Chapitre 13

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Criminel se présente devant une énorme maison, isolée, au bord de la mer.

C'est sombre. Et un peu délabré. Mais Criminel s'en fiche. C'est la personne qui habite ici qui l'intéresse.

Un homme, environ la cinquantaine, le fait entrer, avant que notre héros attrape un rhume.

Il le fait asseoir dans un grand salon. Criminel profite. Il aime cet endroit.

- Alors... Que... Que cherchez vous ? Par ce temps. Puis...

- Vous avez connu Claire De L'Espérance.

L'homme est stupéfait. Bien sûr que oui qu'il l'a connu ! C'était sa femme !

Criminel continue :
Vous êtes parti. Quand elle est décédée. Pourquoi ne pas avoir pris l'enfant ?

L'homme répond automatiquement malgré sa surprise :
Eh bien... À l'époque... J'étais trop irresponsable pour m'occuper seul d'un enfant. Je ne.. Je n'avais pas la force après elle. Je n'avais plus la force.

- Ah.

- Mais... L'enfant est mort.

- L'enfant est en vie.

- Vous le connaissez ?!!!

- Oui. C'est un ami.

- Oh Clarence.... C'était un gosse formidable. On disait qu'il était mauvais mais il était si sage...

Criminel se lève et se tourne vers la fenêtre. Il observe l'extérieur tandis que Monsieur De L'Espérance raconte.

- Il était si beau. Il ressemblait à Claire. Il ne faisait pas beaucoup de bêtises... Mais quand il en faisait ! Elles étaient graves !

- Vous avez des exemples ?

L'homme ne se fait pas prier. Ca fait si longtemps... Il s'accroche à quelques bribes de souvenirs.

- Comme la fois où il a touché aux couteaux de cuisine. Il en a gardé une cicatrice sur la joue.

- Racontez moi.

- Jeune homme je... Je ne sais plus trop. C'était il y a si longtemps.

- Pourquoi l'avoir nommé Clarence ?

- Oh Claire adorait ce prénom ! Elle adorait le répéter encore et encore. Elle disait " Clarence l'enfant mauvais"!
Et elle riait parce que c'est un nom si doux. Ça allait très mal avec le surnom que les gens lui donnaient !

- Pourquoi est-il resté sans nom alors ?

- Je...J'avais envie qu'il change de vie. Qu'il soit adopté par une famille et qu'il se refasse une vrai vie. Avec des parents.

- Il est resté orphelin.

L'homme se tait. Ca en fait beaucoup d'un coup. Puis il ne sait rien de son interlocuteur !

- Et vous ? Qui êtes vous ? Vous venez juste pour me faire ressurgir des souvenirs ?

- Je viens parce que... En faite... Il a besoin de parents. Voilà... 3 ans qu'il cherche une famille. Et il a enfin trouvé.

La voix de Criminel s'éteint. Il sent les larmes couler doucement sur ses joues.

- Jeune homme vous... Assiez vous.... Vous voulez-Vous lui ressemblez.

- Ah vous trouvez ?

- Oui... Je... C'est drôle comme j'ai l'impression de le voir.

Criminel rit un peu. L'homme reconnaît se rire. Voilà 19 ans qu'il ne l'a plus entendu.

- Clarence?!!!! C'est... C'est bien toi ?!

Criminel ne donne pas de réponse. Il se contente d'éclater en sanglots.

-Mon fils !

Le père serre de toutes ses forces son fils qui ne s'arrête plus de pleurer. Il a enfin quelqu'un. Il a enfin une famille !

Après une longue étreinte, les deux hommes s'écartent. Comme pour mieux s'observer.

-Que tu es beau. Comme tu as changé. Tu étais si petit !

- Papa. P.. Papa.

C'est la seule chose que Clarence peut dire. Papa. C'est la première fois qu'il le dit.

Son père prend ce visage mouillé de larmes entre ses mains, le sourire aux lèvres.
A une époque, il attendait avec impatience que son fils sache parler. Pour pouvoir entendre ce mot. Et il n'en a jamais eu l'occasion.

Les deux hommes s'observent longuement avant de s'enlacer encore une fois.

Criminel se sent exister pour de bon.
Il a son père dans ses bras, il a quelqu'un.

-Tu sais Clarence... Après toi et Claire je n'ai pas eu la force de changer de vie. Je suis resté amoureux de ta mère. Je le suis encore. Je t'ai toujours, même quand je t'ai... Abandonné.

-Eh papa ?

-Mmh ?

-Je t'aime.

-Moi aussi.

Qui est-il ? Où les histoires vivent. Découvrez maintenant