A Beautiful Lie - [ Ben Drowned ]

Carte Mère

Je reculais d'un pas, et me prenais les pieds dans la console de jeu qui traînait au sol, poussant un cri de surprise et de frayeur. Le sang battait dans mes tempes, et mes mains étaient prises de légers tremblements. Ma respiration s'emballait, je ne parvenais pas à détourner les yeux de ce qu'il se passait devant moi.

Fuir !

Mon esprit me hurlait des fuir, mais comment ?!

Crier.

Appeler à l'aide.

Tout et n'importe quoi !

Mais non, mais jambes restaient toujours immobiles, figées. Qu'est-ce qui se passait dans cette putain de maison ?! Ça ne tournait pas rond !

Le téléphone portable continuait d'afficher ce message en toutes lettres, la lumière éclairait chaque parcelle de ma chambre, chaque centimètre carré, et... mon ordinateur s'était allumé, l'écran était de cette même couleur verte irréelle qui me paralysait intégralement. Une main venait de se poser sur la surface de mon bureau, sous mes yeux écarquillés. Ma voix était définitivement bloquée, noyée au fond de ma gorge. Il y avait quelqu'un qui sortait de mon écran. Je nageais en plein rêve. Non, en plein cauchemar !

Et comme un serpent qui hypnotiserait sa proie, je fixais le bras laisser passer une épaule, et une seconde main qui agrippait l'écran. Finalement, une tignasse blonde apparut, aux reflets verts causés par la lumière virtuelle. Mes yeux me piquaient, autant parce que ladite lumière me brûlait les yeux que parce que je voulais m'effondrer en larme. Je n'étais plus qu'une boule de nerfs prête à craquer.

C'est quand je vis son regard inhumain se poser sur moi que mon corps décida enfin de réagir. Sortie de ma paralysie, je me redressais brusquement et me précipitais vers la porte de ma chambre, prenant mes jambes à mon cou. La porte claqua violemment contre le mur, et je dévalais les escaliers sans me retourner une seule fois.

Oh mon dieu.

Oh mon dieu.

Oh mon dieu.

Je vais avoir une crise cardiaque.

Je manquais de trébucher aux dernières marches, mais je retrouvais mon équilibre, et fonçais vers la chambre de ma mère.

-MAMAN ! IL Y A UN... UN TYPE DANS MA CHAMBRE !

Mes cris et le boucan que j'avais provoqué sur les escaliers l'avaient déjà bien réveillée.
-Un voleur ?! Il est armé ?!

Et la voilà qui ressortait de la cuisine, tenant une poêle en main et un couteau de cuisine.
-Appelle la police Elea, et on sort d'ici !

Elle gardait la tête froide, elle, au moins. J'hochais la tête et me précipitais sur le combiné pour composer le numéro des forces de l'ordre, sans plus réfléchir. On décrocha. Ma voix tremblait, mon cœur battait à toute allure.

-A...Allô ? Venez vite à-

"You've met with a terrible fate..."

Je retenais ma respiration, laissant quelques secondes de vide, sans parvenir à comprendre.

-Q...Quoi ?

"...Haven't you ?"
Je relâchais le combiné, qui pendait au dessus du sol, simplement retenu par le fil. C'est quoi ce délire... Ma mère m'attrapa par la main, pensant que j'avais prévenu la police, et se dirigea vers la porte. Je la suivais simplement, mon esprit comme détaché de la situation. Ce n'était clairement pas le moment de lui expliquer ce qu'il venait de se passer, je n'y comprenais moi même strictement rien, je ressentais juste cette peur qui me retournait le ventre, ce sentiment de danger imminent, d'oppression.

Ma mère me tendit ses ustensiles de cuisine pour un court instant, saisissant les clés posées sur une petite table à l'entrée. Elle inséra la clé dans la serrure, un petit cliquetis retentit, et ma mère tourna la poignée.

Ou du moins, c'est ce qu'elle tenta de faire, avant de reculer brusquement en poussant un cri de douleur.

-Qu'est-ce qu'il y a ?!

-La poignée, elle est électrisée...

Nous échangions un regard alerté.

-On peut sortir par les fenêtres, la porte arrière, ou bien on retourne en cuisine chercher des gants pour ouvrir la porte !

Élaborais-je. J'étais arrivé à un stade où j'acceptais simplement les choses telles qu'elles étaient, sans me poser de question. Ma mère, elle, semblait toute retournée, et s'embrouillait l'esprit d'une panique sourde et de questions sans réponses. C'était peut être un malade qui faisait des illusions d'optiques, et qui avait prévu de nous faire peur, en piégeant toute la maison. C'est ce que j'imaginais être les pensées rationnelles de ma mère. Et j'aurais pensé pareil, mais il y avait quelque chose de vraiment pas net dans toute cette histoire. Et je n'avais pas le courage de penser à cela tant que nous n'étions pas sorties de notre propre maison. Il n'y avait pas de temps à perdre.