Qui est-il ?

Chapitre 11

La maison est vielle. A l'abandon. Les ronces attaquent la demeure. Le portail rouillé disparaît sous la végétation.

Cet endroit est sauvage. Les fenêtres sont cassées, et la porte ne doit pas servir à grand chose.

Criminel escalade le portail en dégageant les lianes puis traverse le jardin envahit de toutes sortes de plantes embêtantes.

Enfin. Il y est. La main sur la poignée, le cœur battant, il se murmure :
C'est chez toi. Fais le.

Alors il appuie sur la poignée et entre au milieu du grincement de la porte.

La première pièce est sombre. Vieux fauteuils, vieux meubles attaqués par les mites et vieux murs au point de s'effondrer.

Criminel passe lentement ses doigts sur les différents meubles abîmés avant de traverser en entier la pièce pour découvrir des escaliers.

Quelques marches ont disparu, faisant place au trou.

Criminel monte l'escalier, prenant des précautions pour ne pas tomber.

Il arrive en haut. Un couloir. Sombre. Noir. Vide. Pas la moindre trace de vie autre que les bestioles logeant ici.

Il avance, pousse une porte piteuse et entre dans une pièce.

Elle lui est familière. Il avait beau être petit... Il s'en souvient.
C'est sa chambre.

Un petit lit s'effondre au sol, les draps sont encore là et si ça n'était pas sur le point de tomber on pourrait croire qu'il y a une famille ici.

C'est comme si... C'était une chambre fantôme. C'est comme si il voyageait dans son passé.

Il ouvre les tiroirs. Des couches en lambeaux, des vêtements et autres accessoires pour bébé.

Il arpente la chambre en essayant de se souvenir.

Il observe le lit. Un jour, il s'est allongé ici. Un jour il a eu une maman pour le bercer. Un jour... Il était un enfant gâté. Un enfant aimé.

Il sort de la pièce et se dirige machinalement, comme si il l'avait toujours fait, vers la chambre des parents.

Il n'y a plus de porte, laissant voir une autre pièce fantôme.

Criminel entend son cœur battre. Parce que ce lit.. Il y a eu ses parents à cette place. Il y a eu sa mère. Il y a eu... Ses dernières heures à elle.

Les membres tremblants, Criminel reste sur le pas de la porte. Cet endroit lui fait peur. Mais cet endroit est beau.

Pris de nausée, il se précipite dans le couloir voulant s'éloigner le plus vite possible de cette pièce. De LA pièce. Le lieu... Le lieu de la fin... Et d'un commencement infernal.

Criminel se laisse tomber contre un mur et pleure.

Il s'était dit qu'il pouvait le faire. Mais maintenant... Ça le hante. Il sait qu'il aura du mal à ne plus y penser.

Les larmes s'écrasent sur le sol. Et doucement, tout doucement Criminel se calme.

Il finit par se relever, serre les poings et entre dans la fameuse pièce, déterminé.

Il ouvre à nouveau des tiroirs. A la recherche de- Il a trouvé.

Il prend le papier dans ses mains et le fixe avec attention.

C'est une photo. Enfin.. Il sait. Il sait à quoi ressemblaient ses parents.

Il y a une jeune femme. Grande, silhouette élancée, cheveux bruns et yeux noisettes. C'est elle. C'est... Sa mère.

-Maman. Claire De l'Espérance.

Tout sourire, elle tient dans ses bras un petit garçon au regard vague. Sur sa joue rouge, il y a une petite cicatrice. Sur ses lèvres, il y a un sourire constant.

L'homme à côté d'eux regarde son fils, les yeux pétillants. Blond aux yeux verts. Criminel reconnaît ses yeux. Silhouette droite et fière, rien ne peut l'atteindre.

Cette famille c'est la sienne. Criminel n'arrive pas à se le faire comprendre. Il le sait mais c'est tellement... Inprobable.

Lui. L'enfant mauvais. L'orphelin dangereux. Lui. Cet enfant là. Cet homme là. Il a une famille. Il a eu un père et une mère. Il a eu de l'amour. Il a eu une vie agréable.

Criminel tourne les talons, les yeux embués de larmes.
Il descend les escaliers et sort de la maison, la photo dans la main.

Il se tourne vers la maison. Elle est le passé. Elle est une chose douloureuse.

Il lui tourne le dos, résolu et s'en va, les larmes roulants délicatement sur ses joues. Les larmes roulants cruellement le long de son visage.

Alors il se fait une promesse. Une vraie qu'il tiendra parce que ça lui tient à cœur :

Si il meurt. Il mourra ici. A la place de sa mère. Comme un hommage à la femme de son passé qui hante son présent.

- À maman.