Sympathie(.exe)

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Je remarquais dans un coin un ordinateur qui avait une ressemblance troublante avec le mien, avant de comprendre qu'il était tout simplement allé chez moi pour le récupérer. Mais pourquoi ? Ce truc n'avait aucune valeur monétaire, il aurait pu prendre des choses couteuses... Pourquoi ce vieil ordinateur en particulier ? Troublée, et des pensées plein la tête, je me demandais si l'école allait remarquer mon absence. Et aussi ma meilleure amie. Je pouvais compter sur elle...!

Je restais une bonne demi-heure debout, dans mon coin, sans oser respirer trop fort ni bouger. Je me contentais de le regarder jouer... Ce jeune homme inconnu avait vraiment des yeux étranges. Il était assit sur le sol, en tailleur, le dos courbé et ses doigts pianotant avec une rapidité habituée sur sa console. Il semblait concentré, et à chaque fois qu'il pestait contre le jeu, je ne pouvais m'empêcher de sursauter, de crainte qu'il ne s'adresse à moi. Jusqu'alors il ne m'avait pas vraiment blessée... C'était un minimum rassurant, et je finis par prendre mon courage à deux mains pour briser ce silence qui me crispait. J'avais besoin de réponses.

-Qui... Es-tu...?

Ma voix était beaucoup plus faible que ce que je ne pensais, et il gardait toujours son regard inhumain rivé sur l'écran. Si bien que je cru qu'il ne m'avait pas entendue. Je me préparais à réitérer ma question, lorsqu'il lâcha soudain sa console, me provoquant un nouveau sursaut. L'écran affichait qu'il avait mit le jeu sur pause. Je détournais les yeux pour fixer le blond, qui, à ma stupeur, me fixait finalement. Intimidée par son regard insistant, je détournais le regard vers le sol en me liquéfiant sur place.

-Ben.

Mon cœur rata un battement alors que je relevais tout aussi soudainement le regard vers lui. Il reprit, ayant toute mon attention.

-Je m'appelle Ben.

Il m'avait l'air moins... Menaçant, et plus humain. Mais avec des yeux pareils, on ne pouvait pas dire qu'il était humain. Nous restâmes à nous dévisager mutuellement en silence, et je surpris son regard se poser sur mes lèvres, avant qu'il ne détourne le regard en soupirant bruyamment pour faire diversion. Ce geste était tellement normal qu'il me tira un discret sourire. Je pris une vive inspiration, les épaules tendues, et m'essuyais les yeux avec ma manche, fatiguée d'avoir pleuré. Je reniflais doucement et m'asseyais sur son lit défait, abaissant ma garde. J'étais persuadée qu'il n'allait pas me faire de mal, comme un pressentiment. Quelque chose de blanc se retrouva sous mes yeux, et je clignais des paupières, avant de comprendre que "Ben" me tendait un mouchoir, le regard fuyant.

-Merci...

-J't'en prie.

Je le pris précautionneusement et me mouchais, alors qu'il restait debout face à moi, à se gratter la nuque. Il poussa un soupir, hésitant.

-Écoute. Je voulais vraiment pas jouer les méchants avec toi...

Je le fixais avec perplexité.

-Tu t'excuses ?

-Quoi ? Non ! Je... Enfin...

L'elfe si sûr de lui paraissait tout à coup indécis, et il choisit la solution de facilité en me tournant le dos et en se réinstallant devant ses jeux vidéos.

-Tu sais que je ne pourrais pas te pardonner comme ça. Tu m'as kidnappée et menacée chez moi, et tu as fais disparaître ma mère. On ne se connait pas...! Alors... Pourquoi ? Tu... Tu étais terrifiant.

Le Link démoniaque était dos à moi, je ne pouvais pas voir son expression à cet instant. Mais ses épaules se secouèrent alors qu'il riait doucement en secouant la tête. Il tourna la tête vers moi, un léger sourire fiché sur le visage.

-Tu ne te souviens vraiment pas ?

Je fronçais les sourcils.

-Me souvenir de quoi ?

Il se laissa tomber en arrière et s'allongea sur le sol, sur son oreiller, à fixer le plafond en glissant ses bras sous sa tête.


-Laisse tomber. Et pour ta mère, je ne l'ai pas tuée. Je peux la faire revenir. Je peux même te ramener chez toi et faire comme si rien de tout ça n'était arrivé...

Je me redressais, le cœur battant d'espoir.

-Vraiment ?! Alors tu pourrais-

-Tututut. Pas si vite. J'ai dis que je le pouvais. Pas que je le ferais.

-Mais... Pourquoi ?

Je le fixais en tâchant d'en comprendre la raison, et je portais soudain ma main à mes lèvres en écarquillant les yeux. Il... Il flottait dans les airs... Comme un fantôme...! Toujours dans sa position originale, allongé, il se tourna sur le ventre, le menton reposant sur ses bras. Il me toisa, puis d'un bug brusque, il se matérialisa juste devant moi, me faisant tressaillir. J'avalais ma salive en relevant la tête vers lui.

-Je te garderais jusqu'à ce que tu te souviennes.

Il se pencha vers moi, et il vint capturer une de mes mèches de cheveux rebelles entre son pouce et son index.

A Beautiful Lie - [ Ben Drowned ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant