-Juliette?
-Oui? Sursautais-je.
-Je te parles.
-Pardon, tu disais?
-Ton livre a était imprimé, il sera mis en vente dans une semaine. Le coursier en a déposé deux exemplaires chez toi comme tu lui as demandé.
-Ok
- C'est tout ? demande Camille. Tu es plus joyeuse d'habitude.
-Eddy m'attend, merci Camille.
-On se voit bientôt hein ?
-Oui oui.
Je dévale les escaliers à toute allure, Eddy m'attends depuis 15 minutes déjà. Je passe les grandes portes de verres en priant intérieurement pour qu'il soit en retard. Dans la rue que je balaie du regard j'aperçois Eddy dans sa voiture regarder en ma direction, son visage crispé traduit de la colère, une colère que je ne connais que trop bien. Je ne regarde pas vraiment avant de traverser, à vrai dire j'aurais préféré me faire écraser que de rentrer dans cette voiture.
-Enfin dit-il froidement.
-Je suis désolée.
-Vous êtes toutes pareils. Vous parlez encore et encore. Des vraies meufs c'est abusé.
-Pardon.
-La prochaine fois tu rentreras à pieds. J'ai autre chose à foutre que de venir te chercher.
Son regard se noircit. Je préfère me taire, je sais que si je riposte il va exploser. Je regarde les lumières de la ville défiler. Sur le périphérique il roule comme un fou. Ça me rappelle Ken, on s'était enguelé au même endroit. Où est passé la Juliette capable de gueuler haut et fort quand quelques choses lui déplaisait ? Elle me manque, mais parfois je me dis que ce n'est pas plus mal qu'elle ne soit plus là. En arrivant, il gare la voiture et nous montons les escaliers, j'ai l'impression d'être un chien qu'il traine négligemment derrière lui. Lorsqu'il ferme la porte, je pose ma veste sur le porte manteau et commence à cuisiner pour le repas du soir. Il recommence à crier, à l'abri des regards indiscret, dans le lugubre appartement, il explose, il se révèle tel qu'il est réellement :
-T'es vraiment qu'une pauvre fille. Tu te rends compte du temps que j'ai passé à t'attendre ? Tu ne penses pas que j'ai un travail à côté ? Je dois trimer pour m'offrir tout ce qu'il y autour de toi, ce n'est pas tes livres de merde lue par des mal-baisées qui me le paie. Redescend de ton nuage Juliette, c'est fini ta petite vie rose. T'as toujours eu ce que tu voulais sur un plateau d'argent, mais tu dois comprendre que ce n'est pas ça la vie.
Je ne réponds pas, je garde les yeux rivés sur mes mains. Il rentre comme un fou dans la cuisine. Sa main saisi mon cou et le sert me forçant à reculer jusqu'à ce que mon crâne heurte violemment le mur. Cet homme me dégoute:
-T'es ma chienne, t'as compris ? T'es à moi, personne ne voudra jamais de toi de toute manière, regarde-toi. Tu es grosse, tu es laide et complétement stupide. Tu ne connais rien à la vie.
Il avait raison, je m'étais toujours efforcée de voir le meilleur en chaque personne, mon monde était peuplé de gens bien et honnêtes jusqu'à lui. J'avais même réussi à voir quelque chose de bon en cette pourriture. Pour vous dire à quel point je suis naïve. Mais j'avais trouvé un homme qui m'aimait pour ma perception de ce monde, il le voyait à travers mes yeux et moi à travers les siens... et je n'ai jamais rien vue d'aussi beau que lorsqu'il pensait à nous...
- Y a que moi qui suis assez gentil pour essayer de te supporter et tu ne m'aides vraiment pas. Mais crois-moi Juliette, tu vas le regretter. Je vais te dresser, tu seras à ma merci.
Sa main relâche mon cou, je respire enfin. Je me concentre sur mon souffle qui est à nouveau coupé lorsque qu'il me frappe à la joue. Du bout de mes doigts frêles je caresse mon cou, je sens encore l'emprise de sa main qui sert.
Après le repas, je vais dans la chambre sans attendre et m'allonge dans le lit dans l'espoir de me réveiller dans un lendemain plus calme.
Je suis réveillée par quelqu'un qui pose ses mains sur moi, il m'embrasse sans aucune délicatesse et commence à me déshabiller :
-Non, pas ce soir.
-Vu ce que tu m'as fait aujourd'hui tu dois te faire pardonner.
Les larmes coulent de mes yeux et s'écrasent sur l'oreiller. Il me fait mal, ses gestes sont dénués de délicatesse. Alors je ferme les yeux et subis. Il me donne envie de vomir.
Le réveil indique 3h du matin, je m'extirpe doucement du lit en retenant des gémissements de douleurs. J'ai des bleus partout, il n'y est pas allé de main morte. Mon visage me brûle et un goût de sang emplis ma bouche. Je m'habille en gardant un œil sur mon bourreau qui dort paisiblement, mais comment peut-il dormir après ça? Je ferme la porte de la chambre, prends mon sac, ma veste et mon foulard. Je m'apprête à ouvrir la porte, la pression redescend enfin, je vais pouvoir me tirer d'ici. J'appuie sur la poignée. Soudains je sens une présence, il est sur l'encadrement de la porte, je n'ai pas le temps de faire face qu'il plaque sa main à l'arrière de ma tête et la claque contre la porte de métal à plusieurs reprises :
-Tu vas où ?
-Chez moi.
-Non, tu restes.
-Lâche-moi tu me fais mal.
Je ne peux pas prendre mon téléphone. Je le laisse une fois de plus se déchainer sur moi autant physiquement que verbalement :
-Personne ne va aider une fille comme toi, chez toi tu vas être toute seule, personne ne veut de toi à part moi et encore je commence à me lasser. Tu ne vaux rien et ça tu t'en rendras vite compte. Je ne te donne même pas 24h pour revenir me supplier comme une sale chienne !
Je ne lui adresse pas un regard et quitte l'appartement en dévalant les marches à toute vitesse. Par chance Molly habite à 20 min d'ici. Je mets le foulard autour de mon cou et la capuche sur ma tête pour masquer les ecchymoses. Dans la rue il fait noir et froid. Cette nuit que j'aimais tant m'est devenu inconnu, je me surprends même à en avoir peur. Faut croire que l'ancienne Juliette a complètement disparue avec lui.
Devant la porte de Molly je respire enfin, je me sens apaisée et enfin en sécurité. Je sonne, encore et encore mais aucune réponse alors je décide de l'appeler . Les sonneries s'enchaînent, je commence à avoir peur :
-Allo ?
Cette voix, beaucoup trop grave pour être celle de Molly, je la reconnaitrais entre mille, une larme coule le long de ma joue, mon niveau de fatigue et de douleur est tellement intense que mes émotions prennent le dessus. J'entends beaucoup de bruits en fond, j'ai juste la force de chuchoter avant de sombrer :
-Viens, appart Molly
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Amour vagabond (Tome 2)
Hayran KurguSuite de colocation pleine d'action, il faut croire que nos héros ont toujours besoin l'un de l'autre.