Chapitre 4

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Le lendemain, Isabelle fut réveillée par Marie qui lui débita un emploi du temps plus que chargé. 

- Le Roi veut vous voir avec lui dans beaucoup de ses déplacements. En outre, il vous a envoyé ce message.

- Sa Majesté m'a envoyé une lettre ?

- En effet Mademoiselle.

Isabelle lui prit la lettre des mains et la décacheta à une vitesse impensable. Elle la lut tout aussi rapidement :

Chère  Mademoiselle De Marthe,

Je souhaiterais vous demander une audience privée aujourd'hui à quatorze heure dans le jardin près de la Grande Fontaine. 

Avec ma sincère amitié,

Louis XIV.

L'adolescente du relire le billet une bonne dizaine de fois avant de regarder Marie, les yeux pleins de détresse. 

- Qu'y a-t-il  Mademoiselle ? demanda la bonne.

- Le...  Roi...  m'a demandé une audience privé aujourd'hui à quatorze heures près de la Grande Fontaine. Je ne sais pas pourquoi, soupira Isabelle.

Ce que la jeune fille savait, en revanche, c'est qu'elle ne reverrait pas Henri de sitôt et à cette pensée, l'adolescente ressentie un profond vague à l'âme qu'elle chassa d'un revers de la main.

Elle proposa à Marie de la préparer car elle devait se rendre chez sa vieille tante à Paris dans quelques heures. Puis, elle irait au rendez-vous du Roi. Elle accompagnerait, ensuite, Sa Majesté pour sa promenade avec une bonne cinquantaine de courtisans et la famille royale.

Une journée chargée en somme. Isabelle se demandait bien pourquoi Louis XIV la souhaitait dans chacun de ses excursions. D'habitude, le Roi se moquait éperdument des courtisans venus de la campagne et ne les conviait à aucun rassemblement ou fête. Pourquoi l'adolescente avait-elle des privilèges incongrus ? Une réponse pointait le bout de son nez mais la jeune fille refusait de l'écouter. Et si le Roi Soleil était amoureux d'elle ? Impossible, tentait-elle de se résonner. Mais pourtant... Cette pensée lui martelait la tête comme une évidence. 

Isabelle et Marie montèrent dans le fiacre qui les attendait. Elles discutèrent de la pluie et du beau temps pour ne pas soulever les questions d'importance et arrivèrent devant l'imposante demeure de la Tante De Marthe.  

Isabelle discuta avec elle pendant environ une heure autour d'un chocolat chaud et prit congé pour retourner à Versailles.

- Comment suportez-vous votre tante ? demanda Marie en chuchotant, de retour dans le fiacre.

- Ne m'en parle point ma chère Marie, répondit l'adolescente en souriant.

C'est dans ce bel éclat de rire que la jeune fille se prépara pour aller au rendez-vous de Louis XIV. Elle avait des crampes au ventre mais elle n'aurait su dire si c'était à cause de la plaisanterie de Marie ou de son angoisse par rapport à son entrevue.

Elle se rendit à la Grande Fontaine accompagnée de sa domestique et s'assit sur le rebord du bassin.

Le Roi arriva soudainement déguisé en noble et fit signe à Isabelle de le suivre derrière un bosquet où se trouvait deux petits bancs couleur crème.

- Bonjour ma chère, sourit-il en lui embrassant la main avec délicatesse.

- Bonjour votre Majesté, fit Isabelle en plongeant vers le sol pour lui faire sa plus belle révérence.

- Voyons... s'exclama le Roi en riant. Pas de cela quand nous sommes en si petit comité. 

- Excusez-moi, bredouilla la jeune fille. Pourquoi m'avoir demandé une audience ?

- Je voulais vous demander si les campagnes ne manquaient de rien, mentit Louis XIV.

- Vous osez me demander ça ? explosa Isabelle. Vous savez très bien que la misère règne là-bas !

- Arrêtez de vous mettre en colère pour si peu ma chère, soupira le jeune Roi.

- Oh... Pardonnez-moi.

- Ce n'est rien.

Louis XIV, âgé de vingt-six ans, n'était point encore aussi à cheval sur l'étiquette qu'il ne le fut plus vieux et pardonna l'écart de la jeune fille. 

Il lui prit la main et y déposa une magnifique bague sertie de diamants et de topazes éclatants.

Si c'est ainsi que vous souhaitez me courtiser vous n'y arriverez point, pensa la jeune noble, si vous pensez que je vais me laisser amadouer par quelques cailloux brillants vous vous méprenez. 

Cependant, la jeune fille accepta le cadeau avec un doux sourire et le remercia avec force mots gentils et agréable. Louis XIV ajouta :

- C'est vous que je remercie de votre présence, j'espère vous revoir bientôt !

Il s'en alla et Isabelle se retourna lorsqu'elle entendit un bruissement de feuilles : quelqu'un avait épié toute la scène !



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