Dramas & Mojitos

13 : Mimosa, Zazou, et ce connard de Pantalon-jaune-moutarde

Mimosa s'arrêta en face du Latina.

Elle tira un miroir de poche de son sac, et y jeta un coup d'œil.

Très honnêtement : elle s'était surpassée.

Le fard doré faisait ressortir ses yeux. Elle portait son habituel rouge à lèvres foncé, et ses plus belles créoles. Au niveau de la tenue, elle avait opté pour un débardeur noir – qui, elle le savait, mettait son décolleté en valeur – et un jean. Sans compter ses talons hauts.

Mimosa attrapa son highlighter et en appliqua une nouvelle couche sur ses pommettes. On ne brillait jamais assez.

Elle se regarda à nouveau dans le miroir, et lâcha un soupir de satisfaction.

Voilà.

Elle se donnait dix sur dix dans le thème barmaid sexy.

Tout pile ce qu'il lui fallait pour regagner sa place au Latina.

Déterminée, Mimosa referma son miroir et traversa le passage piéton.

Elle se sentait merveilleusement bien. En tout cas, mieux qu'hier. Après avoir raccompagné Charlotte, elle s'était retrouvée seule dans son grand appartement. Grand appartement qu'elle ne pourrait bien sûr plus payer si elle arrêtait de travailler au Latina. Elle avait bu un thé, s'était enroulée dans un plaid, et elle avait pensé à Valentin, à son boulot et à son cocktail, puis encore à Valentin et à son boulot, puis à son cocktail, puis elle avait pleuré un peu en ayant honte d'elle-même, et elle s'était endormie.

Quand elle s'était réveillé, elle avait décidé de se battre. Elle s'était habillée, coiffée, maquillée, et ce avec un plan très simple.

Un plan qui tenait en quatre mots.

Retourner à son poste.

JB ne pourrait pas lui faire une scène devant les clients. Il verrait combien elle travaillait bien, et à la fin du service, il n'aurait d'autre choix que de la réembaucher.

Du génie.

Fière d'elle, Mimosa s'apprêta à entrer dans la boîte, mais Zazou lui barra le passage.

Mimosa haussa un sourcil.

Le videur était bien droit devant elle, sans montrer aucune émotion.

« Euh, Zazou, dit-elle. C'est moi. »

Il ne répondit pas.

Évidemment, puisqu'il ne répondait jamais.

Elle fit un pas en avant, il la bloqua une nouvelle fois.

Mimosa pencha la tête. Zazou se dressait entre elle et la porte du Latina.

Le traître.

Il avait choisi son camp.

Mimosa se força à sourire.

« Tu n'es probablement pas au courant. J'ai appelé JB hier, tout est arrangé. Je ne suis pas virée. Tu peux me laisser passer. »

Elle attendit.

Son mensonge n'eut aucun effet sur Zazou. Il restait là, stoïque, il ne la regardait même pas dans les yeux. C'était terriblement frustrant.

« Putain, Zazou, s'énerva-t-elle, ça fait quatre ans qu'on bosse ensemble ! Laisse moi passer ! »

Voyant que sa colère ne lui faisait aucun effet, elle le poussa, sans trop savoir ce qui lui passait par la tête.

Autant essayer de pousser un mur. Zazou ne bougea pas d'un millimètre.