18. La convocation

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Nous retournons à Miramar le dimanche soir après un week-end interminable au cours duquel tout le monde sauf moi a paru follement s'amuser. Cette fois-ci, j'obtiens le privilège incroyable de voyager dans la voiture luxueuse de Victor. Placés chacun à une extrémité de la banquette arrière, nous ne nous adressons pas une seule fois la parole. 

Je passe tout le voyage les yeux fixés sur la vitre pour ne pas avoir à le regarder. Il m'agace, ce crétin d'alpha. Il a passé la journée suivant la cérémonie à faire comme si je n'étais pas là. Comme si nous ne venions pas de lier ensemble nos deux destins. Que suis-je censé être pour lui ? Est-ce qu'il se contentera de venir à moi lorsqu'il décidera qu'il veut produire un héritier ?

La voiture finit par se garer devant l'entrée du lycée. Je m'empresse de sortir, attrape mon sac dans le coffre et me précipite vers le quartier des omégas sans un regard en arrière. J'ai l'impression d'entendre Victor soupirer mais ce n'est peut-être que le fruit de mon imagination. 

Lorsque je retourne dans ma chambre, je vois que la cravate des Fulconis a été déposée sur mon lit, bien en évidence. Je la prends entre mes mains, caresse sa soie rouge du bout des doigts et contemple ses minuscules motifs de faucons. Évidemment. J'ai officiellement changé de meute. Il est donc normal que j'abandonne ma cravate de la meute Chardon pour celle de mon alpha. Mais je n'en ai pas la moindre envie. 

Je jette la cravate dans le tiroir de ma table de chevet avec la ferme intention de ne jamais la porter. Je continuerai à utiliser mon ancienne, voilà tout. Et si Victor n'est pas content... eh bien il ne sera pas content. Cette petite rébellion remonte mon humeur d'un cran.

La porte s'ouvre alors sur Kevin qui me fait un grand sourire. 

— Lucien ! Comment s'est passée la cérémonie ?

Je grogne en m'asseyant sur mon lit. 

— Comme on pouvait s'y attendre...

Le sourire de mon ami s'efface. Il vient se poser à mes côtés pour me faire un câlin. Je pose ma tête sur son épaule. Il commence à proférer des paroles de réconfort que j'écoute d'une oreille inattentive.

— Je crois que je le déteste, je marmonne. 

— Ne dis pas ça... Vous devez encore apprendre à mieux vous connaître. Peut-être que Victor cache en réalité... euh... un bon fond. 

— Pour que je le découvre, il faudrait déjà que ce crétin d'alpha se donne la peine de s'intéresser à moi, je remarque avec amertume. 

Mon colocataire se met soudain à se dandiner. 

— Et est-ce que vous avez... tu sais... 

Je sens mon visage s'empourprer en comprenant le sous-entendu. 

— Non ! On a décidé de... d'attendre. 

Enfin, Victor a décidé tout seul. Même s'il s'agissait bien sûr de la meilleure chose à faire. Il n'y a rien entre nous. Cela dit, quand son corps effleurait le mien, j'ai ressenti une sorte de... d'envie..., et. 

Je secoue mentalement la tête et garde cette dernière réflexion pour moi. Ma gorge se noue. Je suppose qu'il n'est pas criminel d'espérer un peu d'affection de la part de son âme sœur. L'autre jour, après cette promenade sur la place, il avait pourtant accepté de m'embrasser. 

Mon cœur ratte un battement. Et si mon baiser avait été si mauvais qu'il l'avait dégoûté ? Je n'avais aucune expérience en la matière ! 

Je serre les poings. Non, ce n'est pas moi le problème. C'est lui. N'a-t-il pas affirmé qu'il me méprisait pour être un oméga et un bâtard ? Comme si j'avais fait exprès de l'être... 

Ce crétin d'alpha (bxb) [en réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant