𝖈𝖍𝖆𝖕𝖎𝖙𝖗𝖊 𝖚𝖓

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Yoongi marche dans la rue, sa capuche rabattue sur son crâne. Les mains dans les poches, il jette régulièrement des regards autour de lui, pour s'assurer que personne ne le suive. Une mèche verte se balance devant ses pupilles noires, et il sourit légèrement. Le jeune homme aime les jours de pluie et, aujourd'hui, il pleut. Les gens sont maussades, ont hâte de rentrer chez eux pour se mettre au sec. Mais pas lui.

Son sweat est trempé, et le tissu est démarqué au niveau de son dos et de ses épaules. Il avance courbé pour cacher un maximum son visage. Même s'il porte un masque, Yoongi ne veut pas prendre de risques. Il risque gros, encore, à se promener aussi innocemment dans les rues. Parce qu'il n'est pas qu'un simple habitant de Séoul.

À vrai dire, le coloré est passionné par tout ce qui touche à l'illégal. Drogues, courses de voiture, vols, cambriolages, armes à feu ou blanches... Pourtant, même s'il a un goût pour l'interdit, il reste du bon côté de la ligne. Pas de meurtres, pas de viols... il a tout de même une conscience. Et celle-ci l'empêche de tuer le reste d'humanité qu'il possède.

Ses poings enfoncés dans les poches de sa veste en cuir élimée, Yoongi s'arrête devant une façade de bijouterie. Contrairement aux autres commerces, celle-ci reste ouverte, même s'il n'y a pas de client à l'intérieur.

Bien. Cela fera moins de témoin contre lui.

Le jeune homme sent le poids de l'arme contre son ventre. Il l'a glissé dans sa ceinture avant de partir de chez lui. C'est... au cas où ça se passe mal. Il n'a pas l'intention de blesser le commerçant, juste de piquer deux ou trois bijoux et de vider la caisse. Comme d'habitude.

Il pousse la porte et entre à l'intérieur. Une jeune femme tient la boutique, et sourit en le voyant entrer. Par ce temps-là, il n'y a jamais beaucoup de clients.

 Bonjour ! s'exclame-t-elle. Que puis-je faire pour vous ?

Le vert lance un rapide coup d'œil aux quatre coins de la boutique, sans répondre à la question de la femme, qui hausse les sourcils. Elle s'apprête à répéter sa question, un brin agacée, mais se fige lorsqu'elle voit que le nouveau venu dégaine une arme.

Yoongi tire deux fois en tout, chaque balle dirigée vers les deux caméras de la boutique. Puis il pointe le canon vers la caisse, avant de lever la tête, les yeux étincelants.

— Sortez du comptoir, siffle-t-il.

Paralysée, elle bredouille quelques phrases incompréhensibles, mais bouge rapidement lorsque l'inconnu répète en criant :

 Restez-là et bougez pas ou je vous flingue. Pigé ?

Elle hoche rapidement la tête, effrayée, et garde les mains en l'air. Avec habilité, Yoongi saute au-dessus du comptoir avant d'attraper un sac en-dessous de la caisse, et de vider cette dernière. Il y a un bon pactole, en tout.

En gardant toujours un œil sur la présence féminine qui l'observe, il fait rapidement les comptes de son braquage. Il brise sans état âme l'une des vitrines et fait glisser dans le même sac plusieurs colliers et bracelets.

Vous n'allez pas me faire de mal, pas vrai ? murmure la patronne.

Ferme-là, grogne-t-il.

Le coloré la foudroie du regard, hors de lui. Il bascule le sac sur son dos, et glisse l'arme dans son pantalon. La jeune femme le regarde toujours, les mains tremblantes. Ses yeux se sont écarquillés lorsqu'elle a vu les nombreux tatouages sur ses mains pâles et osseuses. De vraies mains de pianiste.

Peut-être que Yoongi serait devenu un artiste si ses parents l'avaient poussé dans le droit chemin.

Un éclat de lumière bleue et rouge dehors attire soudainement son attention. Agacé, il lance un regard à sa montre et constate qu'il est resté sept minutes dans la boutique. Deux minutes de trop, visiblement, puisqu'une voiture de police vient de se garer devant la bijouterie.

T'as déclenché l'alarme ? crache-t-il, hors de lui.

— Non, je vous le jure ! se défend la jeune femme.

— Sale conne, jure-t-il.

Une silhouette qu'il connaît que bien pousse la porte à son tour, avant d'entrer dans le magasin. L'air las, il s'appuie contre la vitre et croise les bras sur son torse. 

Ses cheveux ondulés qui retombent devant ses yeux, ses pommettes sont hautes et ses yeux sont d'une jolie couleur écorce. Il fait froid dehors et pourtant, l'officier porte un uniforme aux manches courtes, qui dévoile ses larges biceps.

Encore toi, Yoongi ? souffle le policier en penchant sa tête sur la droite. Tu n'as pas encore retenu la leçon ?

Il faut bien que je gagne ma vie, agent Jung, ricane Yoongi en ôtant sa capuche.

Ses doigts agrippent son masque noir et il le baisse sur son menton, dévoilant un petit nez et des lèvres roses. Il possède une peau très blanche, peut-être même trop blanche, en fait. C'est une pâleur maladive.

— Dépose ce que tu avais l'intention de voler, et présente-moi tes poignets. Je t'embarque au poste.

Avec un long soupir, le jeune homme pose le sac au sol, avant de sortir son arme et de la poser également à ses pieds. Puis il tourne le dos à Jung, avant de lui montrer ses poignets. Ses pupilles noires montrent clairement son ennui et sa lassitude.

Des mains chaudes enferment ses poignets frêles dans des menottes en fer froid, avant que l'une d'entre elles ne se pose sur son épaule et le dirige vers la porte, sous le regard effaré de la jeune femme, qui n'a pas bougé d'un pouce.

 Au fait, madame, reprend l'officier dans sa direction avec un léger sourire, vous souhaitez porter plainte ?

Elle secoue la tête, incapable de parler.

— Très bien. Bonne fin de journée.

Puis Jung le fait sortir de la boutique. Il pleut toujours, et certaines gouttes sont éclairées par les phares de la voiture. Contrairement au vert, le policier a la peau miel, brillante. Il n'a pas de tatouage, ni de piercings. 

Avec douceur, le brun l'incite à grimper à l'arrière de la voiture, avant de fermer la portière. Son regard s'attarde sur le fessier bombé du policier, avant de laisser promener ses pupilles sur le paysage derrière la vitre. Bien qu'ils n'aient pas encore bougé, le coloré a besoin de regarder le monde extérieur.

— Tu ne veux toujours pas m'expliquer pourquoi tu voles des gens honnêtes ? soupire l'officier en le regardant par le rétroviseur.

— Non.

 Alors je te mets en garde à vue.

— Ça n'est ni la première, ni la dernière fois, ricane le voleur en agitant ses poignets menottés.

Il a pris l'habitude de sentir les menottes en fer autour de sa peau. Avec le temps, la froideur de l'objet ne lui fait plus rien. C'est presque comme une partie de lui.

Lorsqu'il était encore gamin, il s'imaginait artiste, ou alors écrivain, ou encore mieux, tatoueur. Il adorait dessiner, graver des souvenirs sur la peau. Sa gorge se serre lorsqu'il se rend compte que le gamin qu'il avait été serait sûrement déçu en voyant comment il a fini, aujourd'hui.

shadow like me | sopeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant