La Guerre des Clans : La Nuit et l'Aurore

Chapitre 3 : Quand on aide les autres

- ... Et alors, l'incendie calmé, le Clan est revenu dans la forêt. Ils y ont trouvé Petite Mésange, endormie, blottie contre un corps déjà froid. Elle était saine et sauve. Comme Plume d'Étourneau l'avait promis. Et c'est la fin de l'histoire...

- C'est triste...

Nuage Lunaire se blottit un peu plus contre son grand frère. L'histoire qu'il venait de lui raconter l'avait beaucoup touchée. A travers les deux personnages, c'était elle et son frère qu'elle avait l'impression de voir... Avec quelques différences, bien sûr, comme par exemple pour les parents : Nuage Lunaire et Nuage de Poussière n'avaient jamais connu ni mère ni père.

- Et après, elle devient quoi, Petite Mésange ?

- Eh bien... réfléchit Nuage de Poussière. Elle est triste, d'abord. Très triste parce qu'elle a perdu le dernier membre de sa famille qui lui restait. Puis comme la vie continue, elle devient apprentie, puis guerrière.

- Et c'est quoi, son nom de guerrière ?

Nuage de Poussière réfléchit un instant.

- Plume de Mésange.

- Comme Plume d'Étourneau ?

- C'est ça. C'est comme un hommage, tu comprends ? Pour qu'elle n'oublie jamais son frère qui lui a sauvé la vie.

- T'as pas intérêt à prendre Plume d'Étourneau pour exemple, lança Nuage Lunaire avec un rire sans joie. Moi, je veux pas que tu meures.

- T'inquiète pas, c'est pas au programme.

Nuage de Poussière leva la tête vers le ciel, qu'on apercevait à travers les branchages des sapins. La forêt était calme et silencieuse, comme si elle les écoutait.

- De toute manière, affirma Nuage de Poussière, tout finira par aller mieux.

Nuage Lunaire garda le silence. Nuage de Poussière avait cette phrase qu'il ressortait parfois. Tout finira par aller mieux. Comme si, aussi noire et aussi longue que puisse être la nuit, le soleil finira forcément par venir ; car ainsi est l'ordre des choses. Et quand Nuage de Poussière disait ça, avec cette confiance et cet espoir, l'air si sûr de lui... Nuage Lunaire avait envie de le croire, de penser avec lui que oui, l'aube se lèverait demain.

Et, des fois, elle se disait qu'espérer ne servait à rien, et que ce n'était pas en attendant bêtement que les choses s'arrangent qu'on pourrait survivre. Que, peut-être, certaines nuits n'avaient pas de fin.

Nuage Lunaire s'ébroua et essaya de penser à autre chose. Pour une fois que Nuage de Poussière et elle pouvaient profiter d'un peu de temps ensemble, sans soucis et menaces de mort... N'ayant reçu aucune tâche, et Puma Rouge étant en patrouille, ils pouvaient profiter de toute la matinée. Ils étaient donc partis se promener dans la forêt. Les sapins vert foncé et leur doux tapis d'aiguilles ne leur avaient jamais semblé aussi parfumés que lors de ce moment de liberté. Enfin.

- Tu crois qu'il faudrait bientôt rentrer ? demanda Nuage de Poussière, l'arrachant à ses pensées.

- Quoi, déjà ? Oh non...

- Désolée, p'tite sœur. C'est l'heure. Le soleil sera bientôt au zénith.

Alors que Nuage Lunaire retirait quelques aiguilles plantées dans sa fourrure blanche et brune, Nuage de Poussière s'immobilisa.

- Tu entends ça ? souffla-t-il.

- Quoi ?

Lorsqu'elle releva la tête pour tendre l'oreille, Nuage Lunaire entendit ce dont son frère parlait. Un bruit lointain, distant, mais parfaitement reconnaissable : des cris de chat. Quand elle huma l'air, elle put également sentir l'odeur d'un animal. Elle en avait tout juste relevé la trace une fois dans sa vie, lors d'une patrouille, mais cela lui suffit.