Amour vagabond (Tome 2)

Retour (pdv Juliette)

Je suis restée presque un mois à l'hôpital. Je prend Agatha dans mes bras en retenant quelque larmes:

-Tu vas être heureuse maintenant!

-Oui promis, tu m'envoies des nouvelles hein? lui demandais-je.
-Oui promis. Maintenant tu sais ce qu'il te reste à faire.

Je lui souris et quitte le hall de l'hôpital sans me retourner. Je sais exactement ce qu'il me reste à faire, reprendre ma vie comme-ci de rien n'était, retrouver mon vieux caractère de merde et surtout aller de l'avant. Je ne peux plus garder en moi tout ce feu, toute cette haine et tout cet amour, je dois lui dire!

Framal prends mon sac et me prends dans ses bras:

-Ca m'a manqué de te voir sourire.

-J'ai l'impression de sortir de prison.

-T'es enfin libre

-Oui.

-Tu veux faire quoi maintenant? me demande-t-il.

-Je sais pas encore, je veux rentrer à la maison, prendre la meilleure douche du monde et me changer.

-Ce soir y a une soirée chez Adèle, tu dois absolument venir.

-Je veux le voir.

-Ca risque d'être compliqué là Ju'. Dit-il avec un air navré collé sur le visage.

-Il a fait des efforts pour moi, maintenant c'est à moi d'en faire pour lui.

Il s'arrête devant un immeuble que je connais bien. Il coupe le moteur et ajoute:

-Bah voilà ce que je voulais entendre. Il est là ce soir. J'ai galéré à le faire venir alors t'as pas intérêt à tout gâcher!

-Non, c'est pas du tout dans mes plans!

Je remercie Framal et lui dit au revoir même si l'on se voit ce soir. Je monte dans l'appartement, il est calme. Ce silence m'a manqué. Je me fais chauffer un thé et le bois tranquillement en regardant dehors par la baie vitrée les gens qui slaloment les uns entre les autres sans faire attention à ceux qui les entourent. Chacun trop obnubilé par ses problèmes pour remarquer ceux des autres. Pourquoi leur en vouloir ce monde profondément égoïste nous a fait à son image. Nous sommes des êtres égoïstes et motivé par des choses aussi futiles que l'argent, nous sommes fait pour jalouser les autres et envier leur possession sans même savourer les nôtres. Le monde nous a fait malheureux et nous les resterons.

Je respire un bon coup pour me donner du courage et décide de me préparer pour la soirée. Je me déshabille doucement comme pour éviter d'abimer mon corps encore fragile de ce traumatisme. Quelques ecchymoses témoigne encore des coups, des points de sutures témoignent des plaies. Mon corps est salement amoché, mais le plus dure à vivre ne sont pas ces blessures, ce sont celles du coeur et de l'esprit.

L'eau coule dans un bruit fort mais apaisant, je me glisse doucement sous la cascade dont l'eau plutôt fraiche me fait à la fois frémir et profondément du bien. Alors que l'eau coule sur tout mon corps que je sens à nouveau je respire profondément pendant que je m'adapte à la température de celle-ci. Je ferme les yeux et sourit bêtement, je suis heureuse et malheureuse. Heureuse d'être en vie, malheureuse d'avoir tout foutu en l'air pour la quarantième fois au moins, le point positif c'est que maintenant je peux arranger les choses ou du moins essayer, je ne risque pas d'empirer les choses plus que ça, ce serait impossible... Et je n'ai plus l'intention de partir, j'ai trop besoin d'eux dans ma vie. Je ne peux pas tout lâcher comme à mon habitude. Je ne peux plus faire ça. Paris est ma ville, mon chez-moi, ma maison. Les autres fois je n'avais rien à perdre, aujourd'hui c'est différent, j'ai tout à perdre. Cette fois il faut que j'affronte le problème au lieu de le fuir lâchement comme je l'ai fuit. Je l'aime et maintenant je ne peux plus le nier c'est beaucoup trop fort. Cet amour impossible qui me consume de l'intérieur nous dévore tous les deux et l'on ne peut plus rien y changer c'est trop tard. Si Agatha a raison, Ken m'aime et m'aimera toujours peu importe ce qu'il dit de moi ou fait à mon égard, l'on est condamné à s'aimer et à se haire à la fois.
Maintenant qu'il me hait, je suis sûr qu'il m'aime... c'est la seule certitude que j'ai à l'heure d'aujourd'hui....