Chapitre 11 : Entraînements

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J'ai déjà dormi chez Ludwig. J'ai déjà dormi chez Ludwig.

« Voilà, tu connais le chemin. » fait ce dernier en m'ouvrant la porte de sa chambre, sombre à cause de la nuit qui est déjà tombée.

J'ai déjà dormi chez Ludwig, j'ai déjà dormi chez Ludwig...

« Tout va bien, Maëlle ? demande-t-il en prenant mon sac rempli à la hâte de vêtements et en allumant la lumière.

-Super ! Absolument ! Tout va pour le mieux ! » j'affirme en lui adressant un sourire crispé.

Ludwig lève un sourcil dubitatif en refermant la porte, tandis que je le contourne rapidement pour me jeter sur son lit. J'ai tout un tas de raisons plausibles de ne pas aller bien. Zoe Kardashian arrive demain, sa présence m'éjecte de chez moi pour qu'elle puisse squatter ma chambre, il me reste environ un demi-million de choses à faire avant la date fatidique de la cérémonie, le 26 juillet.

Et pourtant, la chose qui me perturbe le plus est de dormir avec Ludwig ce soir, chose que j'ai faite environ un sacré paquet de fois en plus d'une décennie d'amitié. Impossible de lui expliquer ce trouble survenu sans crier gare sans entamer une conversation que je n'ai pas envie d'avoir ; une conversation qui inclurait notamment l'épineux sujet de sentiments amoureux potentiels.

Ce n'est qu'une soirée pyjama entre amis comme une autre, il ne se passera rien... je tente de me convaincre.

« Tu n'as de comptes à rendre à personne, ici, me rassure Ludwig comme s'il avait lu dans mes pensées. Tu peux te détendre. »

Me détendre, hein...

Je relève ma tête de l'oreiller dans lequel je l'avais enfouie pour me rasseoir sur le lit et je ferme les yeux, prenant une grande inspiration. A défaut de pouvoir lui expliquer les raisons de l'état dans lequel je me trouve en ce moment, je tente de m'imprégner de l'ambiance apaisante de la chambre de mon ami d'enfance. Cette pièce est résolument à l'image de son propriétaire, et elle l'a toujours été : ordonnée, à la décoration qui révèle finalement peu de choses sur Ludwig, respirant le calme et la nature grâce au chant des grillons qu'on peut entendre par la fenêtre perpétuellement ouverte. La chambre de Ludwig, avec ses grandes poutres blanches traversant le plafond et ses plantes vertes sur le rebord de la fenêtre, est un endroit où je me suis toujours sentie bien.

« Enfin un endroit où on n'a pas à prétendre... » je soupire en fermant les yeux.

J'entends une voix grave et harmonieuse chantonner – oui, c'est bien Ludwig qui chantonne. Rien d'étonnant. Sa chambre doit être l'unique endroit sur Terre où il ose enfin être un peu plus expressif et bavard que d'habitude. C'est de cet endroit que sont partis nos plans les plus compliqués, nos conversations les plus profondes et nos jeux les plus élaborés.

« Alors comme ça, tu as l'oreille musicale ? » je lui demande  en songeant au ukulélé qu'il utilisait sur le bord de l'étang. 

Tout est bon pour éviter que la conversation ne revienne sur les sujets qui fâchent – le mariage, dormir ensemble, Zoe Kardashian, des potentiels sentiments inavoués. Je me laisse retomber sur le matelas pour fixer le plafond et éviter de le regarder, lui.

« Pas vraiment, répond Ludwig d'un ton égal. Juste un peu, peut-être. De toute façon, dans peu de temps, je ne pourrais plus m'y intéresser.

-Ah oui ? 

-Mes parents attendent que je reprenne le restaurant, je crois. Ils me l'ont bien fait comprendre.

-C'est vrai que tes raviolis vapeurs sont dur à égaler... je soupire. L'élève a dépassé le maître.

-Ils ne m'ont pas demandé mon avis. »

Le mariage archi-faux de Ludwig et MaëlleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant