« Déjà rentrée ? »
Brune sourit automatiquement en entendant la voix d'Antoine. Elle retira ses chaussures, tâtonna à la recherche du porte-manteau, et fila dans la salle de bains.
« Il y a eu un problème, la soirée a été écourtée.
- Ah », fit Antoine, en baillant à se décrocher la mâchoire.
Brune se brossa les dents en une minute et se déshabilla en dix secondes. D'habitude, Antoine dormait toujours lorsqu'elle rentrait. Là, il s'était réveillé, il lui parlait, et elle avait terriblement envie de lui raconter la soirée. Elle ne voulait pas qu'il se rendorme.
Elle enfila son pyjama, ressortit de la salle de bains, claqua la porte sans y faire attention, et se glissa enfin dans leur lit.
Elle l'embrassa sur la joue.
« Pourquoi t'es aussi contente ?
- Parce que je suis rentrée plus tôt, murmura-t-elle. On peut discuter.
- Il est quand même trois heures trente... »
Brune haussa les épaules et se lova dans ses bras. Elle avait toujours adoré les bras d'Antoine. C'était idiot, mais elle trouvait ça rassurant. Elle avait l'impression que rien ne pouvait lui arriver.
« Tu aurais dû voir, c'était très bizarre. D'abord, il y a eu ce mec... »
Elle attendit une réaction de son petit copain. Il n'y en eut pas.
« Ce mec, reprit-elle. L'ex de ma sœur. Corentin. Il m'a reconnue et il a pris de mes nouvelles, et de celles d'Elena. Tu te souviens de lui ? Un petit brun avec des lunettes, toujours en polo...
- Mmh, fit Antoine. Il était venu manger chez toi un jour.
- Oui, c'est ça, s'enthousiasma Brune, ravie qu'il s'implique dans la conversation. Mais j'ai eu du mal à le reconnaître, c'était gênant. Et le pire, c'est qu'il n'a pas l'air d'être passé à autre chose. Mais Elena est heureuse avec Ava, alors je ne veux pas qu'il lui reparle, tu comprends...
- Mmh », grogna Antoine pour la seconde fois.
Pensive, Brune tira un peu sur la couverture. Elle regardait le plafond, yeux grands ouverts dans le noir. Elle avait décidé qu'elle n'en parlerait pas à Elena. Inutile de la perturber. Elle espérait d'ailleurs que Corentin ne reviendrait pas au Latina. Cela leur éviterait d'autres conversations embarrassantes. De toute façon, il y avait peu de chances qu'il revienne, après l'accident de son ami... Si elle était lui, Brune n'aurait plus jamais mis les pieds au Latina de sa vie. Elle aurait...
« Je vais dormir, Brune, je...
- Non, non, attends !, s'écria-t-elle. J'ai autre chose à te raconter !
- Brune..., soupira Antoine. J'ai cours demain...
- Juste deux minutes, insista-t-elle. Donc, ce gars, Corentin, était venu chercher un ami à lui qui avait trop bu. Sauf que cet ami a perdu connaissance, résultat, on a dû appeler une ambulance, tout le monde est parti, et figure-toi que s'il était complètement bourré, c'était à cause du nouveau cocktail de Mimosa. Elle l'a créé pour cette soirée et elle l'a servi alors que JB lui avait interdit.
- Ah bon.
- Et JB est arrivé, tu sais qu'il ne travaille pas le vendredi, il nous laisse gérer normalement, mais là, il est revenu à cause du gars... Et il a tellement engueulé Mimosa, il l'a virée, alors que c'est sa cousine !
- Aïe.
- Oui », dit Brune, embêtée.
Elle avait pensé à envoyer un message de soutien à Mimosa, mais elle s'était retenue. Elle n'avait pas voulu être intrusive. Et elle savait d'expérience que lorsque Mimosa était en colère, mieux valait ne pas l'approcher. Mais elle ne pouvait pas s'empêcher d'être inquiète.
Elle n'était pas sûre que Mimosa était son amie. Mimosa était irresponsable, sanguine et extravagante. Brune était plutôt discrète, raisonnable, et elle aimait avoir le contrôle.
Mais Mimosa était différente, et c'était ce que Brune appréciait. Elle n'était pas comme ses autres copines de la fac. Pas comme Antoine non plus. Brune savait qu'avec Mimosa, elle avait la possibilité d'être ivre morte à six heures du matin, de plaquer ses études, de plaquer son mec si elle le voulait, d'hurler qu'elle n'en avait rien à faire, de ne plus rien gérer, de danser, de ne penser à rien. Mimosa la comprendrait. Elle serait ivre morte avec elle.
Bien sûr, Brune ne le faisait pas. Elle restait l'adulte sage et sereine qu'elle avait toujours été. Mais elle savait qu'elle pouvait tout lâcher, et qu'elle ne se retrouverait pas seule. La perspective était sécurisante.
« Valentin a défendu Mimosa, tu sais.
- Ah, bailla Antoine.
- Oui. Ça ne va pas l'aider à l'oublier. »
Brune tritura un instant la couverture. Elle était toujours dans les bras d'Antoine.
« Je suis contente que tu sois réveillé. J'ai l'impression qu'on ne fait que se croiser ces derniers temps. Enfin... »
Brune hésita, songeant à ce que Charlotte lui avait dit dans l'amphi. A quel point elle était surprise qu'elle et Antoine, ça faisait six ans. Brune ferma les yeux. Ça faisait six ans parce qu'ils avaient toujours communiqué. Ils s'étaient parlés, ils avaient réglé les problèmes. Ils le feraient encore cette fois.
« Tu es en cours la journée, moi aussi, et le soir... Soit je vais au Latina, et on ne se voit pas, soit je trouve qu'on a pas vraiment le temps de... discuter, tu vois ? Je ne sais pas. C'est peut-être juste un sentiment comme ça. Ça va passer. Mais je me disais que peut-être, on pourrait aller au restaurant un jour, ou partir en vacances... Je veux dire, pas à la plage où on va tout le temps. On pourrait économiser et aller à l'étranger, cette fois. J'aimerais bien voir la Suède. Ou la Finlande. Enfin bon, je m'en fiche. Suède ou Finlande ? »
Elle se tourna vers lui et attendit la réponse.
Il n'y en eut pas.
En se taisant, elle entendit le son régulier de la respiration d'Antoine. Il s'était rendormi. Déjà, il la serrait moins fort. Ses bras la quittaient.
Brune ravala sa déception et lui tourna le dos. Elle serra la couverture contre elle.
Le portable sur sa table de nuit s'alluma. Elle s'en saisit. C'était encore le numéro inconnu.
« J'ai vu ce qu'il s'était passé au Latina. Ça devait être difficile. Bonne nuit. »
Ainsi donc, ce n'était pas une erreur de numéro. Il savait qu'elle chantait, il savait qu'elle travaillait au Latina. Brune aurait dû être inquiète. Elle était potentiellement la cible d'un stalker qui ne voulait pas lui révéler son identité. En maniaque du contrôle, en personne logique, oui, elle aurait dû être inquiète.
Elle ne le fut pas.
Elle écrivit « Bonne nuit ».
Et elle s'endormit.
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Hellooooooo j'espère que vous allez bien ! et que vous avez apprécié ce chapitre, aussi !
Je n'ai pas spécialement de choses à dire sur ce que je viens de poster, à part peut-être que j'ai très hâte de vous partager la suite !
Gros bisous <3
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Dramas & Mojitos
Literatura FemininaMimosa est barmaid. Elle voudrait un peu plus de responsabilités, et elle est amoureuse de Valentin. Sauf que Valentin a une copine. Brune tient les vestiaires. En couple depuis six ans, suivant attentivement sa fac de lettres, sérieuse et raisonna...