Criminel est assis sur le trottoir, dos à l'orphelinat.
Il pleut. Il fait froid. Mais il reste là, en chemise, les cheveux trempés.
Il reste là parce qu'à une époque, tous les mercredi, il s'asseyait là et il attendait.
Au début, il savait ce qu'il attendait. Ses parents.
Quand il était petit, il était persuadé qu'ils viendraient le chercher.Puis un jour... Un jour il a compris que sa famille n'existait pas. Plus.
Mais il a attendu. Il ne savait plus quoi. Mais il attendait. Et il restait encore plus longtemps quand il pleuvait.
Criminel se remémore ses moments. Il se rappelle qu'il aimait attendre sans savoir quoi. Il se souvient qu'il observait les passants.
Notre homme sort de sa poche un bijou qu'il ne quitte pas. Jamais. Le trésor. Il observe son reflet dans une flaque d'eau.
On l'appelle:
Qu'est ce que tu fais là ?!!Monsieur Martin.
Criminel se retourne.
-Je pense.
-Tu n'en as pas marre ? Tu devrais passer à autre chose. Tu as attendu toute ta vie ici.
-Je peux voir l'orphelinat ? Je veux dire... L'intérieur. Pour me souvenir.
-Viens. Tu es trempé ! Quand je pense que Mademoiselle Anne a fait le ménage hier...
Ils entrent dans l'orphelinat. Criminel demande:
La première fois. Comment je suis rentré dans le bâtiment ?Le vieux est surpris, qu'est ce qui lui arrive !?
-Eh bien... Je t'ai pris par la main et on a avancé, sans regarder derrière.
Notre héros acquiesce.
Monsieur Martin entraîne le jeune homme dans les couloirs, évoquant des souvenirs.
-Ça c'était ta chambre. Les enfants refusaient de dormir avec toi au dortoir. Alors on t'a déplacé ici. Mais tu as beaucoup aimé.
-Je me rappelle que je m'assyais sur le rebord de la fenêtre et je regardais dehors.
-Tu passais tes journées à rien faire.
Les couloirs défilent à nouveau, les deux hommes arrivent à la cuisine.
-Ici... C'est un endroit spécial. Quand tu as découvert cette pièce, la première chose que tu as fait, c'est regarder les couteaux.
-Ça a du faire peur non ?
-On a tous été terrorisé. Mais on a cherché à te trouver des loisirs pour éviter que tu reviennes dans cette salle.
Criminel sourit. Il se souvient. Il se souvient qu'un jour, il a pris un couteau, par curiosité. Il y avait une petite fille avec lui. Elle l'a regardé, déconcertée. Il se rappelle qu'elle a pris la fuite. Il se rappelle qu'il a rigolé.
Après avoir fait le tour du bâtiment, ils passent devant l'école.
-Cet endroit.. Tu disais qu'il était maudit. Tu n'as jamais mis un pied dans cette salle. Jamais.
-Jusqu'à cette année.
-C'est vrai.
Ils continuent leur chemin traverse des salles, des couloirs pour arriver dans la cour de récréation.
-Toi tu te mettais dans ton coin, avec une bille et tu passais ta pause à la regarder. Tu étais vraiment spécial.
-Monsieur Martin.. Vous vous rappelez la fois où je me suis battu ?
-Oh oui !!! Ton adversaire a été envoyé à l'infirmerie !
-Ouch. Qu'est ce qu'il m'avait fait déjà ?
-Il avait... Insulté.. Ta maman.
-Ah. Donc ça va, il l'a mérité.
-Tu sais Criminel... Ils ont essayé d'être gentils avec toi. Mais... Tu étais tellement différent d'eux. Tu paraissais tellement dangereux qu'ils ont préféré être distant.
Crim' sourit. Il sourit pour rien. Ses souvenirs lui font mal. Et en même temps... Il ne sait pas.
-Et après ?
-Tu es parti. Avant l'heure bien sur. Tu étais trop jeune pour travailler.
-Mais je m'en suis sorti.
-Il faut que tu saches, Criminel... Que moi je t'ai considéré comme un fils.
Notre héros sourit encore plus. Il l'a toujours apprécié le vieux directeur de cet établissement.
-Vous vous rappelez quand de temps en temps on buvait notre chocolat chaud en face de la cheminée, sans parler...
-Tu ne parlais pas beaucoup. Je ne faisais pas la conversation. J'étais persuadé que tu allais m'ignorer.
-J'aime le silence. C'est une chose reposante.
-Tu devrais rentrer chez toi Crim', il va être tard et je ne veux pas que tu traînes dehors.
-Alors je vais rentrer. Au revoir Monsieur Martin.
-Au revoir !
Criminel tourne le dos au bâtiment et retourne chez lui.
Il s'assoit tranquillement sur le canapé et ressort la photo trouvée dans la vieille maison.
Il la regarde dans tout les détails. Tout. Même les fleurs en arrière plan.
Il tourne la photo. Son regard s'arrête sur une inscription.
Claire, Clément et Clarence.
Criminel sent son cœur battre vite. Trop vite.
Clarence. Clarence. Clarence? CLARENCE?!!!!!
-Clarence De l'Espérance?! Non... N- C'est...
Les mains tremblantes, Criminel panique.
-C'est... Moi? Je.... Je m'appelle Clarence?!!
Alors il se met à pleurer. Puis à rigoler.
-Je m'appelle Clarence. Clarence De l'Espérance, 19 ans.
Il se lève et sort de sa maison pour prendre l'air.
Il existe pour de vrai. Il a une identité. Une vraie. Il a un nom. Il est. Il ne s'appelle pas Criminel. Non c'est ridicule comme prénom. Il s'appelle Clarence!!
-Je suis Clarence. Ah ah !!!!! J'ai un prénom !!!
Il court le long de la rue et traverse la ville pour arriver chez Anne.
Il toque précipitamment.
-Salut Crim'! Entre.
-Devine quoi Anne.
-Mmh... Tu as volé un nouveau bijou qui va te rapporter beaucoup ? Tu as découvert que ton couteau avait une lame fascinante ? Tu viens de te racheter des balles pour ton flingue ?
-Non. Mieux que tout. J'ai une identité.
La jeune femme saute dans les bras de notre héros qui n'en finit pas de sourire.
-Raconte !!! Qui es tu pour de vrai !!!?
-Clarence De l'Espérance, 19 ans. Pour vous servir Mademoiselle!
-C'est génial !!! Clarence!
Il l'a serre dans ses bras et enfouit sa tête dans son cou.
-J'ai une identité Anne. C'est bien hein ?
-C'est trop bien.
Criminel, ou plutôt, Clarence, se met à verser quelques larmes.
Que c'est bon de savoir qui on est. Que c'est bon d'avoir un prénom.
Voilà. Criminel sait qui il est. Et c'est une chose peut être banale pour vous mais très exceptionnelle pour lui.
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Qui est-il ?
Mystery / ThrillerCriminel aime les femmes, les bijoux et le jeu. Il adore jouer. Il joue à des jeux très amusant. Comme le meurtrier. Ou le voleur. Criminel existe. Il est le passé. Il est le présent. Et le futur. Autre chose. Criminel ne sait pas qui il est. Crimin...