7. Alessio Martiny

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Le lendemain, Kevin et moi arrivons assez tôt au réfectoire pour avoir cette fois-ci des croissants.

— Qu'est-ce qui est arrivé à ton pantalon ? s'inquiète mon camarade lorsque nous nous installons à la dernière table encore vide.

— Oh, c'est à cause de la mer, je réponds avec indifférence.

Je n'ai jamais accordé une très grande importance à mon apparence physique. Ce matin, je me suis contenté de frotter le bas de mon pantalon d’uniforme avec ma main pour chasser les grains de sable qui s’y étaient collés. Quant à ma cravate, je l’ai enfoncée dans mon blazer pour camoufler la déchirure.

— Tu devrais aller le laver, me conseille Kevin. La buanderie se trouve à gauche juste avant le couloir de notre dortoir.

Je prends note de l'information sans trop y penser.

Mon regard se perd dans le réfectoire bondé. Comme la veille, les différentes meutes se sont réparti les tables. Rares sont les personnes côte à côte à porter des cravates de couleurs différentes. Les Chardon sont assis à quelques mètres de moi, mon frère Tancrède trônant au centre. Il reste une place de libre, mais je sais bien qu’ils ne me laisseraient pas les rejoindre.

Les alphas s’expriment avec animation, tandis que les bêtas se montrent plus discrets. De notre côté, Kevin et moi paraissons totalement invisibles. C’est comme si nous ne vivions pas dans le même monde que les autres.

Je sursaute lorsqu’une voix venue d’en haut nous interpelle soudain.

— Vous, là, dégagez.

Je lève lentement les yeux. Un bêta, d’une meute que je n’identifie pas, nous toise.

Je lui jette un regard mauvais.

— Nous n’avons pas terminé de manger.

Il roule des yeux.

— Et alors ? J’ai besoin de cette table.

Kevin s’est déjà levé.

— Viens, Lucien, me chuchote-t-il. On pourra finir nos croissants dans la cour.

Je résiste un instant, le postérieur vissé sur ma chaise. Mais deux alphas sont en train de rejoindre le bêta et je finis par me mettre sur mes pieds.

— Si tu veux qu’on te laisse tranquille, à Miramar, il ne faut surtout pas faire de vague, soupire mon camarade de chambre.

Mes doigts agrippés à mon plateau tremblent de colère. Ne pas faire de vague ? Je veux bien, moi, mais j’estime tout de même que nous avons le droit d’exister !

Je suis toujours en colère lorsque je monte l’escalier pour me rendre à nouveau à un cours de mathématiques. Je passe le long d’une salle sur laquelle il est écrit « réservé aux alphas ». La porte est entrouverte et je constate que cette pièce comporte un baby-foot, une table de ping-pong et plusieurs fauteuils et canapés confortables. Victor Fulconis est installé sur l’un d’entre eux, aussi froid et magnifique que d’habitude. Bien entendu, il m’ignore. Peu importe. Mes deux premiers jours à Miramar me font détester encore davantage les alphas.

Mon humeur massacrante se transforme en appréhension lorsque je vois la pile de copies d'hier que M. Mâtis semble avoir déjà corrigées. J'aurais espéré avoir un peu plus de répit.

Je m’assieds à la même place que la veille. À mon grand agacement, l'alpha aux cheveux bruns d'hier, l’hériter Martiny, se pose à nouveau sur la chaise devant moi. Il penche la tête en arrière pour me fixer.

— Nerveux, petit oméga ? me murmure-t-il d'un air amusé. J'imagine que tu regrettes de ne pas avoir fait plus sérieusement tes devoirs de vacances ?

Ce crétin d'alpha (bxb) [en réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant