Chapitre 6

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Isabelle s'endormit dans son grand lit après avoir longuement tournicoté dedans. Le Roi l'avait mis en avant comme un bovin présenté à la foire et cela avait rendu les courtisanes vertes de jalousie ! 

Voilà qu'à cause de Louis XIV, la jeune fille avait toute la cour à dos ! 

Elle n'en pouvait plus de ce monarque qui se croyait tout permis ! Mais peut-être était-ce le cas... 

C'était l'autorité suprême. Personne ne le remettait en question... 

L'adolescente dormait d'un sommeil agité lorsqu'elle se réveilla en sueur, suite à un grincement de porte léger.

Ce n'était pas Marie. Isabelle en était sûre. 

Elle ne pipa mot et regarda la silhouette s'avancer jusqu'à elle. 

Un objet scintilla dans sa main... un poignard !  

Isabelle allait se faire assassiner !

"Non, pensa-t-elle alors qu'un frisson lui parcourait la colonne vertébrale. Je ne vais pas mourir aujourd'hui !"

Elle glissa sous ses draps de manière imperceptible dans la pénombre et coula jusqu'à sous son lit pour se cacher. Elle rampa ensuite vers la porte pour intercepter un garde. 

Mais le meurtrier l'avait vu. Il se précipita sur Isabelle, le couteau pointé devant lui.

La jeune fille hurla. La lame était planté dans la chair de son mollet. Des larmes lui brouillèrent la vue et elle s'effondra sur le sol, prise de spasmes qui faisaient remonter une bile amère à sa gorge en feu.

Elle se saisit de son pot de chambre et le fracassa sur la tête de son agresseur qui lâcha le poignard.

L'adolescente s'en empara d'une main tremblante et l'arracha de sa peau qui saignait abondamment. 

Elle hurla de douleur jusqu'à ne plus avoir de voix puis, elle se traina dans le couloir pour héler un garde qui accourut en la voyant ainsi.

Le soldat attrapa le briguant et Isabelle fut emmenée jusqu'à l'infirmerie d'urgence.

Les médecins lui firent quelques points de suture et elle fut priée de garder le lit une semaine.

Ce qu'elle fit. 

Henri et Louis XIV virent la voir tous les jours mais elle n'aimait que les visites du premier, le Roi lui parlait de choses ennuyeuses à mourir et racontait à qui voulait l'entendre que plus jamais une telle agression ne se produirait à Versailles.

Ce qui était totalement faux !

Le Duc, quant à lui, était prévenant et doux avec Isabelle. Et surtout, il lui contait des histoires virevoltantes pendant des heures. Ce qu'appréciait beaucoup la jeune fille.

Elle l'écoutait parler et inventer des détails amusants... 

En un mot, il la faisait rêver. 

Ce qui n'était pas le cas de tout le monde !


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