Tant besoin de toi - Hinny

Chapitre 8 - Se reconstruire

- Hermione !
L'élève de Gryffondor apparut au pas de la porte du dortoir.

Ginny était debout, devant son miroir. Elle tenait de sa main droite sa chemise remontée au niveau de sa poitrine. Sa main gauche était posée sur son ventre qu'elle caressait doucement.

- Tu ne trouves pas que... Que mon ventre s'est arrondi ? Murmura la petite jeune femme aux cheveux roux.
Hermione eut un petit rire.
- Oh attend Gin', je vais chercher la loupe et je reviens !
Ginny soupira.
- Ce n'est pas drôle Mione ! Allez, sérieusement, approche !

La brune aux cheveux bouclés fit quelques pas en direction de son amie. Elle réalisa qu'en effet, le petit ventre de Ginny formait un léger arrondi.
- C'est vrai que... Ça commence !

La rouquine se jeta dans les bras de sa meilleure amie, et s'écria :
- Je vais être maman, nanananère euh !
Puis elle desserra son étreinte et sortit du dortoir en s'exclamant :
- Je m'en vais de ce pas écrire une lettre à Harry ! Je suis certaine qu'il va être ravi.

Hermione laissa à son amie son instant de joie, mais elle comprit immédiatement ce que signifiait l'apparition de ce petit bidon. Ginny allait devoir affronter le regard des élèves et des professeurs. Elle allait devoir annoncer la nouvelle à toute l'école.

On était en novembre. Après avoir passé une semaine chez ses parents, Hermione, comme tous les élèves de Poudlard, était rentrée au château. Elle y avait trouvé Ginny, qui avait pu rester avec Harry pour se reposer suite aux sombres événements qui lui étaient arrivés.

Aujourd'hui, la jeune fille, âgée de 17 ans, allait mieux.  Elle était toujours marquée par la mort de son frère et l'inondation du Terrier, mais elle était parvenue à prendre du temps pour elle et pour se calmer. Parfois son chagrin remontait d'un seul coup et Hermione entendait ses sanglots à travers les rideaux de son lit, mais quelques minutes plus tard, Ginny se ressaisissait. Elle se sentait déjà plus légère maintenant qu'elle avait obtenu le soutien de ses parents et de son petit ami. Pendant la deuxième semaine des vacances, Harry et Ginny s'étaient longuement entretenu avec le professeur Mc Gonagall. Celle-ci avait eu au début un air sévère, comme pour leur montrer sa désapprobation. Puis elle s'était montrée plus rassurante. Après tout, Ginny et Harry étaient tous les deux majeurs. Le futur papa avait prit soin de convaincre la directrice de sa présence, et surtout de lui montrer qu'il avait conscience de ses responsabilités. Il en avait profité pour demander à son ancienne professeur de métamorphose de veiller sur sa petite amie pendant son absence.

Il avait obtenu de rendre visite fréquemment à Ginny, les deux jeunes adultes auraient droit à quelques heures tous les deux une fois de temps en temps. Pour ce qui était de la fin de l'année, ils adjugeraient en temps voulu. Tant que la future maman était bien, elle était chargée de s'avancer le plus possible, c'est pourquoi elle avait passé les dernier jours de ses vacances à réviser les cours de la première période. Le professeur Mc Gonagall avait indiqué à Ginny que cette dernière annoncerait sa grossesse à l'école lorsque cela commencerait à se voir. La directrice avait en revanche tenu à prévenir les professeurs elle-même. Certains avaient bien réagi, d'autres moins. Et l'élève de Gryffondor avait pu remarquer des changements dans le comportement de certains professeurs.

Ginny avait également eu rendez-vous pour sa première échographie. Elle y était allée seule. Harry avait eu une urgence au ministère, car son mentor avait besoin de lui. Tout allait bien, et la rouquine était sortie avec de jolies images.

~*~

Harry était installé dans son petit appartement, situé non loin de la cabine téléphonique qui permettait de se rendre au ministère de la magie. Il n'avait pas beaucoup d'espace mais le logement avait l'avantage d'être chaleureux, et bien placé.

Allongé sur son lit, il pensait aux dernières choses passionnantes qu'il avait apprises pour piéger un ennemi public. Soudain il entendit un bruit. Un hibou toquait à sa fenêtre. Harry se leva et alla ouvrir. L'oiseau tenait dans ses pattes un parchemin roulé et fermé par un ruban rose. Le jeune homme devina de qui venait la lettre et déroula le parchemin d'un air joyeux.

Il se rassit sur son lit pour lire les mots de sa bien-aimée.
Celle-ci lui racontait qu'elle avait le ventre arrondi. Harry posa sa tête contre son oreiller, et il se perdit dans ses pensées.

Depuis qu'il avait appris qu'il allait être papa, le brun à lunettes n'avait eu le temps de se poser véritablement. Il y avait eu cette inondation, puis le malaise de Ginny. Harry était resté avec elle, dans un moment qui semblait être une parenthèse, pendant une semaine et demie à Poudlard. Puis il était rentré et avait été très pris par sa formation. Il avait passé plusieurs nuits dans la salle commune des apprentis Aurors au ministère (quelques lits étaient prévus à cet effet).

Il avait gardé la tête haute bien sûr, pour rassurer ses proches et surtout montrer à Ginny qu'il était là. Mais en réalité, il appréhendait un peu. Après avoir passé son adolescence à chercher le calme, il allait maintenant être papa. C'était comme si le temps lui avait ôté une partie importante de sa vie. Comme ça il ne connaîtrait pas les soirées arrosées, les weekends sous la tente, les vacances avec sa petite amie, avec pour seule occupation de l'aimer.

Dans le même temps, il était heureux. Heureux de se construire une famille. Qu'auraient pensé ses parents ? Lily aurait-elle été fière de lui ? Se serait-elle bien entendu avec Ginny ? Harry se rassurait, il savait que ses parents l'accompagnaient toujours, où qu'il aille, quoi qu'il fasse, et qu'ils acceptaient ses choix. Il aurait aimé qu'ils soient là pour lui à ce moment précis. Qu'ils l'aident à prendre les bonnes décisions. Sur qui Harry allait-il prendre exemple pour élever son propre enfant ? James aurait certainement pu l'aider pour cela. Lily aurait probablement préparé de bons gâteaux pour le goûter, Ginny aurait râlé parce que c'est plein de sucre tout ça ! Mais leur enfant aurait gazouillé, entouré de ses proches qui l'aimaient.

Mais pour cet enfant ce ne serait pas comme ça. Cet enfant ne connaîtra jamais ses grands-parents, et son père ne serait même pas capable de lui parler d'eux en détails. Bien sûr il en avait entendu parler par beaucoup de sorciers. Mais il n'avait pas eu la chance de se souvenir d'eux. James et Lily lui manquaient. Tous les jours Harry avait une pensée pour eux. Son enfant ne connaîtra pas non plus son oncle, Fred, qui aurait pu beaucoup l'amuser.

Une larme roulait sur la joue du sorcier, et il ôta ses lunettes. Harry contemplait le plafond, et repensa à toutes ces personnes qui avaient perdu la vie en défendant la même cause que lui. Toutes ces personnes qui avaient été assassiné pour le bien de tous. Toutes ces personnes qui manquaient tous les jours à des parents, des frères et sœurs, des enfants.

Ce fut la première fois que Harry douta. Aussi fort soit-il, il était bien tôt pour avoir un enfant. D'autant que son fils naîtrait dans un monde pas encore complètement reconstruit après une guerre ravageuse. Alors Harry se posa la question. Était-il vraiment heureux, ou n'était-ce qu'une impression qu'il essayait de se donner ?