Chapitre 4 : Where the Devil don't go (Où le diable ne va pas)

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Un sommeil de plomb avait gagné Hermione, vaincue par la colère et les larmes, lui offrant pour la première fois un répit à travers une nuit sans rêve.
Elle se redressa et passa une main dans ses cheveux emmêlés. La lumière qui filtrait par sa fenêtre et baignait la pièce d'une délicieuse clarté lui indiqua que la journée était déjà bien avancée. Elle se laissa retomber sur son lit. Qu'importe, elle avait déjà manqué tellement de cours.
Hermione soupira. Affronter ses souvenirs avait été une épreuve inouïe, et elle était épuisée. Mais cela lui avait permis de se rendre compte de certaines choses, et d'apprivoiser un peu plus certaines émotions qui luttaient à l'intérieur d'elle. Mais ce n'était toujours pas suffisant pour réagir de manière avisée et réfléchie, comme elle le faisait à son habitude. Elle avait conscience que chacune de ses actions était guidée par la peur et la colère, tapies dans l'ombre de son esprit, se disputant le monopole de son être et étouffant complètement sa joie de vivre et son épanouissement. Elle voulait se sentir vivante, mais dehors, elle n'arrivait pas à combattre sa peur, et c'était douloureux, tranchant comme une lame de rasoir.
Il fallait qu'elle trouve un moyen. Elle n'en pouvait plus de se terrer comme un lapin effrayé dans sa chambre, d'être faible et impressionnable à ce point. Elle décida de s'en remettre à ce qui avait toujours été pour elle un soutien indéfectible, la lecture, et se rendit à la bibliothèque.

L'endroit était désert en ce début d'après midi, ce qui n'était pas pour déplaire à Hermione, bien au contraire. Les cours avaient repris depuis peu, la laissant seule et paisible au milieu de ces rayonnages si familiers. Elle huma l'air, et une odeur de vieux parchemins lui emplit les narines.

- Par Merlin, ça m'avait manqué, murmura t'elle.

Elle se ballada à travers la bibliothèque déserte pendant un bon bout de temps, laissant ses mains flâner entre les étalages, effleurant tous les livres du bout des doigts. Elle se sentait libre, confiante, la première fois depuis de longues semaines. Elle ferma les yeux, appréciant ce petit moment d'évasion avant le sombre retour au quotidien.
A partir de ce jour, elle revint tous les jours à la bibliothèque au moment où elle pouvait être seule. Soit elle n'allait pas en cours pour profiter de ce moment, soit elle y allait la nuit. Quand elle utilisait cette dernière option, elle restait toujours sur ses gardes, une main cramponnée à sa baguette, prête à utiliser un panel de sortilèges de défenses.
C'est d'ailleurs ce qu'elle étudiait si studieusement à la bibliothèque, des tonnes de sortilèges de défense, qu'ils n'avaient pas encore appris en cours ou qu'ils n'apprendraient probablement jamais parce qu'un peu trop puissants et imprévisibles. Plusieurs fois, son regard avait dérivé vers la Réserve, l'endroit où les livres interdits, empreints de magie noire, étaient stockés. Mais elle se le refusait à chaque fois, secouant la tête et essayant de se concentrer sur sa lecture.
Ce soir la, la tentation avait été plus forte que d'habitude, l'idée ne lui était pas sortie de l'esprit pendant toute la soirée. Elle voulait juste jeter un coup d'œil..
Hermione s'approcha lentement de la Réserve, les yeux rivés sur le cordon qui séparait le permis de l'interdit. Elle n'avait jamais ressenti une telle excitation à l'idée d'enfreindre les règles de toute sa vie.

- Tiens tiens, qu'est ce que tu fous la Granger ?

Cette voix la tira de sa réflexion et la fit sursauter, envoyant des frissons de peur à travers tout son corps, en particulier le long de sa colonne vertébrale. Elle s'était retournée en moins d'une demi seconde vers l'intrus, sa main crispée sur sa baguette qui le menaçait avec détermination. Sa poigne se renforça lorsqu'elle reconnu l'intrus qui se trouvait devant elle.

- Malefoy ?, fit-elle d'une voix blanche.

L'intéressé s'adossa contre un rayonnage, guère impressionné par l'arme pointée sur lui. S'il avait su à quel point sa propriétaire était déterminée à s'en servir au moindre de ses gestes...
Hermione quant à elle, était dans tous ses états et son cerveau fonctionnait à plein régime, faisant écho à son cœur qui tambourinait si fort qu'on aurait dit qu'il allait se détacher de sa poitrine d'une minute à l'autre. Pourquoi ne l'avait elle pas entendu arriver ? Comment avait-elle réussi à se fourrer dans un pétrin pareil ? Non seulement elle évitait tout contact humain depuis bien longtemps, mais voilà qu'en plus elle se retrouvait de nuit, seule avec un homme, son ennemi juré qui plus est. La perspective de ce qui pouvait se passer dans cette bibliothèque, qu'elle pouvait à tout moment se faire détruire à nouveau, lui glaça le sang de terreur. Sa main se serra encore un peu plus sur sa baguette, menaçant de rompre le bois si délicat, alors qu'elle avançait d'un pas. Il était hors de question que ça se reproduise, elle allait se battre.
Drago dut voir les émotions qui défilaient sur le visage de la jeune femme puisqu'il abandonna son air décontracté et fit un pas en arrière, en signe d'apaisement. Il n'avait jamais vu Hermione sur la défensive de cette manière, même quand il lui balançait les pires insultes ou qu'elle avait eu affaire au mal en personne à cause de son idiot de copain à lunettes. Il affichait maintenant un air surpris, mais aussi légèrement effrayé.
Hermione ne manqua pas de remarquer ces changements, et elle se surprit à ressentir une sorte de satisfaction. Il avait peur d'elle. Elle s'imaginait à présent tout ce qu'elle pouvait lui faire avec cette baguette qu'elle tenait fermement dans sa main, avec la magie puissante qui bouillonait en elle, galvanisée par la peur et la colère. Elle l'imaginait rempant sur le sol, se tordant de douleur ; elle voulait qu'il souffre autant qu'elle. C'était un homme, et il devait payer pour ce que son pair lui avait fait..
Drago brisa le silence et la macabre rêverie de la jeune femme, qui s'epouvanta elle-même des pensées qu'elle venait d'avoir.

- Tu voulais entrer dans la Réserve ?

Hermione hocha la tête à la négative, décontenancée, mais Drago ne fut pas dupe.

- Ça ressemble à un simple cordon, mais il est en vérité protégé par un sort de défense en dehors des heures d'ouverture de la bibliothèque. Tu permets ?

La brune s'écarta machinalement, plus pour rester à bonne distance du jeune homme que pour le laisser accéder à la Réserve. Il agita sa propre baguette magique en prononçant un sort, probablement de la magie noire, qu'elle n'avait jamais entendu, et le cordon pourpre se détacha de son socle.

- Voilà, tu peux y accéder comme tu veux. Bonne nuit.

Hermione, encore victime de ses émotions, le regarda s'éloigner et ne put que rester debout, pantelante, bien après qu'il ait quitté la bibliothèque. Lorsqu'elle sortit enfin de sa torpeur, elle fixa son regard sur l'étalage d'ouvrages interdits.

La Chute (A Dramione Story) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant