Chapitre 9

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Isabelle fonça hors de l'infirmerie alors que des sœurs lui couraient après pour la convaincre de rester au lit. Elle traversa le château et arriva essoufflée devant ses appartements. Le corps avait été recouvert d'une toile de soie noir et des hommes arrivaient avec un brancard. 

- Arrêtez s'il-vous-plait.

- Reculez tout de suite ! tonna un monsieur en livrée qui s'adoucit en voyant que c'était la "favorite du Roi". Si vous voulez savoir qui est cette personne, c'est le baron de Rousset. Il a été assassiné par un malotru qui moisit en prison

- Merci beaucoup, fit la jeune femme en s'inclinant. 

Isabelle poussa la porte de son logis et y entra. Sa sevante l'attendait, les joues baignées de larmes. 

- Que se passe-t-il ma bonne Marie ?

La domestique sanglota de plus belle. Elle avait le visage rouge vif et des veines sortaient de ses tempes. Ses yeux étaient injectés de sang et elle se tirait les cheveux avec une telle force qu'Isabelle se demanda comment ils faisaient pour rester accrochés sur son crane. 

La jeune femme s'assit auprès d'elle et lui prit la main.

- Raconte-moi tout Marie.

- D'accord...  hoqueta-t-elle avant de commencer son récit. La vérité c'est que... J'avais besoin d'argent. Cet hiver, j'ai eu une aventure avec un soldat de passage et...  

- Oh.

- Je sais que c'est un scandale mais...  Que voulez-vous...  J'ai eu un fils.

- Un enfant ? Et je n'ai rien vu ?

- Vous étiez tellement avec le Roi que je n'existait plus à vos yeux... 

- Je suis...

- Et tant mieux ! Vous ne voyiez pas mon ventre qui s'arrondissait de mois en mois...  Et il est né. Je l'ai placé chez une nourrice mais mes gages ne suffisaient plus à financer cette femme. C'est alors qu'une noble masquée est venue me trouver et m'a offert une forte somme d'argent. Elle m'a dit que j'aurais le triple si je faisais ce qu'elle me demandait. 

Il y eut une nouvelle salve de sanglots mais la servante poursuivit.

- Une aubaine pour moi...  Enfin pour mon fils. Et puis...  Elle m'a ordonné de déplacer ce cadavre sans me faire voir jusqu'à votre porte. Elle a menacé mon bébé de mort. Je l'ai fait... Pour mon enfant certes, mais je l'ai fait.

- Qui était cette noble ? demanda Isabelle en fixant la pendule.

- Je ne sais pas... Elle était masquée.

- Ecoutes. Ce que tu as fait est extrêmement grave et je devrais te faire arrêter et pendre sur le champ.

- Je sais mais... commença Marie.

- Mais je pense à ton enfant et... à toi car je t'apprécie. Je sais que tu ne pensais pas à mal. Cependant, j'ai besoin de toi pour une mission.

- C'est à dire ?

- Je vais te faire passer pour une lointaine cousine. Tu vas mettre une de mes robes et tu vas venir avec moi aux soirées du Roi. De là, nous passerons le plus de temps possible avec les marquises, duchesses, les baronnes ou les comtesses. Tu entendras les voix de chacune d'elle et tu me diras si tu en reconnais une.

- Très bien Mademoiselle.

- Nous commençons dès ce soir ! Allons nous préparer. Je dois écrire un billet à Sa Majesté pour le prévenir de ta présence. A partir de maintenant tu es Marie de Feuillant. C'est clair ?

- Comme de l'eau de roche Mademoiselle.

- Bien. Il est temps de faire éclater la vérité !

Histoire d'une favorite.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant