La Guerre des Clans : La Nuit et l'Aurore

Chapitre 11 : Mon grand frère

Nuage de Poussière ne s'était jamais senti aussi épuisé, et aussi soulagé à la fois. La mission d'espionnage était enfin finie. Il avait retrouvé Croc de Glace, qui avait accepté son retour dans la patrouille avec satisfaction, et ils avaient terminé la mission sans encombre. A présent, ils étaient enfin revenus dans la forêt de conifères du Clan de l'Ombre. Aucun danger ne les attendait. Il allait pouvoir retrouver sa sœur.

Son cœur battait plus vite qu'à l'ordinaire lorsqu'il pénétra dans le tunnel menant au camp, à la suite du reste de l'expédition. Un merle chantait près de la combe en faisant porter sa voix dans la forêt. Nuage Lunaire, pensa l'apprenti, le cœur gonflé de joie. Il courut, accéléra, puis déboula dans le camp en la cherchant du regard.

Mais il eut beau regarder, il ne la vit nulle part.

Tout d'abord, une sueur froide coula dans son dos, puis il comprit. Il s'infligea presque aussitôt une claque mentale. Bien entendu, c'était évident qu'elle ne soit pas là. Il était près de midi ; elle s'entraînait certainement avec Puma Rouge. Peut-être était-elle à la clairière d'entraînement, d'ailleurs. Rien ne coûtait d'aller voir.

Il coula un regard en coin vers Croc de Glace et la vit marcher vers l'antre d'Étoile du Vautour. Certainement pour le rapport de la mission... En tout cas, cela signifiait qu'il était dès maintenant libre de partir dans la forêt s'il le voulait. Parfait.

Mais alors qu'il allait faire demi-tour, il s'aperçut d'une chose étrange.

Les autres...

Tous les chats présents dans la clairière avaient une expression étrange sur le visage. Ils semblaient sur le qui-vive, prêts à bondir à la moindre alerte, comme un prédateur à l'affût. L'ambiance était si lourde qu'il pouvait presque le ressentir du bout de ses poils. Comment avait-il pu ne pas s'en rendre compte avant ? Même le chant du merle lui semblait moins sonore, à présent.

Il s'aperçut alors que les guerriers lançaient des regards en coin vers un seul et même endroit.

La prison.

Il n'en fallut pas plus à Nuage de Poussière pour comprendre. Un chat était prisonnier. Un chat allait être exécuté. Et tout le monde espérait pouvoir l'attraper en cas de tentative d'évasion.

L'apprentie en eut un goût amer sur la langue. Bande de lâches... Voilà donc toute la compassion qu'ils étaient capables d'éprouver ? Tout ça, c'est la faute d'Étoile du Vautour, pensa-t-il dans une vague montée de colère.

- Nuage de Poussière ?

Le novice sentit la joie exploser dans son cœur. Nuage Lunaire ! Il fit volte-face, gueule ouverte, prêt à l'accueillir, et se figea.

Ce n'était pas Nuage Lunaire.

Le merle poussa un cri inquiet, voletant vers un autre arbre, mais Nuage de Poussière ne l'entendit pas.

Son esprit s'enclencha et trois choses le frappèrent aussitôt : un, le chat qui se tenait devant lui était Puma Rouge. Deux, Nuage Lunaire n'était pas avec lui. Trois... Alizé était là en revanche.

- Quoi ? fut tout ce qu'il parvint à souffler.

- Oh, Nuage de Poussière ! s'écria Alizé, et il s'aperçut qu'elle avait les larmes aux yeux. Je suis vraiment désolée, je...

- Pas ici ! coupa Puma Rouge.

Il les entraîna vers un coin du camp, à l'écart, et plongea ses yeux dorés dans ceux de Nuage de Poussière avant de commencer :