Dramas & Mojitos

10 : Mimosa et son cousin

Mimosa était agacée.

Mimosa était souvent agacée. Quand Valentin lui parlait de sa copine, quand Tarik ne servait pas assez vite les cocktails, et même quand son cousin tentait de l'initier aux paris hippiques.

Si on lui faisait la remarque, Mimosa répondait que c'était parce qu'elle était une femme de caractère. Elle était barmaid, libre, indépendante, et sanguine. Elle avait un tempérament de feu et les cheveux qui allaient avec. C'était comme ça.

Elle ne l'aurait avoué pour rien au monde, mais parfois, son instinct de révolte l'épuisait.

Elle aurait adoré ressentir ne serait-ce qu'une petite étincelle de compassion en voyant ce gros abruti partir en ambulance.

Mais tout ce qu'elle éprouvait, c'était de la colère.

Elle était à deux doigts de réussir. Le cocktail se vendait bien, l'ambiance était festive, tout se passait pour le mieux, jusqu'à l'arrivée de ce petit connard en pantalon jaune moutarde.

C'était Tarik qui l'avait servi.

Mimosa ne lui avait pas prêté attention, à part quand il avait essayé de la draguer en lui balançant une phrase merdique de mec bourré.

Elle lui avait répondu par un doigt d'honneur et avait continué son travail.

C'était devenu beaucoup plus problématique lorsque le type en question s'était effondré dans la boîte.

Mimosa ne l'avait pas vu tomber.

Elle avait juste entendu tout le monde s'arrêter de danser, quelqu'un demander une ambulance, et Valentin baisser la musique.

A cet instant, Mimosa avait su que tout était terminé.

JB n'accepterait jamais son projet de cocktail éphémère. Dans les journaux, on ne parlerait pas du Lenny Kravitz, mais d'un trou du cul ivre mort. Oui. Tout était terminé. Elle pouvait dire adieu à ses rêves d'innovation.

Mimosa croisa les bras sur sa poitrine et tenta de se remonter le moral. Elle parlerait à son cousin. Après tout, ce n'était pas si grave. Pantalon Jaune Moutarde se réveillerait avec une grosse gueule de bois. Ça n'avait jamais tué personne. Si ?

« Mimosa ! »

Elle fit volte-face.

Justement, c'était JB. Il n'était pas censé être à la boîte ce soir, Valentin l'avait probablement appelé en catastrophe pour lui raconter l'événement. Mimosa n'avait jamais vu son cousin aussi rouge. Elle hésita à lui faire remarquer.

« Quoi ? », dit-elle d'un ton tranquille.

Malheureusement pour elle, JB n'était pas d'humeur à être tranquille.

Il frotta sa barbe, ouvrit la bouche, et s'écria, en lâchant un formidable postillon qui arracha à Mimosa une grimace de dégoût :

« Tu te fous de ma gueule, Mimosa ! »

Silence de mort sur le trottoir. Les clients étaient partis, mais l'équipe du Latina était sortie accompagner le départ de l'ambulance. Mimosa vit la petite tête indiscrète de Candy se tourner vers elle.

« Viens, on va discuter à l'intérieur », grinça-t-elle.

Elle avait l'impression que JB comptait l'engueuler. Elle détestait être engueulée, et encore plus dans un lieu public.

Son cousin secoua la tête.

« Certainement pas. Ça concerne tout le monde. »

Il balaya les autres du regard. Candy et Brune. Zazou posté à l'entrée. Alex, le deuxième videur, qui ne venait que pour les grandes occasions. Tarik. Valentin.