A Beautiful Lie - [ Ben Drowned ]

Anomalie

Je me remettais lentement de ce qu'il venait de se passer, les membres encore tremblants. Je n'arrivais pas à détourner mon regard de mes mains, m'assurant constamment quelles étaient intactes. Avais-je rêvé éveillée ? Je me redressais, et m'époussetais pour retirer les petites pelotes de poussières accrochées à mon pantalon. Ma tête me faisait mal sur le côté. Je m'étais bel et bien précipité sous le bureau, ce n'étais donc pas un rêve, la douleur me l'assurait.

-J'arrive !

Criais-je depuis ma chambre en poussant un soupir. Mon regard s'attarda sur la prise sans comprendre. Une expérience à ne pas réitérer... J'avais eue la peur de ma vie. Je pensais que tout cela serait fini aussi longtemps que je ne toucherais pas à mon PC et son câble d'alimentation.

J'étais loin de me douter que ce n'était que le début de mes ennuis.

Je déballais finalement les escaliers, l'esprit encore obstrué par de multiples pensées tournant autour de l'évènement précédent. Je m'attablais, et passais la soirée avec ma mère. Pas de devoirs, c'est tout l'intérêt des vacances. Mais je ne pouvais pas faire comme si rien ne s'était passé. Je devais en parler à quelqu'un, aussi fou soit ce que je raconte. Et la personne la mieux placée et en qui j'avais le plus confiance n'était autre que Cassandre.

Vers 22 heures, je m'engouffrais de nouveau dans ma chambre, tâchant de ne pas faire grincer les escaliers sous mon passage. Il était trop tard pour parler à Cassandre. Je m'emparais de mon téléphone portable, avec une idée bien précise en tête.

Vous :

Hey ! Tu dors ?

Cassandre :

Nope, pas encore !

Tu veux parler ?

Vous :

Ahah, pas ce soir, je suis crevée ! Mais j'ai un truc de malade à te raconter. Demain, ramène-toi chez moi.

Cassandre :

ENFIN !! Une info croustillante j'espère ?

C'est un mec ? ;)

Vous :

Naaan, arrête avec cette obsession.

Célib' et fière de l'être :D

Cassandre :

Rabat-joie !

A demain <3

Vous :

Bonne nuiiit !

Cassandre :

Tu savais que ton prénom, ça voulait dire "richesse et honneurs" ? Et y a un délire Grec et Hébraïque autour de "Dieu est comme un feu" :3

Vous :

Bien essayé.

B-O-N-N-E

N-U-I-T !

J'esquissais un petit sourire et éteignais mon téléphone portable.

Du moins, j'essayais. L'écran venait de se figer sur mes derniers messages, et impossible de le débloquer. Je regardais la batterie. 75%. La chaleur peut être ? Impossible, il était froid et je l'avais à peine utilisé ! Je fronçais les sourcils, et le déposais sur ma table de nuit. L'écran affichait une lumière suffisante pour éclairer l'entièreté de ma chambre plongée dans le noir.

J'avais peur que mon téléphone reste comme ça, et que ça réveille ma mère.

Pire, qu'elle me confisque mon téléphone !

L'enjeu était pourtant bien plus grand que ce genre de futilités. Je sursautais lorsque mon téléphone se mit à vibrer en tout sens, et reculais jusqu'à atteindre mon lit. L'engin électronique n'avait définitivement pas un comportement normal. Des bugs ? J'en doutais. Surtout depuis que la lumière avait viré à ce même vert que mes doigts avaient prit lorsqu'ils s'étaient pixelisés pour commencer à partir peu à peu. Désormais, j'avais peur de cette couleur. J'avais eu la sensation de mourir quand je l'avais vue.

Je pris mon courage à deux mains, et me rapprochais prudemment, pas à pas, de l'objet qui s'affolait de sonneries. Je le prenais entre mes mains, le sentant d'autant plus vibrer. J'inspirais profondément et appuyais férocement sur le bouton éteindre. Je regardais avec un air ahuri la batterie se décharger à une vitesse incroyable, alors que la lumière verte traversait l'écran du petit objet, m'éblouissant.

74%

56%

49%

31%

24%

13%

5%

...

0%.

Bon sang ! La batterie était vide !! Comment c'était possible ?! L'écran restait allumé ! Mes yeux s'écarquillèrent à ce qu'affichait ensuite l'écran tactile. La batterie continuait de descendre alors que ce n'était clairement pas possible ! Un petit rire nerveux m'échappait.

-1%

-4%

-12%

-17%

-19%

Je lâchais brusquement mon téléphone, plus fébrile que jamais. Au choc, l'écran s'était fissuré sur un coin. Puis un texte s'affichait, bougeant frénétiquement, comme un glitch. Je n'osais pas m'approcher davantage, mais mon regard ne quittait pas pour autant le téléphone. La lumière verte me brûlait la rétine, mais je fis un effort pour lire la petite phrase, m'attendant presque à un message de produit expiré. J'aurais vraiment aimé obtenir ça, au moins pour ôter la tension qui me faisait suffoquer doucement.

J'eus le droit à autre chose. De beaucoup, beaucoup moins rassurant.

"You shouldn't have done that."