1. independence

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Vendredi 01 septembre 2019

-        Alors, tu as trouvé ton appart au final ? me demande Abigail, sa trousse de maquillage à la main.

-        Non, dis-je en secouant la tête. Ça me fait vraiment chier, je vais finir par abandonner et tant pis si je vis éternellement chez ma mère.

-        Je trouve que t'abandonnes trop vite, me répond Abigail en sortant un pinceau de sa trousse. Tu vas le trouver cet appart et je vais être là pour t'aider.

      Je pense sincèrement qu'elle a un don pour me faire sourire mais aussi pour me casser les ovaires. Ce n'est pas pour rien que c'est ma meilleure amie. On se connaît depuis la primaire et on se lâche plus depuis. Je partage avec elle, mes peines comme mes joies. En gros, elle est un peu comme une sœur pour moi. Je la trouve tellement parfaite. Elle est belle, branchée et super bandante. Contrairement à moi, elle est super populaire et j'ai longtemps souffert d'être dans son ombre. Mais, maintenant, ça va. J'ai définitivement oublié ce sentiment d'infériorité sinon Shayna & Abigail ne serait plus.

      Pendant toutes les vacances d'été, j'ai cherché un appart mais j'ai l'impression qu'ils me fuient constamment. En attendant, je vis chez ma mère mais ça tombe mal parce que je vais commencer l'université lundi prochain c'est-à-dire dans trois jours. Je ne vais pas vivre indéfiniment chez ma mère, si ? J'ai vraiment un grand besoin d'être indépendante et je vois bien qu'Abigail essaie de faire régner un climat optimiste autour de moi mais je suis vraiment saoulée de chercher un appart qui n'existe probablement pas. J'ai juste envie de rentrer chez moi et de manger devant Netflix, la meilleure manière de bien terminer une journée merdique. Je me lève, remet ma veste et me dirige vers la porte d'entrée.

-        Tu vas où ? me demande Abigail, en pleine bataille avec son pinceau rempli de fond de teint.

-        Je rentre chez moi, enfin chez ma mère.

-        Shayna, sors un peu. Tu as dix-huit ans maintenant. Profite de ta liberté florissante.

-        Écoute, Abigail, entre toutes les fois où j'essaie de trouver un appart et ma mère surprotectrice, je peux t'assurer que je ne pète la forme. En ce moment, j'ai pas vraiment envie de sortir en boîte, de me faire frôler par des gars musclés et de finir dans une poubelle près de Central Park. Tout ce que je veux c'est mon putain d'appart, tu comprends ça ?

-        C'est bon, on se calme, tu prends trop à cœur cette histoire d'appartement. Tu vas finir par le trouver, t'en fais pas chérie. Bon, je crois que ce soir je vais aller en boîte seule comme toujours, soupire-t-elle en appliquant du fard sur ses paupières.

-        Tu dis ça mais entre-temps, toi, t'as ton appart, lui répliquai-je froidement, un peu trop à mon goût.

-        J'ai galéré pour l'avoir je te rappelle. Et puis, si tu trouves pas d'appart, on peut toujours vivre ensemble, en colocation genre.

-        Non, merci. J'ai pas envie de t'entendre baiser avec des gars tous les soirs.

-        Bon, tant pis. Ça aurait pu être une solution, me répond-elle en se mettant du rouge à lèvres vif.

-        Je te laisse, on se voit lundi. Bye.

-        Bye, rentre bien, chez ta maman, dit-elle en appuyant sur "maman".

-        Va mourir.

-        Passe-lui le bonjour de ma part surtout.

     Je me dirige vers la cuisine et je ne me gêne pas pour lui piquer un paquet d'Oreo. La porte est fermée. Je m'éloigne de son appartement en réfléchissant. L'idée de la colocation est assez tentante surtout que niveau fric c'est assez serré ces temps-ci. Mon contrat avec Starbucks va bientôt se terminer et tout l'argent que j'ai mis de côté ne suffira pas à m'offrir ce putain d'appart. En plus, ma mère n'est pas vraiment chaude à l'idée que je vive seule donc si je lui dis que j'ai la possibilité de vivre en colocation, elle ne pourra pas me refuser ça. Mais la question, maintenant, c'est avec qui ? Je réfléchis trop, je m'arrête pour aujourd'hui.

   Demain, je vais encore éplucher les annonces pour trouver une potentielle colocation et puis si je n'ai pas assez ma mère pourra toujours me prêter de l'argent.

      Je marche dans les rues sombres de New York, des rues que j'aime tant. D'un pas quasi nonchalant, je me dirige vers l'arrêt de bus le plus proche et je m'assieds sur le banc en attendant. Je n'ai rien de mieux à faire de toutes les façons.

us. [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant