Lettre 7

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Bonjour Maman,

J'ai oublié de te dire qu'à la base je n'ai pas le droit d'entretenir de contact avec toi. Enfin, ils peuvent l'accepter pour des cas exceptionnels, et encore... la conversation serait surveillée... Tant que tu ne me répondras pas, ça ira. Je sais que tu ne le feras pas, même si je te suppliais.

Comme on me l'a recommandé Maman, j'essaie de penser à toi le moins possible. J'essaie. Je n'y parviens que très peu et même, tu es toujours présente dans mes pensées. Apparemment, nous serions un danger l'une pour l'autre... Mais, Maman, je n'ose pas essayer de t'abandonner. J'ai vu comme la mort de Papa t'avais blessée, détruite complètement. Je n'ai pas envie que par ma faute, tu subisses un deuxième abandon. Oui, je suis peut-être un peu naïve. Cependant, je ne suis pas idiote. Le soir, avant, je t'entendais pleurer dans ton lit. Ça me faisait si mal au cœur que j'ai fini par creuser un trou dans le mur. Il était juste assez grand pour que mon œil puisse voir à travers. Au début, ce que je voyais me choquait. Mais ensuite, je m'y suis habituée. Je savais que tu ne le ferais pas. Si, Maman, tous les soirs tu ouvrais grand ta fenêtre puis tu t'installais sur son rebord. J'étais tétanisée à l'idée que tu sautes. Sauf que quelque chose t'en empêchait à chaque.

   Deux jours après avoir vu pour la première fois le garçon, nous étions un samedi. Tous les autres élèves, ou presque, sont rentrés chez eux pour le week-end. J'avais donc tout mon temps. Je suis alors retournée au lac dans l'espoir de le revoir. Or, il n'était pas là. J'étais déçue. Peut-être ne le reverrai-je jamais... Je suis allée m’asseoir sur un rocher, m'imprégner de l'air frais que dégageait la nature. Soudain, j'ai senti une main sur mon épaule qui m'a fait sursauter.

Ne me demande pas pourquoi, mais j'étais certains que tu viendrais ici.

J'ai laissé un petit sourire apparaître et le garçon a fait de même.

Je suis si prévisible que ça?

Faut croire.

Il est resté debout et a fixé l'horizon où l'on pouvait voir le soleil se lever. Les doux rayons de ce dernier commençaient à se refléter sur l'eau. De temps à autre nous avons échangé deux ou trois mots, sans s'adresser un regard.

Ce que je dessinais hier, ça te plaisait vraiment?

J'ai hoché la tête avec conviction. Bien sûre que je le trouvais magnifique. Le garçon m'a alors tendu sa main. Je n'ai pas compris tout de suite ce qu'il voulait. C'est quand il a ajouté "viens!" que j'ai posé ma main dans la sienne pour le laisser m’entraîner à travers les bois.

C'est la première fois, Maman, que quelqu'un me montre le chemin à suivre aussi calmement. Même avant tu n'étais pas ainsi, toi-même…

J'espère que là-bas, ils prennent soin de toi et ne te font aucun mal.

Bisous, Jules.

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