Depuis dix minutes, Charlotte regardait Louis. Puis Tarik. Puis Louis. Puis encore Tarik. Puis Louis. Et elle n'arrivait pas du tout à se détendre. Ni à se concentrer sur les cocktails. Évidemment, puisqu'elle était paniquée.
Qu'est-ce que ça voulait dire, « tant mieux » ? Louis préférait Mimosa ? Ou Louis préférait Tarik ? Bref, Louis préférait quelqu'un d'autre qu'elle ?
Charlotte se tordit les mains.
Louis prenait connaissance du bar et Mimosa patientait, l'air agacée. Brune et Tarik ne disaient rien. Charlotte se sentait de trop.
Louis inspecta un shaker et le cœur de Charlotte se remit à battre trop fort.
En même temps, qu'est-ce qu'elle croyait... Qu'un garçon comme lui allait s'intéresser à elle ? Il était beau, il semblait intelligent, il savait faire des cocktails, et en plus, il avait des fossettes. Non, vraiment, qu'est-ce qu'elle croyait ?
Charlotte baissa les yeux. Elle portait un jean trop grand et de vieilles baskets boueuses. A côté de Mimosa, elle faisait pitié. A côté de Tarik, elle faisait pitié. Et à côté de Brune, elle faisait pitié aussi. Elle était tellement bête. Et elle avait envie de pleurer.
Son portable vibra dans sa poche, et elle y jeta un coup d'œil machinal.
Son sang se glaça dans ses veines.
C'était sa mère.
« Surprise ! Je viens te chercher à la fac dans dix minutes. Ta demi-sœur est là ! »
Charlotte garda les yeux rivés sur l'écran, paniquée. Elle ne pourrait jamais être à la fac de médecine à temps. Même en partant immédiatement, même en prenant le premier métro venu, elle n'y arriverait pas. Elle voyait d'ici la catastrophe. Sa mère était une femme impatiente, et d'un sans-gêne incroyable. Elle se garerait sur le parking, elle la chercherait, au bout de deux minutes, elle se rendrait à l'administration dans l'espoir de faire venir sa fille plus vite, et elle s'apercevrait qu'aucune Charlotte Duault n'était inscrite.
Ce qui était tout à fait normal, puisque Charlotte n'avait pas réussi la médecine.
Elle travaillait au Latina. En faisant croire qu'elle deviendrait chirurgienne. Alors qu'elle regardait juste Grey's Anatomy dans sa chambre.
Ses jambes tremblaient. Elle eut soudain très chaud, et posa la main sur sa tête.
Elle entendit vaguement une voix lui demander si tout allait bien.
Le bar devint flou, le sol se déroba doucement sous ses pieds, et l'instant suivant, elle était par terre, avec quatre visages penchés sur elle.
Elle cligna des yeux. Elle ne savait plus vraiment où elle était.
« Charlotte, tu vas bien ? Tu vas bien ?, répéta Mimosa.
- On devrait peut-être appeler une ambulance, suggéra Tarik.
- N'importe quoi. Regarde, c'est juste un coup de chaud, elle va bien, insista Mimosa, en lui tapotant la joue.
- Ce serait plus prudent, quand même. JB n'aimerait pas qu'on la laisse dans cet état.
- Charlotte, tu penses que...
- Écartez vous, elle a besoin d'air. »
C'était la voix de Louis. Même avec le cerveau tout embrumé, Charlotte vit Mimosa le fusiller du regard.
« Qu'est-ce que tu en sais, toi ? Tu t'y connais ?
- Oui, répondit-il froidement.
- T'as fait médecine peut-être ?, le railla Mimosa.
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Dramas & Mojitos
أدب نسائيMimosa est barmaid. Elle voudrait un peu plus de responsabilités, et elle est amoureuse de Valentin. Sauf que Valentin a une copine. Brune tient les vestiaires. En couple depuis six ans, suivant attentivement sa fac de lettres, sérieuse et raisonna...