La pluie avait tambouriné toute la nuit sur les fenêtres de sa chambre, empêchant Hermione de dormir. Il faut dire qu'elle ne dormait pas souvent en ce moment, elle savait que son sommeil serait rempli de souvenirs lancinants, c'est pourquoi elle s'interdisait au maximum de sombrer dedans. Et ça se voyait sur son visage.
Elle était sortie de sa chambre au bout de deux jours, et personne n'avait osé lui adresser la parole, tous ébahis par l'allure de la jeune femme.
Hermione ne prenait plus soin d'elle, sa longue chevelure brune qui tombait autrefois gracieusement en cascade dans son dos était maintenant sale et emmêlée. Sa cravate, avant toujours droite comme un I, était constamment mal nouée ou de travers, et jurait atrocement avec les cernes qui lui entouraient les yeux. Elle avait le visage fermé, impassible en permanence, et elle ne regardait personne dans les yeux.
Chacun de ses déplacements étaient calculés avec un but précis, et aucun n'était vain. On ne la voyait que pendant les repas où elle mangeait le minimum vital sans parler à personne, et pendant les cours, où elle s'isolait au fond de la classe qui était bien silencieuse sans ses interventions intempestives, laissant ses professeurs dubitatifs, et ses anciens amis seuls à la table qu'ils occupaient habituellement.
Ces derniers avaient bien essayé de lui parler, mais ils se heurtaient continuellement à un mur. Un jour, lorsqu'Harry avait voulu poser doucement sa main sur son épaule en un geste réconfortant, elle s'était retournée violemment et avait manqué de le frapper. Puis, elle était retournée s'enfermer dans sa chambre, sans un mot.
Hermione n'était plus que l'ombre d'elle même, et personne ne savait pourquoi.
Pourtant elle, elle le savait bien. Le temps passait et elle s'en voulait toujours d'être si faible, si pathétique. Elle n'arrivait pas à s'enlever toutes ces images de la tête, à ne pas sombrer dans la paranoïa à chaque fois qu'elle devait sortir en ayant constamment peur de croiser le responsable de ce mal-être.
A chaque fois qu'elle pensait pouvoir se relever et essayer de reprendre une vie normale, un élément lui revenait, la fouettant en plein visage.
Comme ce soir. C'était le soir de Noël, et la jeune femme avait décidé de faire un effort pour rejoindre ses camarades lors des festivités. Après tout, elle ne pouvait pas rester prostrée comme un animal dans sa tanière toute sa vie non ?
Contrairement à toutes les filles de l'école qui s'étaient parées de leurs plus belles tenues, elle avait enfilé un simple jean avec un t-shirt ample. Cela faisait des semaines qu'elle ne supportait plus son corps et elle le couvrait au maximum, jusqu'à porter des collants opaques sous sa jupe d'uniforme. A peine avait-elle pénétré dans la grande salle, qu'elle se demanda tout de suite pourquoi elle était venue. La pièce fourmillait d'adolescents en tenue de soirée, riant et s'empiffrant de bon cœur.
Ça transpirait la joie et le bonheur, ce qui mis Hermione dans une colère folle. Elle qui ressentait tellement de douleur au fond d'elle, tellement de désespoir, ne pouvait supporter de ne pas voir les autres souffrir comme elle.
Le cœur palpitant de rage, elle s'avança entre les tables, cherchant ses prétendus amis du regard. Ils étaient bien là, tout aussi heureux que les autres, avec leurs petites amies respectives à leurs côtés. Tout ce petit monde semblait se porter très bien sans elle, visiblement, puisqu'ils ne l'avaient même pas remarquée. Elle serra les poings, prête à tourner les talons, lorsque quelqu'un la percuta de plein fouet. Le plateau rempli de bièreaubeurre se renversa sur elle, et l'odeur qui parvint à ses narines la fit défaillir.
Elle se remémora brusquement le poids qui pesait sur son corps cette nuit là, et le haletement alcoolisé dans son cou.
Elle sentit ses jambes ployer, et fut prise d'un puissant haut-le-cœur. Elle se rua hors de la salle sans prêter attention au serveur qui pestait tout son saoul, et eu tout juste le temps de s'approcher d'un pot de fleur décoratif pour vomir à l'intérieur.
Depuis cet incident, Hermione n'était plus jamais sortie de sa chambre mis à part pour les repas, un seul par jour, et les cours qu'elle s'empressait de quitter à peine les derniers mots du professeur étaient prononcés.
Mais ce jour-là, la jeune brune ne fut pas assez prompte à quitter le cours de métamorphose, puisque la voix du professeur McGonagall l'interpella alors qu'elle allait franchir le seuil de la porte.- Miss Granger ? J'aimerais vous voir un instant s'il vous plaît.
La mine de l'intéressée se renfrogna. Habituellement, elle aurait été flattée qu'un professeur veuille poursuivre une conversation avec elle, ou paniquée à l'idée d'avoir fait quelque chose de mal, mais à présent la vieille sorcière la retardait juste dans son projet de s'enfermer seule dans sa chambre.
Elle se dirigea lentement vers le pupitre pendant que les derniers élèves quittaient la salle dans un pénible brouhaha.
Minerva affichait une mine contrite, avec un soupçon d'appréhension. Sa jeune élève avait tellement changé.. Elle ne savait pas comment s'y prendre avec elle, et ne voulait surtout pas la brusquer, mais la voir dans cet état la rendait malheureuse.- Miss Granger, commença t'elle d'une voix apaisante, j'aimerais vous voir car j'ai remarqué que vous étiez.. Différente ces derniers temps.
L'intéressée ne put réfréner un haussement de sourcil sardonique, ce qui n'échappa pas à son aînée. Jamais la vraie Hermione Granger, celle qu'elle avait connu pendant maintenant 6 années, ne se serait permise un tel geste.
- Et je voulais vous faire savoir que, quoi que vous ayez besoin, je serais toujours la pour vous écouter ou vous aider, acheva-t-elle, un peu décontenancée.
C'était le branle bas de combat dans la tête d'Hermione. Devait-elle parler ? Elle avait toujours apprécié cette femme, encore plus que les autres professeurs, et cette entrevue lui montrait une fois de plus que le professeur McGonagall était une personne de confiance. NON, personne n'est digne de confiance dans cette école, elle en avait douloureusement fait les frais. Mais c'était l'occasion de se confier, d'enfin libérer ce poids qu'elle traînait partout où elle allait et à chaque seconde de son existence.. Mais encore une fois, elle contesta sa propre pensée. Il était hors de question que quelqu'un apprenne l'avillissement qu'elle avait subi et la honte qu'elle ressentait au plus profond de son être.
- C'est très gentil à vous, Professeur McGonagall. Je n'ai besoin de rien, merci.
Elle avait adopté une voix détachée, et esquissait maintenant un sourire forcé.
- Très bien. Dans ce cas c'est tout, vous pouvez y aller.
Minerva était affligée, il était évident qu'Hermione mentait et lui cachait quelque chose. Tout dans l'attitude de la jeune fille qui quittait sa salle sans jamais lui avoir adressé le moindre regard, criait au désespoir, mais que pouvait-elle faire ?
Cette dernière referma la porte derrière elle, et s'y adossa avec un soupir de soulagement. Elle avait failli révéler le secret qui lui brûlait les lèvres et le cœur, et alors qu'elle se félicitait d'avoir tenu sa langue, un autre sentiment l'envahit : la colère.
Ron Weasley. Cet enfoiré de Ron Weasley.
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La Chute (A Dramione Story)
FanfictionEt si, contrairement au film et à toutes les fanfictions Dramione, c'était Hermione qui était du mauvais côté et que c'était à Drago de la sauver ? Après un événement qui la traumatisée, Hermione sombre peu à peu dans une obscure spirale. ⚠️ TW : VI...