124 - The King beneath the mountain

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Trois jours plus tard, Grande Chapelle du lycée privé Sainte Geneviève

Sophie avait attendu en bas des marches de la petite chapelle, vêtue de noir. Ludmila lui manquait en cet instant précis, mais l'Israélienne était restée à la villa de Tahir – qui brillait par son absence, bien entendu. L'infirmière avait accepté de rester au chevet de Mickaël, Shushan et d'Akane. Tous trois allaient mieux, même si l'état de chacun demandait plusieurs soins par jour. Akane inquiétait Colibri et Romanov plus que les autres par son état psychique.

Le père Karl Erika avait réussi, en cette période de vacances scolaires, à obtenir un accès privé à la chapelle d'un lycée jésuite vidé de ses occupants. La petite assemblée qui s'était réunie pour célébrer les funérailles discrètes du père Masuma et de Traian Mormânt ne serait pas dérangée ou observée par le moindre intrus. Le prêtre, lui-même jésuite, avait accepté de célébrer la cérémonie, non sans avoir exigé auparavant de rencontrer Radu Draculea. Personne ne sut en quelles circonstances se fit cette entrevue, mais elle eut lieu sous un secret presque plus grand que celui d'une confession. Jusqu'au bout, les personnes qui étaient venues accompagner Traian et Gabriel dans leur dernière demeure avaient douté de la présence de Radu, mais il était présent avant tout le monde, près du petit cercueil blanc fermé qui contenait le corps de son fils. Les mains jointes, assis sur le premier banc face à l'autel, il parlait au père Erika à voix basse, sans regarder l'humain. Personne n'avait osé s'approcher. Nili, accompagné d'une ambassade, était arrivé en avance et avait choisi de s'adresser à Mircea Draculea, présent et agenouillé devant l'un des bancs qui se situaient à droite de l'autel surélevé sur une large dalle. L'immense strigoï avait senti le vieux voirloup s'agenouiller à ses côtés et avait juste secoué la tête :

— Non. Vos voirloups peuvent rester, mais pas vous. Vous avez tué l'un de mes frères, je ne vous laisserai pas offenser mon cadet. Allez là-bas, avait-il ajouté avec un coup de tête en arrière, désignant une petite porte qui menait vers les couloirs de l'administration du lycée. Allez vous mettre dans le couloir, si ça vous chante.

— Merci.

Mircea avait retenu le vieil alpha aux traits tirés par la manche.

— C'est Radu qui a dit ça. Si ça tenait qu'à moi, vous auriez déjà pris un banc sur la tête pour vous refaire une bonne fois pour toutes le portrait.

— Je sais.

Nili, le cœur débordant de chagrin et de honte, alla traverser le seuil de la petite porte. Il s'agenouilla et ne bougea plus. Ses voirloups, de grands guerriers rasés de près et au costume impeccable, prirent place dans l'église. Ils furent rejoints par plusieurs Vanes – Malavaïana à leur tête –, deux Svartalfar qui furent reçus par des regards assassins et qui gardèrent une réserve pudique, l'ensemble des Kadyirua qui s'étaient présentés chez Sophie, quatre Amazones, Ukr l'orcys et quelques intimes d'Oana et Mihai Mormânt, appartenant pour beaucoup au Petit Peuple et ayant pris une apparence humaine.

Sophie Colibri, elle, attendait toujours dans le froid mordant, étonnée d'avoir reçu de la part de chaque visiteur de sincères condoléances. Karl Erika la rejoignit en trottinant :

— Je vais commencer, votre ami Radu m'a dit qu'il ne souhaitait pas attendre davantage.

— Dites-lui que je dois régler juste un détail et que...

— Il sait que vous attendez son frère, lâcha le père Erika en secouant tristement la tête. Il dit qu'il ne souhaite pas attendre.

— Vlad m'a suppliée de l'attendre ici, il va arriver d'un instant à l'autre !

— Radu est calme, à l'heure actuelle. Je ne suis pas convaincu que voir son frère soit une très bonne initiative, confia alors le jésuite. Il a besoin de paix et son frère cherche un pardon qu'il est bien trop dangereux de demander.

Vampire Consultant 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant