Chapitre 10 - Absence

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De gros flocons blancs tombaient du ciel, et certains, déviés par le souffle du vent, venaient s'écraser sur la fenêtre de la salle de classe. Les élèves, comme toujours, avaient le regard rivé sur cette première chute de neige de l'année.

Le professeur Mc Gonagall commençait à s'impatienter.
- Je sais, c'est un très joli spectacle, mais ne m'obligez pas à fermer les rideaux. On a pas de temps à perdre. Miss Weasley ! Je vous prie, un peu de concentration. À quoi pensez-vous ?
- Oh, sûrement au prénom du futur bébé, ricana un élève de Serpentard.

Ses camarades explosèrent de rire sous les regards exaspérés des élèves de Gryffondor, Serdaigle et Poufsouffle, qui soutenaient Ginny de tous leurs cœurs.

En effet, dans l'ensemble, les écoliers de Poudlard avaient bien pris la nouvelle. Amusés par la situation, ils posaient beaucoup de questions et donnaient une attention particulière à Ginny, mais les intentions étaient bonnes. Un débat courait tout de même, quant-à l'âge des futurs parents. Certains trouvaient qu'avoir un enfant à dix-sept et dix-huit ans n'était pas si choquant, tandis que d'autres trouvaient cela très prématuré.

Après s'être évanouie, Ginny avait été conduite à l'infirmerie. Un élève de sixième année de Poudlard s'était levé pour demander qui était le père. C'est Hermione qui lui avait répondu bien fort, afin que tout le monde puisse l'entendre.

De toute évidence, l'idée que Ginny soit enceinte non pas de n'importe qui, mais de l'Élu, ne faisait que grossir l'intérêt que les étudiants - et bientôt certainement tout le monde des sorciers - portaient à cette affaire.

Car la presse n'allait pas tarder à être informée de la nouvelle, et Hermione attendait avec appréhension la Gazette du lendemain matin. On était le lundi six décembre et Ginny avait annoncé sa grossesse le samedi quatre au soir.

La rouquine se posait beaucoup moins de question que sa copine. Elle était partagée entre la joie d'attirer tant de bonnes intentions et de répondre aux questions quand à son futur bébé, et la tristesse de n'avoir toujours pas reçu de réponse de Harry. Mais elle laissait toujours ses émotions la guider et n'avait certainement pas encore pensé au fait que le monde entier allait bientôt être au courant de sa grossesse.

La directrice de l'école et professeur de métamorphose tira Hermione de ses pensées.
- Monsieur Jorkin, ce genre de remarque me semble inappropriée. Et je souhaite que votre petit groupe là, cesse d'avoir ce genre de comportement par rapport à cette nouvelle, certes bouleversante, mais aussi très joyeuse, que vous avez appris samedi.

Ginny se leva.
- Professeur, ne vous inquiétez pas pour moi, je n'ai guère besoin que l'on me défende. D'autant que les remarques de ce pauvre Jorkin ne me touchent pas.
L'élève de Serpentard bondit de sa chaise.
- Qu'est-ce qu'elle a dit là ?! Je te permet pas de m'insulter de pauvre, sale rousse. Je n'ai pas de leçon à recevoir d'une gamine de dix-sept ans qui se fait engrosser par le premier venu.

La courageuse Gryffondor rougit et la colère résonna dans sa voix.
- Harry n'est pas le premier venu ! Hurla-t-elle.
- Ha oui, et où est-il, Potter ? Oh, nulle part ! Il s'est envolé ! Mais bon, cela ne m'étonne pas de ce grand imbécile. Toujours là pour fuir ses responsabilités.

Ginny aurait bien voulu répliquer, mais elle ne pouvait s'enlever de la tête que Jorkin avait peut être visé juste. Harry n'avait toujours pas donné de nouvelles. Alors elle s'assit, honteuse, et une larme perla sur sa joue. Elle s'efforça de retenir les autres qui s'apprêtaient à suivre.

- Ça suffit, déclara le professeur Mc Gonagall. Mademoiselle Weasley, je ne vous défend pas, j'essaie simplement de conserver une paix générale dans mon établissement. Jorkin, vous viendrez me voir à la fin de l'heure. Mademoiselle Weasley, pour vous être emportée, je retire quinze points à votre maison.

L'élève de Serpentard hérita de deux heures de retenue.

Le repas de midi fut vite avalé par Hermione et Ginny. Cette dernière avait besoin de tranquilité après l'incident du matin et avait tout mis en œuvre pour fuir les mots rassurants de ses camarades de dortoir, Ashley et Lucy.

Mais alors qu'une foule de cheveux roux s'échappait par la porte de la Grande Salle, quelques hiboux entrèrent dans la pièce.
L'un d'entre eux laissa tomber une enveloppe qui atterrit dans l'assiette d'Hermione. Surprise, celle-ci la décacheta et fut soulagée en reconnaissant la signature finale. Harry lui avait répondu !

La jeune femme prit la lettre dans son sac et alla à la bibliothèque, où elle put lire les mots de son ami en toute tranquillité.

"Ma tendre Hermione,

Quelle joie de recevoir un courrier de ta part ! Je me plais bien à ma formation, j'étais loin de m'imaginer que les études m'amuseraient autant. Tu me connais je n'ai jamais été particulièrement scolaire. Nous apprenons toutes sortes de choses, comment se camoufler, se défendre, attaquer sans achever (ça ce sont mes cours favoris), mais on étudie également un peu le droit et la société.

Me voilà heureux de voir que tu n'as pas changé. Ta détermination ne peut que t'être favorable. Par ailleurs, je ne m'inquiète aucunement quand à l'obtention de tes ASPICs !

Hermione, je vois qu'une fois de plus, tu m'as très bien compris. J'ai besoin de me remettre des évènements passés avant d'attaquer celui à venir. En effet je me pose des questions, je doute, je suis tourmenté. Ne pense pas que j'ignore ma chère Ginny, que je l'abandonne. Lorsque j'ai reçu sa lettre, dans laquelle elle m'annonçait que son ventre s'arrondissait (quelle joie !), mes idées se sont embrouillées dans mon esprit, j'avais comme perdu tout mon courage. J'ai souffert les quelques jours qui suivirent et je me suis dit que je souhaitais attendre de me remettre avant de répondre à Ginny.

Je n'ai pas honte, ou peur d'évoquer mes tourments avec elle. Ne crois pas que je fais trop le "dur". C'est une tout autre raison qui me pousse à garder mes doutes passagers pour moi. Hermione, Ginny aussi a vécu des choses extrêmement difficiles. Bien qu'elle se montre toujours courageuse, forte et motivée, tu n'es pas sans savoir qu'elle a en elle encore beaucoup de tristesse et de questionnements. Je ne souhaite pas la fragiliser avec mes propres soucis. D'autant que je sais que le temps répondra à mes questions. Dès lors que je me sentirai prêt j'écrirai à Ginny. En attendant rassure-là, sois là pour elle. Je ne me sens pas encore la force de la rassurer et d'être son pilier. Mais je sais que ça viendra.

En tous cas, nous nous voyons tous au Terrier pour les vacances Noël, et quelque chose me dit que ce sera un bon moment !
Bises,

                                           Harry"

Hermione se sentit soulagée. Son ami n'avait pas abandonné sa bien aimée ! Joyeuse, elle courut vers la salle commune des Gryffondor, gravit quatre à quatre les escaliers qui menaient au dortoir des filles et ouvrit la porte.

- Gin' ! Harry m'a répondu !
Larmoyante, la rouquine leva la tête.
- Tu as la lettre ? Je veux voir ses mots à lui.

Prise au dépourvue, Hermione n'eut d'autre choix que de tendre à sa meilleure amie le parchemin qu'elle avait dans la main.

Ginny le parcourut du regard.
- Pourquoi est-ce qu'il veut toujours me protéger comme ça ! S'exclama la jeune femme.
- Parce qu'il t'aime.  Répondit Hermione.
- Et puis Noël ! Noël ! Il va donc lui falloir trois semaines pour se décider à reprendre son rôle de futur père en main !
- Ginny, s'il te plaît. Tu peux le comprendre non ? Ce qu'il a vécu...
- Mais j'en ai marre moi de toujours devoir faire des efforts pour comprendre mon copain. Je ne suis pas responsable de son passé !

Tant besoin de toi - Hinny Où les histoires vivent. Découvrez maintenant