Ce crétin d'alpha (bxb) [en réécriture]

9. Proximité

Au cours des semaines qui suivent, je croise de temps en temps la route de Victor Fulconis. Il est toujours au milieu d'une troupe d'alphas et de bêtas qui portent tous la cravate de sa meute. Malgré l'épisode de l'infirmerie, il m’ignore toujours royalement. 

Je ne sais pas quoi faire. Sa présence m’obsède. Je rêve de lui la nuit. J’ai besoin de lui. Dans le même temps, je me déteste de désirer autant la présence d’un alpha. Moi qui m’étais juré de ne jamais devenir ainsi… 

Je prends la ferme intention de l’oublier. Après tout, beaucoup de loups ne trouvent jamais leur âme sœur et ne s’en portent pas plus mal que ça. 

Ma bonne résolution est mise à mal lors du troisième cours du sport. Notre prof a l’idée merveilleuse de faire exercer les plus faibles par les plus forts. Étant toujours le plus nul, je me retrouve donc une nouvelle fois face à Victor Fulconis. 

L’alpha me regarde avec cette petite moue dégoûtée qui commence à m’insupporter. Je sens mon estomac se tordre sous l’effet de sa désapprobation, mais je m’efforce de garder un visage impassible.

— Bon, je m’impatiente, qu’est-ce que tu proposes comme exercice ? 

Il hausse un sourcil. 

— N’importe lequel. Tu as un niveau de débutant. Les louveteaux de ma meute jouent déjà mieux que toi. 

Le sarcasme dans sa voix me fait serrer les poings. Ce n’est pas vrai ! Il y a une table de ping-pong dans le gymnase de notre meute et j’y ai souvent joué. Ce n’est pas moins qui suis nul, ce sont les autres qui sont forts, voilà tout ! 

— Pour commencer, décide finalement l’alpha avec mépris, je vais t’apprendre à tenir correctement une raquette. 

Je regarde ma main, surpris. Quel est le problème ? J’ai toujours tenu ma raquette ainsi. 

Victor se place sans prévenir derrière moi et me saisit le poignet pour corriger ma prise. Son odeur me frappe de plein fouet. Une vague de chaleur me submerge. J’ai l’impression que chaque nerf de mon corps réagit à son contact. Je dois me mordre la lèvre pour ne pas laisser échapper un soupir.

— Voilà, dit-il en me relâchant brusquement. Tu as compris ? 

Euh… compris quoi ? Je n'ai rien écouté à ce qu'il m'a dit, trop occupé à savourer sa proximité. Et si je lui demandais de me remontrer ? Non, je le déteste. Je ne veux pas qu'il me touche à nouveau, n'est-ce pas ?

Je lui jette un regard un peu penaud. Il soupire puis finit visiblement par conclure que je dois être particulièrement idiot et qu'il est inutile de s'entêter à vouloir me faire comprendre quelque chose. 

— Faisons quelques échanges, propose-t-il finalement en allant se mettre, à mon grand regret, de l'autre côté de la table de ping-pong. Ton service est nul. Tes coups droits et revers aussi. 

Je fronce les sourcils. Visiblement, je suis nul en tout, selon lui. 

Je suis si contrarié que je n'arrive pas à rattraper la balle plutôt facile qu'il m'envoie. J'évite son regard méprisant pour aller la ramasser. J'essaie de faire un service, mais la balle se prend dans le filet. Je ne suis pas aussi mauvais d'habitude.  C'est de la faute de cet alpha ! Il me déconcentre.