Le bateau me contourne. Fabien a un petit sourire en coin. Je suis sûre qu'il a vu toute la scène dans son rétro. Le reste du groupe s'amuse de me voir encore à l'eau. Je reste à distance. Me voilà fesses nues dans un lagon et j'en viens à regretter que l'eau soit si transparente.
Je crie à Fabien que j'ai envie de nager un peu.
« Continuez sans moi ! Je vais rentrer à la nage ! ». Le bateau repart à toute vitesse, je croise juste le regard interrogateur de Gaby avant de me retrouver seule à trois-cents mètres de la plage. Il va falloir que je trouve une stratégie pour regagner le rivage avec rien en bas.
Si on était dans les Bronzés, j'aurais pris des algues. Mais point d'algues dans le coin. Je sens les larmes monter. Me voilà à poil au milieu du lagon. Tout à coup, quelque chose vient effleurer ma cheville. Manquerait plus que je me fasse bouffer par un requin. Je panique, regarde dans l'eau et là, un miracle se produit. Ce traître de bas de maillot qui tente de rentrer au bercail navigue tranquillement entre mes mollets. Je l'attrape, l'enfile tant bien que mal et commence à nager jusqu'à la rive, plus que soulagée.
Quand, enfin je regagne la plage avec un air détaché, Gaby se précipite sur moi. L'équipe m'a surveillée depuis la plage. Fabien a passé le flambeau à Philippe qui a scruté ma lente traversée aux jumelles. Je rends mon gilet de sauvetage à Philippe en essayant de garder la tête haute, et drapée de ma grande serviette et de ma honte, je vais m'écrouler sur une chaise longue et m'endors.
*****
Voilà déjà quatre jours que nous sommes arrivées. Bien évidemment, mon histoire de maillot a fait le tour du club. Maintenant, Fabien annonce qu'un maillot une pièce est idéal pour cette activité ou bien qu'on peut venir avec un short. Je sens les yeux moqueurs de l'animateur à chaque fois que je le croise. Il a vu toute la scène dans le rétroviseur du bateau. Et au lieu de s'arrêter pour m'aider, il m'a laisser aller jusqu'au bout pour voir jusqu'où mon orgueil allait me mener. Je le déteste avec ses grands airs de Gentil Organisateur alors qu'en fait c'est un sale gamin tout pourri.
Gaby, trouve que j'exagère d'en vouloir à ce point à l'animateur. Il vient d'arriver au club, il apprend. Soit. Mais j'apprécierais qu'il évite d'apprendre en laissant des clientes se ridiculiser au milieu du lagon.
Depuis cet épisode, je fais une cure de sommeil. Je dors sur la plage quand on n'est pas en train de siroter un cocktail au bord de la piscine ou bien de participer à des cours privatifs de tennis. Je dors le soir quand, directement après les animations du dîner, je rentre me coucher. Même les splendides levers de soleil sont passé à la trappe. Je mets un réveil à 10:00 pour ne pas louper le petit déjeuner. Des années de travail, de stress et de responsabilités qui s'envolent dans de longues siestes réparatrices.
J'espère simplement que Gaby ne m'en veut pas de me reposer autant. L'hyperactive avec laquelle elle a décollé il y a quelques jours s'est changée en une espèce de neurasthénique qui pique du nez dès que la digestion se met en marche. Elle est installée au bord de la piscine, une grenadine à la main et une gaufre recouverte de chantilly sur les genoux.
— Bon appétit, ma Gaby !
Elle relève la tête, surprise de me voir debout alors que nous sommes sorties de table il y a à peine une heure.
— Merci ! Tu ne te reposes pas ?
— Non. Justement, je voulais te parler de ça. Je suis désolée, je sais pas ce que j'ai, j'arrête pas de dormir depuis notre arrivée.
— Pourquoi tu t'excuses ma cocotte ? Si tu dors, c'est que tu en as besoin !
— Oui mais pendant ce temps là, on n'est pas ensemble.
— Anne, regarde-moi. Tu trouves que j'ai l'air malheureuse ?
Je vois mon amie différemment avec son bronzage de rêve, son verre rempli de liquide rose et son énorme gaufre. Effectivement, c'est un peu présomptueux de ma part d'avoir pu penser que sans moi à ses côtés vingt-quatre heures sur vingt-quatre, elle serait malheureuse.
— Non, effectivement, tu es radieuse ! Je commence à être un peu plus reposée, je pense que j'aurai bientôt récupéré tout mon sommeil en retard.
— Tant mieux, ma belle ! Tu sais, j'ai sympathisé avec plein de gens !
— Ah bon ? Qui ?
— Il y a Gilles et Martine, qui ont fait de la banane avec nous. Et Marcel est très sympa aussi !
— Ils sont en couple ?
— Non, juste très bons amis. Gilles est gay et Martine vient de se faire larguer. Ils vivent à Londres...
— Mais tu connais déjà toute leur vie !
— Oui, on a discuté hier après le tournoi de tarot !
Je ne sais pas si c'est du lard ou du cochon.
— Tu sais y jouer ? C'était quand ce tournoi ?
— Oui, bien-sûr ! C'était hier soir, après le spectacle des animateurs ! C'est Marcel qui m'a proposé. Il est tellement adorable ce petit papy, impossible de lui dire non !
Effectivement... pourquoi dire non ?
— Si tu le dis...
— Tu vas les adorer ! Ils sont dans notre groupe demain, pour l'ascension de la Soufrière.
— Euh... oui, j'ai hâte !
Comment lui dire que je n'ai pas envie de me faire de nouveaux amis, ici ? Je suis venue avec elle pour un séjour sympa entre copines, pas pour repartir avec quinze nouveaux contacts sur Facebook. Surtout que ce Marcel m'a l'air d'un vieux vantard qui veut se faire mousser à la première occasion. Moi qui me faisais une joie de relever ce défi de grimper au sommet du célèbre volcan avec ma meilleure amie, je commence à regretter de m'être inscrite.
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Le Soleil De Ma Vie
Romance- [ Terminé ] 33Chapitres. Je m'appelle Anne, je suis sage-femme. Mon boulot, c'est ma vie. Je vis presque dans l'hôpital où j'exerce le plus beau métier du monde. Quand je n'y suis pas, je passe mon temps libre avec Gaby, ma voisine de palier en p...