Chapitre final (partie 1) : Sur le parking de Saint-Gapour

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Non ! Ce n'est pas tout à fait la fin ! La deuxième partie est presque finie, mais pour vous faire patienter, je poste la première. On se retrouve très vite !

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Bon. Vous vous demandez sûrement ce qu'on a fait après, hein ? C'était magique.

Après avoir récupéré Ludwig, nous sommes descendus du train. Il était déjà tard, et le ciel jusque-là chargé était en train de se dissiper sur un coucher de soleil absolument somptueux. Puisque tout le monde était fatigué, nous sommes tous restés là à le regarder partir dans les collines en silence, affalés sur le capot et le toit du pick-up, garé sur le parking désert de la gare de Saint-Gapour. Ludwig gratouillait sa guitare, on chantonnait tous un peu, et je crois que j'aurais pu rester là toute la nuit...

...et d'ailleurs, c'est ce que j'ai fait. Evidemment, l'oncle Pouillot avait un petit stock de gnôle à l'arrière du pick-up ; évidemment, nous avons bu à la réussite de notre grandiose course-poursuite et évidemment, au bout d'un verre, plus personne n'était capable de conduire le pick-up - hormis Annie, trop jeune pour boire mais aussi trop jeune pour nous ramener à Champigny. La suite, je ne m'en souviens pas bien ; mais même avec juste un verre de gnôle dans le nez, on rigolait bien plus et les airs de guitare de Ludwig étaient étrangement enjoués.

Bref, pour résumer, j'ai passé ma soirée d'enterrement de vie de jeune fille sur un parking de gare désert, dans un pick-up, et j'ai aimé ça. C'est ce que je viens de réaliser en ouvrant brutalement les yeux, réveillée par des coups sourds sur la vitre du pick-up.

Vision d'horreur : un hibou mal peigné me regarde à travers la vitre.

« Oh. Ginette. » marmonne Ludwig sous moi.

Je sursaute en le sentant se redresser, et par réflexe, je le serre contre moi, bousculant au passage Spike qui bave en ronflant sur le siège arrière. Juste au cas où tout ce qui s'était passé hier n'était en fait qu'un rêve.

« Maëlle, je ne peux pas respirer.

-Tu n'es vraiment pas parti. Tu es toujours là !

-Pourquoi je serais parti, au juste ? Tu m'as donné toutes les raisons de rester. »

Il redresse péniblement la tête. Son ton est toujours aussi égal, mais un petit sourire illumine son visage. Je me sens fondre. Pourquoi est-ce que je ne lui ai jamais dit que j'étais contente qu'il soit là avant ? Si j'avais su qu'il ferait cette tête absolument adorable, je l'aurais fait tous les jours !

Mes niaiseries sont brutalement stoppées par le hibou, qui insiste à la fenêtre. En plissant les yeux, je réalise que le volatile que Ludwig appelait « Ginette » est en réalité la vraie Ginette : l'oiseau que je vois à la fenêtre est en fait une sorte de mésange empaillée qui orne le chapeau sous laquelle sa tête fripée se trouve.

Ginette ? Avec un chapeau ? Sur le parking de la gare de Saint-Gapour ? A cette heure-là ?

C'est trop d'interrogations pour que ça ne sente pas mauvais : je m'empresse d'ouvrir la vitre, et la voix criarde de Ginette réveille tout le monde dans le pick-up.

« Ah ! Enfin ! J'ai cru que vous ne réagiriez jamais !

-Bonjour, Ginette, je vais bien, et toi ? je lance, la voix encore un peu rauque de sommeil.

-Si je vais bien ? Malheureuse ! J'irais mieux si je te savais à ton mariage, toi et ton fiancé ! »

Ludwig et mo échangeons un regard un peu perturbé, avant que l'information n'atteigne nos cerveaux définitivement embrumés par cet unique verre de gnôle de la veille. Une lueur de panique traverse le regard sombre de mon ami d'enfance, et il n'est pas le seul à avoir l'air pris d'une réalisation.

Le mariage archi-faux de Ludwig et MaëlleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant