Chapitre 11 (partie 2)

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Je marche dans les rues sombres de mon quartier pour rejoindre le bar huppé d'Antonio. Je n'ai pas pris ma voiture car si je bois, je ne pourrais pas prendre le volant, j'appellerai un Uber. Je ne retourne pas à l'hôpital, ce soir, pour ma plus grande surprise, Matthew s'est proposé de rester pour la nuit. J'en suis vraiment stupéfaite, mais tout de même heureuse.

Revenons à maintenant, pour l'occasion, j'ai ressorti mes fringues que je ne mets pas quand ma famille est là, un débardeur noir qui moule mes formes là où il faut, et un jean noir taille basse qui colle aussi à ma peau avec une chaîne relié sur les passants du pantalon. J'ai assorti tout ça à des petites tennis noires et une veste en jean noir déchirée à quelques endroits stratégiques.

Certains diront que c'est un style jeune pour une femme de ma tranche, mais je ne trouve pas, au contraire, ça me démarque de la société. Et ça ne me rajeunie pas, ça va avec ma morphologie. Je ne compte pas mettre ça jusqu'à soixante ans, mais tant que mon corps le supporte, je les mettrai. Puis, Alexander avait l'air d'aimer la dernière fois...

Je secoue la tête pour dégager cette pensée. Pourquoi faut-il toujours que j'en revienne à lui ? Je me fiche de savoir si mes vêtements lui plaisent, je ne m'habille aucunement pour lui.

Je presse le pas quand j'arrive à quelques mètres du bar car souvent, les gens qui y traînent ne sont pas très nets. Je vois déjà d'ici les lettres qui clignotent pour former A&J'rock bar. Ce sont les initiales de son prénom ainsi que celui de sa femme, Janine. Comme Aymeline et son mari, ils l'ont fondé ensemble. Il n'existait pas encore quand je fréquentais les boîtes de nuits, mais j'ai déjà eu la chance d'y aller pour une soirée entre amis ou bien pour dépanner, comme ce soir. C'est un bar-boîte de nuit très chaleureux accueillant tout le monde de tout âge et ce n'est pas l'alcool qui manque. Antonio aime bien tester de nouvelles choses, avec les boissons qu'il part chercher aux quatre coins du monde, il a même rebaptisé l'un de ses cocktails en « Harper's Madness » qui veut dire « la folie de Harper » et il a beaucoup de succès ! Ça me fait toujours rire rien que d'y penser.

J'arrive enfin devant la devanture du bar. J'observe un peu ce qui se passe à l'intérieur pour juger de la clientèle. Comme prévu, deux grandes télés sont installés en haut pour que les supporters puissent regarder le match debout ou assis dans les canapés. La lumière n'est pas complètement éteinte pour que les barmans puissent voir ce qu'ils versent dans les verres, mais la pièce est tout de même sombre. Je souffle un coup et pousse la porte en verre. Pour l'anecdote, celle-ci est réparée presque dix fois par an à cause des bagarres qui finissent toujours en accident. Un jour, j'ai assisté à une, et alors que le premier homme s'en sortait avec quelques blessures sur le visage, l'autre s'est retrouvé avec un énorme bout de verre dans le dos. Y penser me fout toujours la frousse. C'est fou ce que les hommes – ou femmes – peuvent aller loin lorsqu'ils ont bu.

Je repère tout de suite Antonio qui est en train de cajoler sa petite fille avant que sa maman ne la ramène chez eux. Je m'approche du comptoir et suis accueillie par Carter, un cousin de la famille. Il pose un coude sur la surface lisse et m'offre son sourire le plus dragueur. C'est un jeu entre nous depuis que je le connais.

- Salut ma beauté, tu t'es enfin décidé à venir me voir, commence-t-il.

- Ce n'est pas pour toi que je suis là. C'est Antonio qui m'a demandé de vous aider, ce soir, l'informé-je en lui rendant son sourire.

- Oh. Ça veut dire que je vais pouvoir reluquer ton cul toute la soirée ? demande-t-il, une lueur malicieuse dans les yeux.

- Bien sûr, rétorqué-je en levant les yeux au ciel.

Il n'est pas moche, c'est même le genre d'hommes avec qui j'avais l'habitude de sortir avant Matthew, mais nous savons tous les deux qu'il ne se passera jamais rien entre nous. Je n'irai pas jusqu'à dire que c'est mon meilleur ami, mais il tient presque ce rôle, car il sait être sérieux et me faire la morale quand je déraille – ce qui était quand même très rare avec Alexander. Bien sûr, il ne sait pas pour lui, mais il en sait bien plus que quiconque sur ma vie. Et je l'aime pour ça, parce qu'il n'y a aucun filtre entre nous et que je sais que je pourrai toujours compter sur lui, comme lui sur moi.

Destroy Me : Ton honnêteté contre mon âme (En Pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant