Mon coeur bat super vite à l'écoute du récit. Je n'ose pas imaginer l'état dans lequel se trouvait mon amie en voyant son client venir à sa rencontre.
- Il t'a parlé ? Il t'a dit quoi ? Il t'a invitée à sortir ? Raconte ! J'en peux plus !
- Mais Anne, je voudrais te raconter mais tu ne me laisses pas en placer une !
- Ok, ok, je me tais. Raconte !
- Donc, le voilà qui sort de l'ascenseur et qui regarde directement la réception. Nos regards se croisent, et il me fait un sourire tout mignon, un peu timide, tu vois...
- Oh là là , j'imagine !!
- Il s'approche, ma collègue qui le trouve canon me bouscule à moitié pour l'accueillir.
- Oh, la pétasse !
- Ah ben ça... Bon après, il est tellement beau que je comprends, j'aurais fait pareil à sa place !
- J'imagine trop la scène ! Ensuite tu lui as fait un croche-patte pour qu'elle dégage ?
- Non, je n'ai même pas eu besoin. Il est arrivé droit devant nous avec son beau costume bleu. Il marche comme un félin, t'as juste envie de te transformer en gazelle et à terminer entre ses griffes ! Il est d'une élégance, je te jure ! Je n'ai jamais vu un mec aussi beau ! Et qu'est-ce qu'il sent bon !
Elle a les yeux qui brillent. C'est limite flippant de la voir aussi accro à un type qu'elle connaît à peine. Et là, je pense à Louis et je me dis que ce n'est pas si déconnant que ça, tout compte fait.
- Il est comment, d'ailleurs ? Tu dis toujours qu'il est beau, mais beau comment ?
- Il est parfait, Anne ! Parfait ! Il est grand, élancé sans être maigrichon, des yeux gris un peu en amande, un nez parfait, fin comme j'aime quelques tâches de rousseur et des cheveux roux clairs.
- Ton bel inconnu est... ROUX ????
- Roux clair, pas roux écureuil !
- Mais, Gaby, roux c'est roux !
Je suis écroulée. Tant par la découverte de la nuance « roux écureuil » pour des cheveux humains que par celle, plus surprenante, des goûts capillaires de ma meilleure amie. Gaby prend alors quelques minutes pour m'expliquer précisément la différence entre un roux écureuil et un roux-blond vénitien. Il va vraiment falloir que j'arrive à voir ce type en vrai, elle a piqué ma curiosité ! Gaby reprend, très sérieusement, le fil de son histoire :
- Donc, il arrive, ma collègue et moi, on est là, plantées, l'une à côté de l'autre, presque à se donner des coups de coude et il me fixe droit dans les yeux et me dit « Bonjour, Gabriela. Je suis heureux de vous voir ». Là, j'ai piqué un fard et ma collègue s'est éloignée.
- Elle a dû être super vexée !
- Mais carrément ! En tout cas, il m'a tendu un petit papier et m'a murmuré « Je repars ce soir. J'aimerais beaucoup passer un moment avec vous. C'est mon numéro, appelez-moi, s'il vous plaît ».
- Oh putain ! C'est dingue ! Tu lui as répondu quoi ?
- J'étais hyper gênée, et le temps que je trouve un truc à dire, il avait déposé sa clé et son papier sur le comptoir et était déjà rendu dans la porte tournante de l'entrée. J'ai vite attrapé le papier et j'ai passé ma matinée à me demander ce que j'allais bien pouvoir lui dire.
- Au fait, tu ne m'as jamais donné son prénom ! Je suppose qu'il ne s'appelle pas juste « Beau client ! »
- Il s'appelle Olaf.
Je manque de recracher mon café en explosant de rire. Elle fronce les sourcils et m'annonce avec un air vexé que c'est pour ça qu'elle ne m'a jamais communiqué cette info. Elle savait que j'allais me moquer. Elle me connaît bien !
- Mais, c'est le prénom du petit bonhomme de neige dans la Reine des neiges !
Je suis tellement hilare que je pleure de rire. Face à moi, Gaby tente de garder son sérieux mais je la vois se dérider au fur et à mesure que mes gloussements s'intensifient. Nous restons quelques minutes à rire sans pouvoir articuler un mot. Des larmes coulent sur nos joues, les muscles de nos gorges commencent à nous faire mal à force d'être contractés. Mon Dieu, que c'est bon de rire au point de ne plus rien contrôler ! J'ai l'impression que ça ne m'est pas arrivé depuis des années. Finalement, on se calme tranquillement et on réalise que tout le restaurant nous regarde. Certains rient aussi, il paraît que c'est contagieux ! D'autres semblent agacés que l'on vienne interrompre aussi bruyamment leur conversation. En tout cas, nous, on se sent bien, comme si cette hilarité avait balayé à elle toute seule des mois de stress et de fatigue.
- Bon, et donc, ton petit bonhomme de neige, tu l'as appelé ? Je lui demande en essayant de garder mon sérieux, cette fois.
- Eh bien justement, je n'ai pas pu ! Quand je suis sortie du travail à 15:00, je tremblais comme une feuille. J'ai voulu attraper le papier dans ma poche,mais il est tombé et là, juste avant que je le ramasse, un camion de pompiers est passé à toute vitesse sur la rue et mon papier s'est envolé.
- Oh non ! Gaby !
- Il a volé jusqu'au caniveau plein de flotte, j'étais à deux doigts de le récupérer et il est parti dans les égouts.
- C'est pas vrai ! Ma pauvre !
- J'en ai pleuré !
- Oui j'imagine...
Gaby m'explique ensuite que dès le lendemain, une fois en service dans son palace, elle a regardé dans la fiche client d'Olaf si elle trouvait son numéro. Pas de chance, toutes les réservations étaient effectuées par son assistante et aucune donnée personnelle ne figurait dans le fichier. Elle a travaillé plusieurs jours là-bas, la mort dans l'âme, guettant les réservations entrantes dans l'espoir de pouvoir le revoir.
Il lui a fallu attendre lundi dernier pour voir Olaf franchir les portes de l'hôtel. Il s'est enregistré auprès du collègue qui était en binôme avec elle, la fuyant du regard. Puis il s'est dirigé vers l'ascenseur, et Gaby, prise par une impulsion désespérée, a couru à travers le hall pour l'y rejoindre, sous les yeux éberlués de son collègue.
- C'est pas vrai ! T'as osé ! Je suis tellement fière de toi ! Il a dit quoi ?
- Je crois qu'il a eu peur en me voyant traverser la pièce pour le rejoindre. Je ne lui ai pas laissé le temps de parler. Les portes se sont refermées et je lui ai expliqué que j'avais voulu l'appeler mais que son papier s'était fait la malle dans les égouts.
- Il t'a crue ?
- Oui, il devait bien se douter que je n'allais pas venir m'enfermer dans un ascenseur pour lui mentir.
- Pas faux. Et alors ? Il s'est passé quoi ?
- Il m'a souri, il a pris un crayon dans la poche de son costume, il a attrapé ma main et a noté son numéro dessus. Il m'a dit qu'il était en rendez-vous toute la journée du lendemain, mais qu'il serait ravi de m'inviter à dîner.
- Oh là là ! C'est tellement romantique ! T'as dit oui, hein ?
- Oui. J'ai pris son stylo dans sa main et je lui ai aussi noté mon numéro de téléphone.
- Mais c'est génial ! T'es mon héroïne ! Je suis tellement fière de toi !
- Et ce n'est pas tout... Quand on est arrivés à son étage, il a repris ma main, l'a embrassée et il est parti vers sa chambre.
- Tu l'as rejoint ?
- Anne, enfin ! Je te rappelle que j'étais au boulot !
- Oui, pardon... je m'enflamme un peu...
- Tu t'enflammes totalement, oui !
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Le Soleil De Ma Vie
Romance- [ Terminé ] 33Chapitres. Je m'appelle Anne, je suis sage-femme. Mon boulot, c'est ma vie. Je vis presque dans l'hôpital où j'exerce le plus beau métier du monde. Quand je n'y suis pas, je passe mon temps libre avec Gaby, ma voisine de palier en p...