Données corrompues

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Le vent se fit un peu plus fort. Il lâcha ses ballons. Ces derniers prirent leur envol. J'écarquillais soudain les yeux, les ballons s'envolaient dangereusement haut, portés par le vent, en direction de... Oh non !

L'inévitable se produisit. Les ballons explosèrent en rencontrant de plein fouet des câbles électriques. Des étincelles jaillirent, avant que les lampadaires ne clignotent, puis ne s'éteignent définitivement, court-circuités. Je criais, les larmes aux yeux. Je voulais me réveiller maintenant, c'était assez ! Dans la nuit noire, je me sentis aspirée par quelque chose. J'étais mortifiée, ma respiration était saccadée. Puis ce fut le noir. J'avais cette impression de légèreté, je flottais dans une bulle glaciale, noire. Je tremblais. Je claquais des dents.

Tout cela n'était qu'un cauchemar. Rien qu'un cauchemar. Je voulais ma mère, qu'elle me prenne dans ses bras et me dise que tout irait bien... Le temps se déroulait différemment, je ne savais même pas si j'étais éveillée.

Puis je sentis une douce chaleur. Seul réconfort dans cet endroit esseulé. J'en cherchais la source sans la trouver. Une douce caresse sur mon visage finit par me faire émerger de cet endroit lugubre. J'ouvrais doucement les yeux, le corps engourdit. J'étais bien, allongée sur ce lit, enlacée, j'avais chaud... Je tressaillis. Enlacée ?! Je relevais vivement la tête, uniquement pour rencontrer une paire d'iris rouges sang qui m'observait tranquillement. J'hoquetais de terreur alors que mon visage se décomposait, pâle. Puis je criais de toute mes forces. Une main se referma sur ma bouche pour me faire taire, et je couinais misérablement, les yeux larmoyants. La personne en face de moi grogna.

-Arrête de crier, tu me casses les oreilles.

Je serrais la couverture entre mes poings fermés, fébrile. Il avait l'air de faire jour, malgré les volets fermés de la pièce. Je pouvais discerner sans peine le visage de mon agresseur, et ses oreilles mignonnes pointues comme celles des Elfes. Il était déguisé...?

-Je vais retirer ma main, alors évite de crier.

J'hochais la tête avec peine, sentant mon envie de pleurer redoubler. Il retira lentement sa main, voulant s'assurer que je tenais parole. Et je gardais bien évidemment les lèvres scellées. Je me redressais sans faire de gestes brusques, sans quitter l'être en face de moi. Mon regard tomba sur un écran et une console de la chambre. Et des tas de jeux, DS, et figurines de jeux vidéos. Ce type était un geek ? J'étais dans sa chambre ? Alors... Pourquoi j'étais allongée avec lui dans le même lit ?! Mon dieu que c'était embarrassant...! Terriblement gênée et confuse, je me demandais comment j'avais atterri là. Mes souvenirs de la veille me paraissaient vagues et lointains.

-Où... Où est-ce que je suis...? Qui es-tu...?

Le blond en face de moi se mit à sourire étrangement, et porta sa main sur ma joue rouge. Je frémis doucement et me reculais.

-Intéressant...

-Répond !

Fis-je, soudain angoissée, torturée par un mauvais pressentiment.

-Tu ne te souviens pas, Elea ?

Il pencha sa tête sur le côté, toujours avec ce sourire que j'arrivais désormais à identifier comme malicieux. J'eus l'impression de recevoir une douche glacée. La façon dont il prononçait mon prénom avait quelque chose de désagréablement familier. Sous le coup de la terreur, je reculais, mais atteignant le bord du lit, je tombais en poussant un autre cri et percutais douloureusement le sol.

-N...Ne t'approche pas de moi !!

Dis-je, affolée. Il ne bougea pas d'un pouce et arqua un sourcil, amusé par ma réaction.

-Ma mère... Qu'est-ce que tu as fait de ma mère ?! Et l'autre type déguisé en clown ?!

-Calme, ma belle. Le "type déguisé en clown" s'appelle Laughing Jack. C'est une connaissance. Et pour ta mère... Humm... Elle n'existe plus. Mais je l'ai sauvegardée.

-Qu...Quoi ?!

Je sentais des gouttes chaudes ruisseler le long de mon visage, pour venir s'écraser sur le sol par intermittences. Le blond leva les yeux au ciel, l'air ennuyé.

-Et elle chiale maintenant.

J'étais furieuse, et défaitiste. Je serrais les poings en tremblant et essuyais rageusement mes larmes, mes épaules secouées par des spasmes et des hoquets. Ce type n'avait aucune empathie.

-...C...Connard !

Il se leva avec un air insolent sur le visage. Alors qu'il faisait des pas vers moi, qu'il se rapprochait dangereusement, je reculais. Je sursautais en rencontrant la surface froide d'un mur. Il se posta juste en face de moi, et sa main s'écrasa violemment près de ma tête, contre le mur, dans un grand bruit intimidant. Je sursautais brusquement.

-Répète un peu, princesse ?

Je baissais immédiatement la tête, effrayée, en déglutissant péniblement.

-...C'est bien ce que je pensais.

Honteuse de ne pas avoir été capable de lui tenir tête, je me crispais légèrement. Mais à ma grande surprise, il ne me fit rien. Il se contenta de me tourner le dos pour aller s'installer devant sa console. Je portais une main à mon buste, pour calmer les battements affolés de mon coeur. Ma respiration allait à un rythme tout aussi saccadé.

A Beautiful Lie - [ Ben Drowned ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant