Une semaine plus tard, c'est la fois de trop lorsque Teddy Spike vient me tirer du lit à sept heures tapantes du matin pour la neuvième fois consécutive.
Je sais déjà ce qui m'attend : des petits fours à choisir – en réclamant une option végane pour Zoe Kardashian à la grande incompréhension des habitants du village -, des conflits à arbitrer entre la mère de Ludwig et Maëva pour savoir qui cuisinera le gâteau de mariage, des nappes à sélectionner ; sans oublier cette fichue liste d'invités qui n'est toujours pas finalisée.
Un jour. Je réclame un jour de repos. Est-ce trop demander ?
« Non ! Aujourd'hui, c'est dimanche ! C'est le jour du Seigneur ! Je ne me lèverai pas ! j'affirme en rabattant les draps sur ma tête.
-Selon votre mère, vous n'avez pas mis les pieds à la messe ni affirmé une quelconque foi religieuse depuis votre enfance, énonce Spike en m'arrachant à ma couverture.
-Ah, mais c'est pas vrai, à la fin ! je peste en me redressant. Vous savez jusqu'à quelle heure j'ai dû débattre avec le père de Ludwig sur le menu du vin d'honneur, hier soir ? »
Vin d'honneur. Dîner, avec entrée, plat, dessert. Discours. Musiques. Choisir des témoins – tâche que je procrastine avec un soin tout particulier. Tous ces termes me donnent une migraine monstrueuse ; même si j'ai vaguement conscience que je n'avais qu'à pas organiser un mariage en un mois pour subir cela.
« Ce n'est pas mon problème. C'est le plus beau jour de votre vie, pas le mien, rétorque Spike.
-Le plus beau jour de ma vie, hein... » je répète en me laissant retomber sur le lit.
Quelle blague ! Le plus beau jour de ma vie, ce ne sera pas le mariage ; ce sera le jour où je bouclerai mes valises pour quitter ce trou. Mon union avec Ludwig n'est qu'un tremplin vers un objectif que je vise depuis bien plus longtemps. Mais ça, évidemment, Spike ne doit pas le savoir, même s'il doit probablement lire sur ma figure que ce matin, je préfèrerai aller me rouler dans le tas de fumier de l'oncle Pouillot que de me lever pour entamer un jour de préparation supplémentaire.
« Combien pour que vous me laissiez dormir cinq minutes de plus ?
-Je suis incorruptible, mademoiselle Blanchard.
-Un café de chez Ginette ?
-Il est inbuvable.
-Une bûche de fromage de chèvre de l'oncle Pouillot ?
-Je suis intolérant au lactose.
-Une boîte de raviolis vapeur de la mère de Ludwig ?... »
Le visage sévère de Spike semble se détendre légèrement, mais il retrouve rapidement toute sa dureté. Par rapport à Ludwig, il semble assez petit ; mais on dirait qu'il a déjà déplacé plusieurs montagnes et qu'il pourrait recommencer sans problèmes. Ma mère l'a logé avec Kaspar, qui a accepté de partager la grande maison d'hôtes dans laquelle il vit durant l'été. C'est chez lui qu'il a découvert la spécialité champignarde que sont les raviolis vapeur au sanglier braisé. Notre amour commun pour ces petites merveilles est bel et bien le seul point commun que nous partageons.
« Peu m'importe. Je ne vous ai pas réveillée pour les préparatifs. Il est déjà midi.
-Hein ?
-Mademoiselle Marianne m'a demandé de venir vous chercher. Elle vous attend dans le jardin. »
Je m'arrache aux draps, légèrement en panique. Une surprise de Marianne ? Connaissant sa délicatesse naturelle, ça peut être une batterie de tracteurs pour m'escorter jusqu'à la mairie le jour de la cérémonie, ou alors un troupeau de vaches à dévorer le soir même.

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Le mariage archi-faux de Ludwig et Maëlle
ChickLitFaire venir une Kardashian à Champigny-sur-Poitou, trou perdu de 50 habitants ? Impossible ! Pourtant, Maëlle, vingt-et-un ans et reine des arnaqueuses, pourrait bien changer la donne. Après avoir envoyé une invitation à son faux mariage à une des s...