Chapitre 16

3 0 0
                                    

— Bonjour à tous ! J'espereu que vous avez bieng dormi ! s'époumone Philippe dans le hall d'entrée du club.

— Un petit café n'aurait pas été un luxe, lance l'intrépide Marcel.

— Oui, oui, Marcel, tout est prévu, vous vous doutez bieng qu'on ne va pas vous laisser paretir avé le ventreu videu !

— Putaing, heureusement que Philippe ne vieng pas avé nous, je murmure à Gaby qui pouffe de rire.

— Vous serez répartis dans trois quatreu-quatre ! Ils vous conduirong jusqu'au parking, en bas du volcang. Ensuite, ça sera à pied. Fabieng et les deux autres chauffeurs vous distriburong les sac à piqueu-niqueu sur place. Je vous invite à aller prendre uneu petiteu collationg avant de prendreu la routeu. Je dois filer, belleu journée à tous ! N'oubliez pas la protectiong solaire avé les casquettes !

Direction la salle de restaurant. Marcel ouvre la marche. Vêtu d'un polo Ralph Lauren blanc, d'un bermuda beige et de chaussettes de tennis dans des sandales de rando, il a un look assez inédit. Surtout avec son k-way accroché comme un sac banane autour de sa taille. Il a beau m'agacer, je trouve qu'il a au moins le mérite d'être hyper dynamique dans les activités qu'il choisit.

Du café, du jus de fruits et quelques croissants et nous voilà à nouveau sur le parking, face aux véhicules tout-terrain qui vont nous emmener. Fabien charge des grosses caisses isothermes à l'arrière des bolides. Je me penche pour l'aider.

— Merci, mais je peux le faire ! me dit-il d'un ton légèrement sur la défensive.

— Je sais, mais je peux t'aider ! Je déteste regarder les gens s'activer et ne rien faire.

Il relève la tête et me sourit.

— Je comprends, je suis un peu pareil. Mais ici, on n'a pas le droit de laisser les clients porter des charges. Si tu te blesses, on aura des ennuis.

— Ah, OK, je comprends... Désolée...

— Non, je crois que c'est moi qui te dois des excuses pour l'autre jour...

Je ne saisis pas tout de suite à quoi il fait allusion. Puis mes yeux s'arrondissent au fur et à mesure que les siens se plissent pour s'empêcher de rire.

— C'est rien, oublie. J'ai été idiote de vouloir tenir à tout prix sur cette connerie de banane !

— Non mais j'ai un aveu à te faire. C'est à l'arrière que que ça bouge le plus...

— Mais tu as dit le contraire sur la plage !

— Oui... c'est une sorte de bizutage qu'on fait à nos touristes. Je suis désolé... J'aurais préféré que Marcel tombe à l'eau !

— Vous êtes de sacrés enfoirés ! je lui réponds en pouffant de rire.

— Pour ma défense, il faut que tu saches que tu es la première à perdre ton maillot !

— Ah, mais je ne fais jamais les choses à moitié, mon cher Fabien. Mais sache que ça se paiera...

— Je n'en doute pas ! Si ça peut te consoler, je me suis fait passer un savon par Philippe en revenant à la plage. « Putaing, Fabieng ! Tu es cong ou tu le fais exprès ? Tu laisseu pas la petiteu à l'eau commeu ça, enfing ! ».

— Tu l'imites super bien. Se faire engueuler avec un accent pareil, ça doit être traumatisant !

— Tu n'imagines pas à quel point ! Bon, je suis pardonné ?

— Juste si tu me promets que tu ne prépares pas de sale coup aujourd'hui !

— Promis !

On se fait un check sous les yeux interrogateurs de Gaby et de Marcel qui, bien évidemment, ne peut s'empêcher de réagir :

— Allez les tourtereaux, on n'est pas là pour roucouler mais pour grimper !

Après nous avoir mis bien mal à l'aise, il grimpe dans un quatre-quatre sans poser de questions. Avant que je puisse la retenir, je vois Gaby s'engouffrer à son tour dans le véhicule. Je me retrouve à l'avant et vois Fabien qui vient s'installer au volant. Il me fait un clin d'oeil et me chuchote :

— Tu verras, à l'avant, ça ne remue pas trop !

Après une bonne trentaine de minutes de route, nous nous engageons sur une piste un peu poussiéreuse et accidentée en pleine forêt. Le véhicule roule sur un nid de poule, et nous sautons tous sur nos sièges. Ça a au moins le mérite de faire taire Marcel qui n'a cessé de commenter les paysages pendant tout le trajet. Je n'ai volontairement pas répondu pour qu'il ferme sa bouche, mais Gaby, trop gentille, a poussé le vice jusqu'à lui poser des questions sur ses autres voyages !

Enfin, le véhicule ralentit, et s'arrête devant une barrière. Fabien laisse le contact et quitte la voiture. Il revient deux minutes plus tard accompagné d'un guadeloupéen d'une cinquantaine d'années qui nous salue et lève la barrière. Les deux autres véhicules nous suivent et nous nous garons sur ce qui semble être un parking privé.

— Gooooooo ! crions Gaby et moi, plus motivées que jamais.

Je prends mon amie à part et lui demande si on peut éviter de se coltiner Marcel pendant l'ascension du volcan. Elle fronce un peu les sourcils mais hoche la tête.

— On pourra aller avec Gilles et Martine, ils ont l'air sympa !

Bon... visiblement, il va falloir être sociables...

Démarre alors une longue marche. Les premiers mètres sont assez simples. Le sentier est facilement identifiable grâce à ses gravillons. C'est assez plat, si c'est comme ça jusqu'en haut, ça va être nickel. Avec mes chaussures de rando flambant-neuves achetées avec Gaby chez Sport Addict, je vais grimper ce volcan facilement.

Derrière, j'entends Gaby qui est déjà en pleine conversation avec la fameuse Martine. Je me demande bien ce qu'elles peuvent se raconter. Je ralentis pour entendre la conversation :

— Ah, ouais ? Londres ? Je rêve d'y aller ! Vous y êtes depuis longtemps ?

— Une bonne dizaine d'années. Au début, c'était pour quelques mois, mais finalement, on est restés là-bas. Et vous, vous êtes d'où ?

— Paris. On vit sur le même palier, c'est comme ça qu'on s'est rencontrées.

— Vous faites un joli couple.

— Pardon ?

— Toutes les deux, vous êtes un joli couple. Vous allez bien ensemble !

— Euh... Mais on n'est pas... enfin, on est juste amies...

Je pouffe de rire et accélère pour fuir les questions et les gaffes de notre compagne de voyage. Je me retrouve finalement à hauteur de Marcel, juste derrière Fabien. Gaby doit déteindre sur moi car je me sens obligée de trouver quelque chose à dire :

— Et donc, Marcel, tu es de quel coin ?

— J'ai un pied-à-terre du côté de chez ma fille en région parisienne, mais je voyage beaucoup. Et toi, tu es d'où ?

— Je vis à Paris depuis six ans, mais je suis bretonne.

— Ah, ces bretons ! Toujours ce besoin de se différencier des autres !

— Comment ça ?

— Ton « Je suis à Paris MAIS je suis bretonne » est édifiant, non ?

— Il n'est pas pire que ton « Je suis en région parisienne MAIS je voyage », si ?

— Ne mélange pas tout ! Le breton est fier comme un paon, il veut toujours se démarquer. C'est fatiguant à la fin !

— Eh bien, Marcel, c'est charmant comme approche ! Tu as une dent contre les bretons ou quoi ?

— Mais non, mais non... une vieille rivalité, tout au plus...

— Marcel ?

— Quoi ?

— Tu ne serais pas Normand, par hasard ?

— Gagné, la bretonne ! Tu veux une galette saucisse pour fêter ça ?

— Tu as un sacré sens de la répartie. Tu étais commercial ?

— Pourquoi « étais » ?

Zut...

Le Soleil De Ma VieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant