18 : Mimosa fait connaissance

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Furieuse, Mimosa claqua la porte du Latina.

Comment Tarik avait-il osé ?

Il était son collègue, et ce qui se rapprochait le plus d'un potentiel meilleur ami. Ils faisaient du jogging ensemble, ils mangeaient des raclettes, ils se chamaillaient tout le temps – mais c'était normal –, elle lui racontait ses aventures avec Valentin, et... Et il était le seul garçon avec qui elle n'avait ni envie de coucher, ni envie d'être méchante, ça voulait bien dire quelque chose !

Enfin. C'était terminé. Tarik lui avait préféré cet espèce de grand connard blond qui apparemment, s'y connaissait aussi bien en malaises qu'en cocktails.

Il avait osé.

Il avait osé la reprendre en temps partiel, soit, seulement les samedis et les soirées spéciales. A côté de ça, Louis assurerait le reste.

Elle n'arrivait pas à y croire. Ses cocktails étaient réussis. Elle le savait, elle les avaient goûtés. Mais Louis avait l'avantage d'être bon, et en plus de ça, de ne pas avoir été viré une semaine auparavant.

Mimosa voyait encore le visage désolé de Tarik.

« Désolée, Mim, il tient largement la route et tu sais bien ce que JB dira... »

Elle s'était énervée, avait insisté, invoqué tous leurs bons moments, en vain. Elle n'avait réussi qu'à lui arracher les soirées spéciales. Et encore, si JB acceptait. Il y avait peu de chances pour que ça fonctionne.

Elle en pleurerait presque.

Mimosa s'alluma une cigarette.

Elle essayait d'arrêter de fumer, elle n'y arrivait pas, et elle s'en foutait. Elle avait d'autres problèmes. Du genre : comment gagner sa vie.

Bien sûr, elle pourrait se faire engager dans un autre bar, mais merde, c'était trop bête. Elle avait fait sa carrière entière au Latina. On la connaissait. On savait ce qu'elle valait. Et maintenant, elle devait tout quitter, pour un stupide cocktail. Un stupide, stupide, cocktail. Non. C'était trop bête.

Mimosa aspira une bouffée de fumée et réajusta sa veste.

Elle s'en sortirait. Elle s'en sortait toujours. Elle trouverait mieux que le Latina. Elle était Mimosa Levinsky, elle n'avait pas peur, elle s'en sortirait.

Elle tira son téléphone de sa poche et tapa un message à Valentin.

« Je peux dormir chez toi ce soir ? »

Elle avait tellement envie de réconfort. De faire un truc débile, du genre, regarder un film, commander chinois, et rester l'un contre l'autre. Ne pas penser au Latina.

La réponse arriva dans la seconde.

« Pas possible. Justine est là. »

Mimosa tira nerveusement sur sa cigarette. Justine. Bien sûr. Cette conne était toujours dans les parages. Elle regarda en l'air, s'imagina courir chez Valentin, dire à Justine quelque chose comme : « Hé, salut, je me tape ton mec depuis un an ! ». Ensuite, elle assisterait tranquillement au bordel que ça causerait.

Mais elle ne le ferait pas. Elle avait trop peur de perdre Valentin.

« Tu pleures ? »

Mimosa essuya précipitamment la larme qui coulait sur sa joue.

« Bien sûr que non. »

C'était Pantalon Jaune Moutarde et un de ses potes. Un brun à lunettes, avec l'air un paumé. Elle n'avait pas du tout envie de les voir.

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