14. Friendship

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Ma nouvelle cellule était toute aussi froide et étroite que l'ancienne. Mon partenaire de cellule n'était pas là, Seungmin m'avait dit qu'il l'avait amené se faire soigner au deuxième étage, il aurait eu une altercation avec un des détenus. J'espère qu'il n'est pas du genre bagarreur, je n'aurais pas la force de le supporter. Cette petite pièce était si vide, je ne me sentais pas moins seul qu'avant, c'était même pire. Je ne retrouvais pas l'odeur de Hyunjin se mêlant aux effluves de métal comme c'était le cas juste hier, et cela me mettait mal à l'aise.

"Ah, même son odeur me manque.., je dois être sacrément entiché pour avoir des pensées pareilles" me dis-je sans trop y prêter attention.

Je me serais questionné immédiatement si la porte en acier trempé n'avait pas grincé à l'arrivée de Minho, qui accompagnait un jeune homme à la chevelure rouge.

- Salut, Lix, je vous laisse faire connaissance.

Minho referma la porte cadenassée et s'éclipsa sans dire un mot de plus. Son "salut" avait sonné très poli, sans âme, peu sincère. Je me fais sûrement des idées, mais j'ai l'impression qu'il m'en veut.

Mon regard se porta sur mon nouveau "colocataire" qui me fixait d'un œil inquiet, il semblait apeuré. Ses membres longs et fins étaient d'une pâleur affolante, et ses articulations saillantes renforçaient son air fragile. Il semblait sur le point de se briser. C'est moi qui devrait m'inquiéter pour lui.

- Ne.. ne me frappes pas, s'il te plaît..!

Une demande à l'allure de supplique qui m'inquièta de la façon dont il avait pu être traité auparavant. Sa voix n'avait été qu'un murmure cassant, je me sentais mal pour lui.

J'eus envie de lui dire "ça va aller" mais cela n'aurait pas été une parole sincère. Vu son état, ça ne pouvait pas aller, et je n'étais sûrement pas celui capable de l'aider. Il recula encore, s'enfonçant dans un des coins de la cellule, son corps frêle secoué de tremblements. Ne sachant pas quoi faire, je préférais ne pas m'approcher, craignant de l'effrayer plus encore. 

Après quelques heures à observer mon colocataire qui lentement se calmait, je me décidais à prendre du repos, cela nous ferait du bien à tous les deux, à qui le sommeil nous manquait visiblement.

Il était temps de fermer les yeux, et de souhaiter bonne nuit à la réalité.

~ ~ ~

Le lendemain, je continuais de garder mes distances avec ma nouvelle connaissance, dont je n'étais pas sûr de connaître le nom. Il me semblait familier, mais je ne ressentais pas le sentiment étrange de l'avoir oublié, pas comme avec Minho autrefois. Je l'avais sûrement rencontré récemment, sans y avoir suffisamment prêté attention pour me souvenir de quand et où.

Ma routine était toujours la même : quitter ma cellule et aller manger, puis effectuer les travaux que l'on m'imposait, et le jour touchant à sa fin trop vite pour que je ne puisse m'en rendre compte, je regagnais ma cellule, seul. Mais ce jour-ci était quelque peu différent, celui qui semblait m'éviter car je lui inspirais la crainte ne me lâchait pourtant pas d'une semelle. 

A la fin de la semaine, je me décidais à lui faire face. S'il m'avait suivi tout ce temps, c'est qu'il devait avoir quelque chose à me dire, non ? 

"Ou bien les autres détenus l'effraient, et il s'efforce de me faire confiance, car on partage la même cellule..."

Je balayais cette idée d'un revers de la main, penser au négatif ne fera que m'alourdir l'esprit, et ce n'est vraiment pas le moment pour ça. 

Mon corps trempé de sueur réclamait une douche, je n'avais pas goûté à la fraicheur de la propreté depuis tant de jours que j'eus arrêté de les compter.

"Je perds la notion du temps, depuis combien de mois suis-je ici ?"

Une légère pression au niveau de mon poignet me sortit de mes pensées. J'étais arrivé au niveau de notre cellule, ayant traversé ce couloir sans y penser. Mes pas avaient été guidés jusqu'ici sans que je ne m'en aperçoive, et j'étais maintenant prêt à fondre en larmes. Cette cellule est vide, elle ne nous appartient plus. Cela aurait pu être une bonne chose, mais ce vide me rappelait seulement sa présence évadée, que j'aurais voulu enlacer. Quant à ce qui avait fait pression sur mon poignet, il s'agissait de Jeongin, dont je venais subitement de me rappeler le nom, en voyant Seungmin surgir à ses cotés, le couvre-feu étant dépassé depuis bien longtemps.

- Encore à rêvasser, hein...

Le fils du directeur avait posé sa main sur l'épaule gauche de Jeongin, dont les longs cheveux mauves et rouges reposaient sur son épaule droite en une large natte. Celui-ci me lançait un regard empli de compassion. Chaque fois que Seungmin était dans les parages, la peur dans ses yeux semblait s'envoler. J'enviais leur proximité, que je déduisais comparable à celle que j'avais avec Hyunjin. 

Seungmin poussa un soupir, entre la peine et la résignation. 

- Je comptais me plaindre car tu n'as pas vraiment pris soin de mon Jeongin comme convenu, mais tu pleures encore...

Ce foutu sentiment m'avait encore une fois prit par surprise, et mes yeux réagissaient toujours avant que je ne puisse le réaliser. J'étais prêt à m'effondrer, c'était douloureux, c'était trop. 

"Je n'en suis pas capable."

~ ~ ~

Seungmin nous avait raccompagné à nos cellules. Enfin non, notre cellule, puisque son protégé et moi la partagions. Il était gentil, Jeongin. Contrairement à Jisung, il n'avait fait aucun commentaire sur mon état pitoyable. Pour lui je n'étais pas "un pleurnichard", ou sinon il ne le disait pas. Si gentil qu'il m'avait fait une demande étonnante, peu après que son ami nous ait laissé. Une demande simple, mais que j'avais besoin d'entendre.

- Est-ce que ça va mieux ?

Orion [HyunLix] ☑ (2020)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant