il sentit un frisson le parcourir. Sa main avait été si près de la sienne pendant quelques secondes, elle dégageait une douce chaleur, comme son sourire. Un cadeau, ce n'était pas son anniversaire.

Percy lisait des romans d'amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant