Bodypump [KatsuDeku]

#19 Pas à pas.

DEKU

J'ai à peine mis les pieds dans la cuisine qu'il sort de la chambre, les cheveux en bataille. Je voulais lui préparer un petit-déjeuner pour lui faire une surprise, avant qu'il me parle du yoga, car je tiens à faire cette séance avec lui. Il se pose contre le frigo, m'empêchant de l'ouvrir et il croise les bras. Il est plutôt matinal, je dois dire. Pourtant, il n'est que huit heures du matin. Je dois tout de même avouer que je ne sais pas s'il est content ou dépité. Ses yeux plissés qui me dévisagent ne s'accordent pas avec son sourire espiègle. Il m'avait manqué celui-là.

- Tu comptes faire quoi ?
- Un repas digne de ce nom pour notre séance de yoga.
- Laisse-moi faire, je sais parfaitement ce que nous devons manger pour cette séance.
- Je croyais que tu n'aimais pas faire la cuisine, lui rappelai-je.
- Ça a changé...
- Je peux t'aider ?
- Mets donc la table et prépare un sac avec une grosse gourde d'eau froide, un linge et un tapis de sol, si tu as. Et mets-toi en tenue de sport confortable.
- À vos ordres, professeur.
- Tsh !

Je sais qu'il sourit, car il se retourne pour plonger la tête dans le frigo. Je le retrouve un tout petit peu et c'est ce que je voulais le plus. J'essaie de faire en sorte qu'il reprenne sa vie d'avant, car c'est le seul moyen pour qu'il retrouve ses repères et qu'il redevienne comme avant. Je ne souhaite pas revoir le type harcelant que j'ai rencontré, mais il me manque tout de même un peu. Alors, je ferai tout mon possible pour l'aider. Quant à moi, je vais essayer de reprendre le sport à mon rythme, dans l'espoir que tout aille bien. Ce n'est pas impossible de vivre avec un poumon, mais pas drastique non plus. Je dois y aller plus doucement et surtout entraîner mon endurance, sans dépasser mes limites.

- Katchan, on passera chez toi avant ? Et on peut faire la séance là où je t'ai retrouvé ?
- Ce n'est pas la porte à côté, mais si tu veux, on peut le faire.
- On doit aussi prendre soin de tes plantes.
- Ouais, je n'ai pas remis les pieds chez moi depuis un bail, soupire-t-il.
- Tu as peur de retourner là-bas ? Demandai-je en picorant dans mes oeufs brouillés.
- Nan ! Rit-il nerveusement. Pour qui me prends-tu, insolent ?
- Ne joue pas à ça avec moi, l'ordonnai-je en prenant sa main dans la mienne.
- Je ne veux plus jamais me retrouver seul, finit-il par m'avouer. C'est... C'est pire que tout.
- Dis-moi si je vais trop vite. Arrête-moi si je dépasse les bornes.
- Crache le morceau, Deku.
- J'aime te retrouver, souris-je en caressant sa joue.
- Alors ?
- Viens vivre ici.

Il s'étouffe avec son repas, mais s'en remet assez vite, en toussant beaucoup par la suite. Il me regarde avec de grands yeux avant de reprendre une gorgée d'eau. Il s'essuie la bouche, regarde autour de lui, sans doute un réflexe pour voir s'il y a de la place, alors qu'il y en a largement.

- Même avec l'histoire de ton ex ?
Je ne m'attendais pas à ce genre de réponse. En réalité, je n'avais même pas pensé au passé.
- On s'en tape de lui. On parle de toi et moi.
- Et si on se sépare pour je ne sais quelle raison ?

Je crois que je comprends les peines de Shoto et son impatience. Katsuki restera toujours méfiant et apeuré par le passé. Mais je ne suis pas Shoto, je suis Izuku, et même si dois passer ma vie à rassurer Katsuki, je le ferai, car je tiens à lui, bien plus qu'à mon ex, bien plus que n'importe qui.

- Pourquoi en arriver là ?
- On ne sait jamais.
- Et si c'est le cas, tant pis, on trouvera des solutions. Mais je peux te garantir que ça n'arrivera jamais ! Ou du moins, je ferai tout mon possible pour que ça n'arrive pas.
- Comment fais-tu pour être aussi confiant ?
- Je t'aime, n'est-ce pas suffisant ?
- Les autres aussi m'aimaient.
- Mais savaient-ils tout sur toi comme moi, je sais ? Lui demandai-je pour essayer de lui clouer le bec.
- Non.
- Alors, tu vois ? Je n'ai pas fui et je n'ai pas l'intention de le faire, même avec tout ce qui s'est passé.
- Et si moi, je veux partir ?
- Tu as envie de partir ?
- Non !
- Alors pense à maintenant et ne pense pas à l'avenir. Avançons pas à pas, main dans la main, à un rythme soutenu. Veux-tu venir vivre avec moi ? Répétai-je finalement.
- Évidemment !