23. attraction

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Inconnu à Shayna : Tu sais, Shayna, tu es plus que pathétique. Tu auras beau le contredire, je l'affirmerai; tu auras beau te cacher, je te trouverai; tu auras beau souffrir, je ferais tout pour que tu pleures comme j'ai pleuré. Toi et ta famille vous devez payer la vie d'un être qui m'était cher et je te ferai vivre un enfer sur Terre, ma jolie.

      Mais qui est cette personne qui me menace ? La première fois, je n'y ai pas prêté beaucoup d'importance mais maintenant je commence à avoir vraiment peur. Je ne me sens pas du tout en sécurité même si je vis avec deux garçons.

Inconnu à Shayna : Est-ce que tu as peur ? Oh, pauvre petit bébé. Tu me fais marrer, Shayna. Tu m'as toujours fait beaucoup rire. J'aime percevoir la peur sur ton visage, ça me fait du bien. Je veux que tu sois rongée par la souffrance, la peur, la tristesse et le désespoir jusqu'à ce que tu meures.

      Pourquoi est-ce que je reçois tous ces messages de haine ? J'ai vraiment peur à l'instant présent et je me demande si je ne devrais pas prévenir Sam ou James ou les deux. Je me redresse avec une mollesse incroyable, mes yeux orientés vers l'écran de mon téléphone. Il faut que quelqu'un sache et si ça continue j'irai voir la police. Je ne prendrais pas la peine de répondre, je n'ai pas le courage et ça pourrait encore plus énerver cette personne. Je sors de ma chambre et me dirige vers le salon où Sam et James regardent la télé. À peine arrivé devant eux, mon téléphone se remet à vibrer.

Inconnu à Shayna : Je vais m'assurer que tu souffres et que toutes les personnes qui t'entourent commencent à te détester parce que tu n'es rien, Shayna. Tu n'es que de la merde, tu n'es rien. Tu crois vraiment que tu mérites tout cet amour ? Je vais te faire souffrir, toi, ta mère et ton père.

      Mon père ? Si seulement il savait. Mon père était un homme bon, loyal, généreux  et aimant mais il avait beaucoup trop d'ennemis et de secrets. Il est parti trop vite, beaucoup trop vite, il nous a été pris, il nous a été volé. Un règlement de compte qui a contribué à sa perte. Le lendemain, son corps sans vie gisait encore dans la rue, en bas de chez moi. Fusillé de sang-froid, il n'était déjà plus là. Il nous avait laissé assez d'argent pour payer mes frais de scolarité et le loyer pour au moins deux ans. Ça fait dix ans qu'il est parti, ça fait dix ans que je n'ai plus mon père avec moi. L'idée de ne plus jamais le revoir m'hérisse le poil et inonde mes yeux de larmes. Je perds pied et j'ai peur. J'ai envie de lâcher prise et de revoir mon père. S'il avait été là, il m'aurait dit de rester forte, d'aimer et de pardonner.

      Avant même d'avoir pu sortir un son de ma bouche, Sam se retourne vers moi et se décompose littéralement face à mon visage larmoyant. Il se lève et me prend dans ses bras. Merci, Sam, j'en avais besoin. J'ai besoin de ta chaleur, de ta protection, de ton amitié mais j'ai aussi besoin de ton amour. J'ai besoin de tes caresses, de tes baisers, de tes mots doux et de ton amour infini. J'ai besoin de toi, Sam.

       Du coin de l'oeil, James nous regarde et est visiblement exaspéré par notre câlin. Mais lorsque que mes yeux remplis de larmes entrent en collision avec les siens, son regard s'adoucit et me donne indirectement du courage. Son téléphone vibre et lorsqu'il il jette un coup d'oeil, son regard redevient froid, dur et impénétrable. James qu'est-ce qui te mets dans un état pareil ? Il quitte le salon et part s'enfermer dans sa chambre pendant que Sam resserre son étreinte sur moi.

- Qu'est-ce qui se passe, Shayna ? Pourquoi tu pleures ? commence-t-il, son visage enfoui dans mon cou.

- J'ai peur, Sam. Regarde, quelqu'un m'envoie des messages horribles.

Sam lit les messages avec horreur et décide de les supprimer. Il passe son pouce sur mes joues pour essuyer mes larmes et me regarde avec des yeux bienveillants, protecteurs, conciliants et doux. Je me sens bien avec lui et j'aime être avec lui.

- Je suis désolée de t'avoir évité depuis la fête. C'est juste qu'on s'est embrassé et j'étais pas vraiment moi-même. Enfin..., tentais-je.

- Je sais Shayna, pas besoin de te justifier, me conseille-t-il.

- Désolée.

- Désolé.

- Pourquoi, tu t'excuses ? lui demandais-je en le regardant

- Je te retourne la question, rit-il – il a le don pour détendre l'atmosphère. Shayna, je veux que t'arrêtes de pleurer et que tu oublies ces messages. Tu n'es pas rien Shayna.

- Tu le penses vraiment ? lui demandais-je en essayant farouchement mes larmes.

- Si je te le dis, me rassure-t-il. Et si les messages persistent, on ira voir la police, mon père à de bonnes relations avec un officier du coin.

- Ok.

- Bon, détends-toi, oublie ça et moi, je vais commander des pizzas.

      Je m'assieds au comptoir de la cuisine aux côtés de Sam. Téléphone à l'oreille, il est trop occupé à passer la commande. On va bien manger et j'espère que James se joindra à nous. Ah James, tu es si complexe et j'aimerai vraiment parvenir à te décrypter, à te décoder mais je ne suis pas assez forte.

- C'est bon, j'ai passé la commande, on doit juste attendre quinze minutes, explique Sam en rangeant son téléphone dans sa poche. Allez, ne pense plus aux messages et laisse-moi te raconter une bonne blague. Tiens, j'en ai une, elle est excellente. Est-ce que tu connais la blague de...

- Épargne-lui tes blagues de merde, elle en a pas besoin surtout dans un moment pareil, commence James en s'asseyant à ma droite. On mange quoi ?

- Pizza, lui répond Sam, un grand sourire sur le visage.

- Parfait, continue James d'un ton platonique. Après ça, j'essaierai de tracer le malade qui t'harcèle.

      James va m'aider ? Je ne m'y attendais pas surtout que depuis qu'on s'est embrassés je suis passée de « connaissance » à « fantôme ambulant ». Je le regarde, émerveillée par son élan de solidarité, et presque instinctivement des flashs de la nuit de la fête me reviennent. Il me touchait de partout avec ses grandes mains chaudes, et ses lèvres, mon Dieu, elles étaient si avides des miennes. Mais qu'est-ce qu'il m'arrive ? Un coup c'est Sam, un coup c'est James. J'ai une nette préférence pour Sam mais dès que James s'incruste dans mon champ de vision, il envahit toutes mes pensées.

      Je me mens à moi-même depuis le début. J'affirmais que je ne succomberai jamais au charme jovial de Sam ni au charme cruel de James mais j'avais tout faux. Je m'interdis d'aimer l'un d'eux depuis le début. Ma conscience, mes valeurs et mes principes me l'interdisent mais mon corps les réclame. Oh merde, je n'aurais jamais pu imaginer ça de ma vie, je n'aurais jamais pu imaginer que je pourrais avoir des sentiments pour deux hommes en même temps.

      Non, Shayna, tu dis n'importe quoi, c'est impossible. Tu ne peux pas avoir le béguin pour Sam et James. C'est impossible, impossible. Tu te voiles la face, c'est sûr.

      Non, je ne me voile pas la face. Il y a une chose qui émane de chacun d'eux qui m'attire. Mais la question c'est quoi ?

us. [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant