Ce crétin d'alpha (bxb) [en réécriture]

5. Une horrible matinée

Je suis réveillé le lendemain matin par la sonnerie discordante du lycée. Je grogne en passant la couette par-dessus ma tête. Je veux encore dormir.

— Debout debout ! claironne la voix joyeuse de Kevin.

Je sors mon visage de ma couette. Mon camarade a les yeux vifs et se promène dans la pièce, en forme olympique. Ses cheveux encore mouillés m’informent qu’il a déjà pris sa douche.

Je pousse un soupir.

— Qu'est-ce qui te rend si guilleret ? je marmonne sans réussir à me résoudre à quitter mon lit.

Il se baisse pour glisser quelques cahiers dans son sac de cours.

— La perspective d'une nouvelle année scolaire, affirme-t-il. Je suis toujours plein d'enthousiasme à chaque rentrée à l'idée de toutes les nouveautés qui m'attendent.

Je m’assieds péniblement, encore à moitié endormi. Moi, j'ai horreur des rentrées. Je n'ai jamais été très scolaire. Je ne suis pas un cancre non plus, mais je n'ai jamais fait partie des meilleurs élèves. Étudier me semble bien souvent une bonne perte de temps. N’oublions pas que je ne suis qu’un oméga… Kevin aussi, certes.

— Ne tarde pas trop, me presse ce dernier qui a déjà enfilé son uniforme. Si nous arrivons parmi les derniers il ne restera plus de croissant !

— Hum...

Des croissants ? Miramar propose des croissants au petit-déjeuner ? Je suppose que cela explique le coût apparemment astronomique des frais de scolarité.

Il faut encore cinq bonnes minutes avant de réussir à m’extirper de la chaleur bienheureuse de mon lit. J’enchaîne sur une douche rapide. Puis je suis enfin prêt à suivre mon camarade jusqu'au réfectoire. La queue s'étend jusque dans le couloir. Je fixe la corbeille contenant des croissants qui se vide à grande vitesse, notamment parce que certains alphas se permettent d’en prendre plusieurs.

Nous arrivons enfin à la corbeille qui, à notre passage, propose deux ultimes croissants.

— Juste à temps ! se réjouit Kevin.

À ce moment-là, un bras musclé surgit par-derrière et s'empare successivement des deux viennoiseries.

Je me retourne, indigné. Un alpha se trouve en face de moi. Il a des cheveux blonds et doit faire deux bonnes têtes de plus que moi. Je vois à sa cravate qu'il appartient à la meute Martiny, la rivale des Fulconis. Ma propre meute est affiliée aux derniers, du fait de notre position géographique dans la moitié sud. Ce qui fait des Martiny mes ennemis, je suppose.

— Tu as un problème, l'oméga ? me demande-t-il avec arrogance.

Je ne me laisse pas intimider. La nourriture est quelque chose de sacré.

— Ces croissants sont à nous, je grogne.

Il sourit et avance d'un pas pour me contourner.

— Plus maintenant.

Je me mets sur le côté pour lui barrer le passage.

Kevin m'attrape par le bras.

— Laisse tomber, me murmure-t-il avec inquiétude.

— Oui, écoute ton petit camarade, renchérit l'alpha.

Je continue à résister.

— Lucien...

Je finis par céder, pour ne pas inquiéter davantage Kevin. L'alpha nous passe devant avec un sourire satisfait.

— C'est l'héritier de la meute Martiny, m'explique Kevin. Mieux vaut ne pas se fâcher avec lui.