Chapitre 4

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- Cette fille est vraiment suicidaire... De toute façon, toutes les actrices dans ces films sont suicidaires, critique Lily pour la énième fois.

Le film a démarré il y a à peine vingt minutes et Lily a dû faire dix remarques ou plus depuis. Je ne dis rien, je me contente de secouer légèrement la tête, mais je suis carrément d'accord avec elle. C'est un peu le principe des films d'horreur ou policier, mais j'avoue que ça en devient lassant. Heureusement que ce n'est pas comme ça dans la vraie vie – enfin, pas pour moi. Matthew rentrera encore tard, alors j'ai mangé seule avec Lily puis nous avons mis ce film en nous installant confortablement sur le canapé.

Pour un lundi, je n'aurai pas pu espérer pire. Il y a d'abord cette lettre que nous n'arrivons toujours pas à décrypter, qui n'a aucune empreinte, ensuite, il y a cet homme mystérieux qui m'a complètement retournée en même pas une journée. Le truc qui m'inquiète, ce n'est peut-être pas le fait qu'il me fait de l'effet, c'est surtout le fait qu'il soit un potentiel suspect malgré qu'il me jure le contraire.

Quand je suis revenue au centre de police, j'ai regardé les informations que mes collègues avaient réussies à pêcher puis nous avons commencé à émettre des hypothèses dans lesquelles Alexander était toujours le meurtrier. Je n'ai pas pu m'opposer à celles-ci, je ne pouvais pas. Dans tous les cas, pour l'instant, nous n'avons presque rien, et Alexander est notre seul homme. Alors, j'ai décidé de m'occuper de l'entourage de Léo demain, Beck et Sylvain iront interroger les voisins du quartier tandis que Summer et moi iront rendre visite à ses parents. Je ne sais pas encore quand je vais pouvoir parler à la fameuse petite amie, mais je vais le faire. Si d'après Alexander, elle n'est pas stable mentalement, il va falloir y aller en douceur.

- Tiens, ça me fait penser... Monsieur Fritzch veut que je compose une musique à suspense... Mais c'est pas mon délire, tu vois ? fait-elle en me sortant de mes pensées.

Ce nom vous semble allemand ? Eh bien c'est le cas, Monsieur Fritzch est un professeur de musique allemand, il pratique depuis trente ans, je crois, et donne des cours à ma fille depuis qu'elle a commencé le piano – soit depuis sept ans. La cinquantaine, son corps et son visage sont toujours bien entretenus. Il n'est pas le genre de professeur à porter un costume d'aristocrate à chacun de ses cours, il est plutôt en tenue décontractée sauf pour les concert. Nous avons une bonne relation, il sait à peu près tout ce qu'il s'est passé dans ma vie depuis que je connais Matthew et il est d'excellents conseils.

- En quoi cela te dérange-t-il ? lui demandé-je en tournant ma tête vers elle.

- Je ne sais pas écrire comme ça... Tout d'abord car le suspense, tout ça, c'est pas ce que je réussi le plus et si je n'aime pas, je n'aurai aucun plaisir – et donc aucune motivation – à commencer cette partition. Tu sais, mon truc c'est plus les musiques douces, presque dépressives, me rappelle-t-elle en raclant les bords de son pot de glace.

- Hm, oui, je comprends. Mais tu peux peut-être t'inspirer d'autres musiques, proposé-je sans vraiment savoir de quoi je parle.

Je n'ai jamais eu besoin d'inspiration dans ma vie, sauf pour les devoirs au collège et au lycée, mais sinon je n'en ai pas besoin. Non, j'ai surtout besoin de réflexion, d'une bonne observation, d'avoir un tour d'avance dans mon sac... je dois en avoir dans la tête. Mais Lily fait de la musique et c'est tout autre chose.

- J'aimerais bien, seulement j'en ai aucune envie et je n'en connais pas, se plaint-elle en laissant tomber sa tête sur ses genoux repliés contre sa poitrine.

- Tu n'as qu'à demander à ton professeur, je suis sûre qu'il voudra bien te montrer un de ses répertoires et qu'il te sera d'une grande aide.

- Tu as sûrement raison, admet-elle en relevant la tête pour croiser mon regard.

Destroy Me : Ton honnêteté contre mon âme (En Pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant