Un jeune homme amoureux observe sa muse

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Après une heure, peut-être deux, mes yeux commencent à fatiguer. Je pose l'ouvrage sur mes cuisses, m'étire en baillant et laisse mon regard parcourir la bibliothèque. La fenêtre entre ouverte laisse entrer un courant d'air qui joue avec le voile de la chambre en face de moi. Ce voile derrière lequel, cette nuit, un ange dors. La brise se fait un peu plus puissante et le tissus flotte suffisamment haut pour que j'entrevois son visage paisible, entouré de longues boucles brunes qui s'étalent avec grâce sur l'oreiller, comme de l'eau. Sa bouche, rouge, est entrouverte et je devine le souffle qui en sors, régulièrement. Dans l'obscurité je ne vois pas les détails de sa peau mais je sais, présentent sur son nez, des dizaines de petites tâches de rousseurs. Sa main est au dessus de sa tête, me laissant une vue imprenable sur la peau laiteuse de l'intégralité de son bras, de son épaule de..
Je détourne le regard à tout vitesse, j'ai chaud. Je mord ma lèvre, je ne devrais pas être là, je ne devrais pas la regarder. Elle est la sœur de mon meilleur ami. Je ne peut pas la voire ainsi, elle me fait confiance.
Je soupire, je savais que ça finirais comme ça. Petits, elle m'intriguais déjà et depuis... depuis que je l'ai croisé dans cette bibliothèque au cœur de paris. Assise sur une chaise, une pille de livres sur les genoux, à écouter un homme jouer du piano, ses cheveux tombants en cascade sur ses épaules couvertes seulement par une blouse blanche fine et délicate. Depuis qu'elle s'est levé et a laissé derrière elle une feuille, une feuille jaunie, un peu froissée sur laquelle, à l'encre noir, elle avait écrit. Depuis que j'ai lu ces lignes, ces mots d'une grâce, d'un tendresse, d'une violence... Ces quelques lignes m'ont arraché le cœur avant de le replacer tendrement et d'y faire pousser des fleurs.
Alors quand James m'a demandé si je pouvais les héberger tout les deux une nuit et que j'ai accepté, je savais que j'allais tomber encore plus bas. J'ai installé James dans la chambre d'amis et elle.. je lui ai laissé mon lit. J'avais oublié mon roman, je comptais juste venir le chercher et repartir. Et puis je me suis dit que lire ici ne ferais de mal à personne. Et voilà où j'en suis, à l'apercevoir, presque nue, endormie dans mon lit. Une vision de rêve cauchemardesque, un ange démoniaque. J'attrape le petit carnet par terre près de mon fauteuil et l'ouvre, j'en sors une feuille que je déplie avec délicatesse. Je relit son poème, le cœur battant puis baisse les yeux vers le dessin au crayon figurant sur la page du carnet ouvert contre moi. Une jeune fille, assise, une pile d'ouvrages sur les genoux, les yeux fermés, écoutant un homme jouer du piano.
J'aperçois mon crayon sur la table, à peine un mètre plus loin, entre un vase de pivoines séchées et un classeur dont des feuilles à carreaux gribouillées s'échappent. Je jette un œil vers le lit. Je ne devrais pas.
Ma main saisi le crayon avant même que je ne songe à l'arrêter et commence à tracer sur une nouvelle page les courbes de son visage. Le drap, blanc semble jouer avec son corps, avec mon cœur aussi, recouvrant tout juste sa poitrine, me laissant voir son flan et ses jambes, mais prenant bien soins camoufler sa hanche afin que mon esprit ai la liberté de divagation, d'imagination... porte t'elle seulement quelque chose?
Je me lève, pose mon carnet et sors de la pièce, je me dégoûte. Observer quelqu'un de la sorte. Et pourtant, la vision divine de son être reste gravée dans ma mémoire, ainsi qu'un rêve dont on ne veut pas se réveiller mais qui s'achève tout de même, dans une douceur brutale qui nous rend toute chose lorsque, finalement, nos yeux s'ouvrent.

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⏰ Last updated: Sep 23, 2020 ⏰

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