119 - At War

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— Nili ne répond pas. Vlad Tepes non plus.

James Lindsay reposa le combiné antique au mur. Il avait tenté, vainement, de joindre le vieux voirloup ainsi que le strigoï car la situation était catastrophique. Nerveux, Oscar se passa une main dans les cheveux. Il fit une grimace écoeurée : ils étaient gras, avec toute cette effervescence il ne les avait pas lavés depuis un bon moment.

— Abaddon Tahir savait-il que vous aviez leur numéro ? s'étonna le poète.

— Bien sûr que non, soupira le majordome. Mais je savais que cela deviendrait utile lorsque le jour viendrait. Comment cela se présente-t-il avec madame ?

— Sophie ? Elle a passé un monumental savon à l'une des Amazones. La plus âgée.

— Ah, vraiment ?

— Oui. Elle l'a empêchée de partir, lui a interdit de se rendre sur place pour faire cesser les événements. La plus jeune l'a mal pris mais Colibri a passé une soufflante extraordinaire à la plus vieille à la place. Ce fut mémorable, vraiment.

— ... et si je vous reprends à tenter de vous tirer, je vous apprendrai comment extraire un cerveau d'une boite crânienne sans ajouter la moindre lésion à l'encéphale.

— Espèce de...

— Lyssa, suffit !

Maura, la plus âgée des Amazones, s'interposa face à sa fille qui, les narines palpitantes, s'apprêtait à attaquer Sophie, dont les joues rosies s'étaient couvertes de tâches de rousseur.

— Les humains ne peuvent rien contre nous, crâna Lyssa en levant le menton en guise de défi.

— Ils peuvent si peu contre vous que toutes les races de l'univers s'assemblent actuellement dans l'espoir de contrer leur menace ! rétorqua Sophie qui brûlait de se lever pour faire front. Non mais rassurez-moi vous avez ouvert un livre d'Histoire, en rentrant de votre entraînement de bodybuildeuse ?

— Pas suffisamment, semble-t-il, gronda Maura en coulant une œillade de menace à sa fille. Tais-toi, fillette ! répéta-t-elle d'une voix tonnante. Cette femme a raison, écoute-la.

— Mais...

— Pourquoi crois-tu que nous avons fui devant le danger ?! C'est elle qui nous a sauvées, elle seule !

Lyssa se mordit l'intérieur des joues, porta le regard sur la lance que Sophie lui avait subtilisée mais ne répondit pas.

De son côté, le père Erika, qui avait aidé Ludmila à transporter Mickaël Aleksey à l'étage, se tenait en haut de l'escalier, accoudé à la rampe. Tout en lui le poussait à vouloir partir mais il avait aussi regardé les informations : un cratère dans lequel un brasier ardent était apparu dans un hameau anonyme non loin du gouffre de Cabrespine. Les drones des médias ne pouvaient approcher trop près sans que leurs circuits fondent ou sans qu'ils soient abattus par une force invisible. Les hélicoptères des chaînes d'informations et de l'armée faisaient du sur-place mais les pilotes rapportaient des anomalies majeures sur leur tableau de bord et l'un d'eux avait failli perdre le contrôle en tentant de se rapprocher de trop près du hameau. Certains journalistes parlaient également de mines anti-personnel : deux voitures de gendarmerie envoyées sur place avaient sauté en tentant également de pénétrer dans le hameau. Les hypothèses les plus folles couraient tant sur les réseaux sociaux que sur les chaînes d'info en continu. De nombreux corps avaient été repérés, encore chauds selon les images thermiques qui avaient fuité, mais pas suffisamment pour que l'on les considère vivants. Le plus étrange était la présence de deux personnes près du cratère : l'un d'eux semblait porter un costume de Batman et l'autre était suspendu au-dessus du cratère, attaché sur ce qu'un journaliste américain avait appelé un « pont-de-singe ». Le terme était repris dans le monde entier. Le pauvre Karl Erika s'en arrachait les cheveux : toutes ces découvertes en si peu de temps, c'était trop pour lui ! Et cette petite médecin-légiste qui semblait bénéficier d'une force inhumaine... Erika choisit de rester discret, dans l'ombre, pour observer. Il se forgerait un avis par la suite.

Vampire Consultant 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant